Le PQ est brûlé

Dorénavant, un nouvel ordre ne pourra naître que d'un certain désordre

Tribune libre

Le destin de cette fragile nation historique francophone d’Amérique du Nord reposera sur sa capacité à repenser le modèle de son combat. Le PQ est brûlé en tout ce qui a trait à l'indépendance. Même chose pour QS et ON.

Rhéal Mathieu vient de publier une analyse des scrutins des 20 dernières années qui devrait servir de wake-up call : «La démographie et les élections». Nous sommes rendus au terme de l'expérience du système politique et électoral actuel. L'heure est grave et le temps presse. Le français, les valeurs de laïcité, la justice sociale et l’environnement ne pourront être que défendus sur le terrain par des actions d’éclats et des initiatives symboliques. Et l’arme de la consommation, sous-estimée, devrait être davantage utilisée.

Comme l'a déclaré Stuart Hill depuis les Highlands, même un propriétaire de maison ou de terrain peut proclamer son indépendance et faire sécession de son pays si telle est sa volonté. Seul résident de son île, cet Écossais rebelle forme l'une des plus petites micronations au monde.
Il est possible d'imaginer qu'une fraternité d'indépendantistes québécois puisse former une micronation, puisque le territoire d'un pays n'est pas nécessairement homogène (c.-à-d. unifié en un bloc compact). Cela peut être le produit d'une somme de lots, de quartiers, de villages, de villes ou de régions disséminées adhérant à la constitution de la nouvelle république autoproclamée. La nouvelle République de Venise née le 22 mars dernier, avec son territoire couvrant l’ex-province de Vénétie, est un cas rêvé.
Des actions qui frappent...
La seule proclamation officielle d’une sécession, même si elle ne s’ensuit pas d’une réalisation 100% effective ou concrète, est un événement fort en soi. Une base pour établir les éléments fondateurs d’une nouvelle constitution. Dans un premier temps, les chèques d’impôt envoyés à Ottawa peuvent s’accompagner d’une notice du contribuable annonçant sa séparation d’avec le Canada et que ladite somme n’est qu’un don pas nécessairement renouvelable. Dissidence affirmée.
Les Vénitiens ont compris le côté irrésistible de l'archétype du rebelle. Le centre de Venise fut le théâtre d'une performance-événement qui a, semble-t-il, joué un rôle positif dans la victoire indépendantiste de mars dernier. Un VUS maquillé en véhicule militaire avait fait irruption sur la Place Saint-Marc et les quatre hommes déguisés en tenue de combat à bord allèrent se barricader au haut du Campanile! Ils y firent une déclaration de défi à Rome. Pour être ensuite arrêtés et condamnés à de légères peines de prison. Le message, lui, avait punché.

Adopter des voies et stratégies alternatives équivaut à couper le cordon ombilical avec la matrice sécurisante d'une structure de parti. Certes, un certain niveau de statisme est nécessaire pour assurer la stabilité et la permanence d'une société (pérennité des structures). Mais lorsque survient une impasse telle que la nôtre, seule une période transitoire de dynamisme, avec tout l'inconnu et l'incertitude inhérente au processus, peut provoquer l’espoir d’un changement et des correctifs nécessaires.
Le courage peut être contagieux. Surtout auprès des jeunes.

Rien ne pourra désormais se faire sans heurts. Reste à savoir s’il y aura une masse critique d’indépendantistes qui comprendront ce fait.
Voici les chiffres :
http://villemariefqs.blogspot.ca/2014/04/la-demographie-et-les-elections.html


