Élections américaines - Pari risqué

M. McCain ne fait pas partie de la solution, il fait partie du problème.

Crise mondiale — crise financière

Une entente politique était apparemment à portée de main hier, à Washington, au sujet du plan d'urgence de 700 milliards de dollars, destiné à sauver des eaux le système financier américain. Pari risqué pour John McCain.
Pour avoir politisé très maladroitement la crise du crédit dans laquelle sont plongés les États-Unis, John McCain vit peut-être des moments électoraux dont on dira en novembre qu'ils ont coulé sa candidature à la présidence. Après avoir minimisé les dimensions de la catastrophe financière, il a ostensiblement «suspendu» sa campagne, comme il a repoussé le congrès républicain, début septembre, sous prétexte de l'ouragan Gustav, et s'est dépêché d'aller à Washington, en homme qui sait se tenir au-dessus de la mêlée, afin de participer à la négociation d'une solution bipartite. Le geste aurait été plus convaincant et moins inutile si les négociateurs des partis au Congrès n'étaient parvenus hier à conclure, sans lui, une entente de principe.
En réclamant, ensuite, le report du premier débat présidentiel, qui doit en principe toujours avoir lieu ce soir à Oxford, au Mississippi, il donne surtout l'impression de fuir l'affrontement avec son rival démocrate et de paniquer devant les sondages qui, à la faveur de la crise financière et immobilière, voient tout à coup Barack Obama le distancer considérablement.
M. McCain ne fait pas partie de la solution, il fait partie du problème. En déclarant mercredi soir à la nation, en appui au plan de sauvetage, que «notre économie tout entière est en danger», le canard très, très boiteux qu'est George W. Bush a éloquemment omis de reconnaître que l'idéologie républicaine anti-réglementaire était en grande partie responsable des dégâts. Or, M. McCain n'est pas moins discret et louvoyant à ce sujet.
Favorable à ce que l'État fédéral serre la vis aux marchés financiers, M. Obama est plus clair quant au diagnostic, à défaut de proposer des remèdes spécifiques. Ce qui n'exclut pas que les démocrates marchent, eux aussi, sur des oeufs avec ce plan de sauvetage dont tout le monde s'entend pour dire qu'il est aussi impopulaire que nécessaire. Obama élu, c'est son administration qui aurait à recoller les morceaux. Autant d'argent qu'il ne pourra pas, par exemple, investir en santé. Le Congrès à majorité démocrate, et qui devrait le rester à l'issue de l'élection du 4 novembre, a fait inclure dans le plan de sauvetage des mesures destinées à «protéger» l'argent des contribuables et à plafonner les indemnités et les salaires des dirigeants qui voudront se prévaloir de la bouée des pouvoirs publics.
«Main Street» va-t-il décolérer pour autant? Le commun des Américains a raison d'être furieux contre un gouvernement qui, jouant l'argent des contribuables pour relancer Wall Street, ne lève pas le petit doigt pour ceux, de plus en plus nombreux, qui n'ont plus les moyens de rembourser leur hypothèque. Ainsi va le «capitalisme démocratique» qu'encensait mercredi soir
M. Bush. Il reste que cette double crise financière et immobilière est aussi une crise de surendettement et de surconsommation. La cupidité dont on accuse les bonzes de Wall Street est un phénomène de société occidental... N'arrêtez surtout pas de consommer, s'était empressé de dire M. Bush à ses concitoyens dans l'immédiate foulée du 11-Septembre. Ils ne se sont pas fait prier pour se joindre à la grande bouffe.


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