L’évènement fut tellement énorme qu’on se demande encore s’il a pu avoir lieu.
Un chef de gouvernement d’un pays démocratique, membre d’une union européenne qui se dit garante des valeurs démocratiques, brandit la menace d’un référendum pour régler des problèmes de basse tactique politicienne. S’ensuit une panique générale des milieux dirigeants. Au secours, le peuple revient ! Nous savions, depuis le mépris manifesté vis-à-vis des votes français, néerlandais, puis irlandais, contre le traité constitutionnel européen, que l’opinion des citoyens était au mieux un indice parmi d’autres ; nous savons aujourd’hui qu’elle est une gêne, une source d’angoisse.
Les commentaires étaient d’ailleurs souvent plus clairs qu’à l’ordinaire. Troublés peut-être par la personnalité à l’origine du projet référendaire, certains admettaient, du bout des lèvres, qu’on peut comprendre que les citoyens donnent leur opinion ; mais c’était pour ajouter immédiatement qu’on pouvait craindre qu’ils jugent les conséquences sociales de l’accord de « sauvetage » financier parrainé par Berlin et Paris et non la nécessité économique de celui-ci. Nécessité pour qui ? Accord géré par qui ?
D’étape en étape, la « gestion des crises » fait apparaître la vie politique pour la simple imposition d’une idéologie en faillite (voir article de Jean-Pierre Alliot).
Qu’on le veuille ou pas, la question du pouvoir est de plus en plus posée. On ne peut continuer à laisser décider par une classe dirigeante peu représentative de faire payer à la masse des citoyens les conséquences d’une politique sur laquelle ces derniers n’ont aucun contrôle réel. Une telle idée s’appelait autrefois option démocratique. De refus en refus d’entendre les citoyens, on se prépare à la montée de la violence………. tout en feignant de s’en inquiéter bien entendu.
Certes, la violence est à nos portes. L’attentat qui a touché Charlie Hebdo nous a rappelé que la brutalité n’était pas réservée aux libyens (voir article de Anne-Cécile Robert). Mais il serait faux de croire qu’elle se limite à quelques extrémistes alors que l’organisation même de la société est un creuset de violence.
Il n’y a pas de démocratie sans citoyens et sans respect de leur volonté. Or, d’Athènes à Paris, domine de plus en plus la peur des citoyens, la négation de leur existence, le dédain de leur présumée incompétence. Qui décide d’ailleurs de leur capacité ? Et qui fit tout pour les abaisser de nouveau au rang de sujet ? La crise de l’éducation, caractérisée par les nombreuses manifestations en Europe en faveur d’une école publique démantelée prouve à la fois l’état pitoyable de celle-ci et la volonté des citoyens de la faire revivre (voir article de Jérémy Mercier).
Les gouvernements ont de moins en moins de légitimité. Il est urgent de redéfinir, de façon démocratique, les voies de sortie d’une crise qui ne peut mener qu’à une nouvelle barbarie.
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