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2014

    1) Vous posez la Laïcité comme valeur québécoise.
    Mon père vient de Sainte-Thècle qui est la même région qu'Hérouxville.
    Croyez-vous que les gens d'Hérouxville cherchaient à protéger la laïcité ?
    Le Saguenay a viré au rouge. Se pourrait-il que ce soit par appui au maire Tremblay pour le maintien de la tradition de prière au Conseil Municipal?
    La Laïcité est un dogme venu de France que le Parti Québécois a voulu imposer.
    Elle n'a jamais été plébiscitée. Il n'y a pas de tradition centenaire de laïcité au Québec. Si vous voulez réfuter, alors comment justifiez-vous l'abandon des régions traditionnellement nationalistes le 7 avril pour un régime dont on connaît la corruption dans ses gènes.
    Le Parti Québécois trahit le nationalisme en imposant une idéologie de France. Je blâme les idéologues qui ne savent pas faire la différence entre le prescriptif et le descriptif. Ou qui ont choisi de prescrire une idéologie sans égard à la réalité du terrain et aux volontés des habitants. Ne comptez pas sur la France socialiste ou UMP pour nous soutenir dans notre démarche. La République a déjà fait son lit avec le fédéralisme canadien. Le reste des discours de la République n'est que diversion et littérature. D'ailleurs, la trajectoire de la République est la dissolution de l'État Français pour bâtir la Fédération Européenne.
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    2) L'exemple italien. Cela ressemble trop aux Révolutions de Couleur, commandées de l'Étranger, mais devant présenter une nature locale.
    Sans savoir sur votre cas italien, je présume que cela vient de la Ligue du Nord, un mouvement séparatiste d'extrême-droite avec des racines fascistes. Et si Venise devenait indépendante, ce serait pour être plus mondialiste, plus cosmopolite.
    L'exemple me rappelle trop la Marche sur Rome qui a mis Mussolini au pouvoir en 1922. Mussolini venait d'une famille anarchiste et fut converti au socialisme. Il avait rejoint la franc-maçonnerie et par ce biais, fut soudoyé par les services secrets britanniques pour stimuler le patriotisme italien contre l'Autriche durant la Grande Guerre. Par la suite, pour éviter une évolution du Socialisme vers le Communisme, lui et sa maîtresse juive Sarfati ont fait convertir des loges maçonniques dans le mouvement des Chemises Noires en 1919 (la Chemise représentait une affiliation de loge).
    Une fois le Pouvoir obtenu, le Grand Orient d'Italie fut dissout en 1925 pour assurer au Fascisme son monopole sur les mouvements de fraternité italienne.
    Quelques recherches sur votre exemple et je tombe sur ceci:
    Liga Veneta was promoted in 1978 by Franco Rocchetta, a Venetian philologist who had been speaking of a "Venetian league" since 1968. The party constitution, modelled on those of the Valdotanian Union and the Radical Party, was officially signed by 14 founding members on 16 January 1980 in Padua.[2][3] Shortly after, some hardliners, led by Luigi Faccia and Flavio Contin, left the party. In 1987 they launched the Most Serene Venetian Government, that would organize the St Mark's Campanile's "assault" during the night between 8 and 9 May 1997 (see Venetian nationalism#Controversies).[4]
    Sur l'autre page :
    On 2 April 2014 a group of separatists, notably including Luigi Faccia and Flavio Contin of the Venetian Most Serene Government, LIFE's president Lucio Chiavegato and Franco Rocchetta, were arrested for suspected crimes including criminal association for terrorism and subversion of the democratic order. According to prosecutors, the group, which benefited from the collaboration by Venetists from the province of Brescia and separatists from other regions (including a group of Sardinians and Roberto Bernardelli, leader of Padanian Union), were preparing a remake of 1997's assault to St Mark's Campanile in Venice and a violent pro-independence demonstration in the run-up of the European Parliament election. A scraper turned tank, which was allegedly to be deployed in Piazza San Marco, was confiscated by Carabinieri.[170][171][172][173][174]
    ...

    ->http://en.wikipedia.org/wiki/Venetian_nationalism#Controversies
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    3)Comme l’a déclaré Stuart Hill depuis les Highlands, même un propriétaire de maison ou de terrain peut proclamer son indépendance et faire sécession de son pays si telle est sa volonté. Seul résident de son île, cet Écossais rebelle forme l’une des plus petites micronations au monde.
    ???
    En googlant, ce n'est pas dans les Alpes Écossaises, mais dans l'archipel des Shetland
    On June 21, 2008, Hill, occasional resident of a 2.5-acre (10,000 m2) island in Shetland called Forewick Holm (renamed Forvik Island) made a declaration of dependence which he says created the Crown Dependency of Forvik, his rights to the Island of Forewick are disputed. King, the islands owner stated in March 2009 Hill had not paid for the island as agreed.[20] . Hill claims the island is not part of the United Kingdom and therefore not part of the European Union.[21]
    http://en.wikipedia.org/wiki/Stuart_Hill_%28sailor%29
    http://en.wikipedia.org/wiki/Crown_Dependency_of_Forvik
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    4) Votre exemple de région autonome homogène, c'est un curieux hasard.
    Vous citiez Rhéal Mathieu à propos de « la démographie et les élections ».
    Rhéal Mahieu nous a conté récemment sa fierté d'une action contre l'Apartheid au Salon du Livre. J'ai eu un soupir devant son incompréhension. Les Afrikaners sont une nation de souche européenne (néerlandais, allemand et français) qui a subi comme nous l'Empire britannique. Mieux que nous, ils ont su résister et former leurs propres états lors du Grand Trek en s'établissant sur des territoires désertés à la suite des guerres zoulous. Ils ont pu survivre aux Zoulous.
    Cecil Rhodes a déclenché la guerre d'annexion à l'empire avec le Raid Jamieson. Par la suite, ce sont les territoires de la route vers le Caire que Rhodes a annexé (les Rhodésies). Cecil Rhodes avait proposé la main-d’œuvre nègre pour suppléer au prolétariat de l'Empire. Et c'est l'importation souvent forcée de cette main-d’œuvre qui a alimenté les mines de DeBeers. La mixité, c'est la menace de la désintégration d'une société blanche, ordonnée et chrétienne protestante. La ségrégation fut instituée comme solution naturelle parce qu'on ne peut pas transformer un Africain en Européen culturel avec des signatures ou des décrets. Les Afrikaners ont réussi à dominer l'Afrique du Sud en 1948. Nous n'avons pas réussi à dominer le Canada. Abolir la ségrégation était impensable parce que les Bantous retourneraient à leurs mœurs tribales en plus d'être libres de se déplacer parmi les Blancs. Les Afrikaners sont terrifiés par les Bantous, alors qu'ils ne craignent nullement, mais apprécient les Bochimen (San). Le système d'Apartheid leur apportait une fausse sécurité. Ce sont les racialistes Afrikaners eux-mêmes qui écrivent que le Système était immoral, les Noirs refusés dans les restaurants Blancs, pouvaient y travailler dans les cuisines. Les résidences blanches hébergeaient des bonnes noires ou autres domestiques. Les Afrikaners préféraient se faire assassiner dans leurs lits plutôt que de faire leurs lits eux-mêmes. Après l'Apartheid, c'est l'explosion de la criminalité en Afrique du Sud (meurtres, viols, rixes inter-tribales) qui touche d'abord la population noire. La population blanche tend à émigrer de ce pays en pleine régression. Pour les Afrikaners, il existe deux factions. Les fermiers-propriétaires ne veulent pas perdre leurs terres où le travail fait vivre de nombreuses familles noires. Les autres Afrikaners préfèrent se regrouper en communautés fermés pour éventuellement former des micro-états homogènes qui ressembleraient aux Bantoustans. Voyez ici l'analyse d'Arthur Kemp.
    http://www.histoireebook.com/index.php?post/Kemp-Arthur-Le-mensonge-de-l-apartheid
    C'est plutôt semblable à votre solution.
    Nous comparons souvent les Anglos du West Island à la Rhodésie. Ce pays est devenu le Zimbabwe. Il se rapproche plus de la Corée du Nord en termes de progrès. Pourtant les marxistes d'ici célèbrent Robert Mugabe comme un libérateur. Mandela l'a soutenu. Aussi, il a chanté l'hymne appelant au massacre des fermiers blancs.
    https://www.youtube.com/watch?v=fcOXqFQw2hc
    On peut comprendre la peur qui tenaille les Afrikaners et leur besoins de se regrouper dans des lieux qu'ils peuvent tenir. C'est le syndrome de Saint-Domingue devenu Haïti en 1804.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2014

    @ Suzanne Bousquet
    Votre texte me rejoint énormément. Vous avez parfaitement raison lorsque vous affirmez que le PQ est brûlé. À force de semer du vent et du doute, on finit par voir revenir vers soi le boomerang.
    Votre article m'incite à reprendre le combat que j'étais sur le bord d'abandonner suite à la défaite crève-coeur du 7 avril dernier. La démocratie au Québec, c'est un gros leurre; pas surprenant que les Québécois font des fuites par en avant paralysés par la peur d'affronter leur vérité collective, la prise en main de leur propre destin et non celui dicté par une nation étrangère.
    Et comme vous le dites si bien dans votre dernière phrase; RIEN NE POURRA SE FAIRE SANS HEURTS! Nous ne pouvons attendre 5 années et laisser aller les choses, ce serait néfaste. Je suis prêt à passer à l'action! Que les jeunes se réveillent et qu'ils en fassent autant! VIVE LE QUÉBEC LIBRE!
    André Gignac 30/4/14