Élections: un bon moment

Cela étant, pourquoi M. Charest se priverait-il de profiter d'un momentum qui lui paraît favorable?

Apologie du cynisme ambiant!

Les rumeurs d'élections ont pris une ampleur nouvelle, hier, avec l'annonce que le premier ministre Jean Charest ne se rendra pas en Chine, la semaine prochaine, tel que prévu. Les propos tenus en conférence de presse par M. Charest ont rendu plus crédible encore le scénario évoqué partout d'un déclenchement le 5 novembre pour un scrutin le 8 décembre.
En fin de semaine, Pauline Marois et Mario Dumont ont tous deux soutenu qu'il serait «irresponsable» de la part de M. Charest de déclencher des élections en pleine crise financière mondiale. Dans les deux cas, le jupon partisan dépasse de 10 centimètres! M. Charest sait que la situation économique risque de se détériorer au cours des prochains mois. La popularité de son gouvernement en souffrira forcément. Qui croit que s'ils remontent dans les sondages, le PQ et l'ADQ hésiteront une seconde à forcer la tenue d'élections? Ce qui est aujourd'hui irresponsable à leurs yeux deviendrait tout à coup nécessaire.
S'ils étaient sérieux lorsqu'ils prétendent qu'il ne doit pas y avoir de scrutin en temps de crise, Mme Marois et M. Dumont s'engageraient formellement à ne pas défaire le gouvernement à l'Assemblée nationale tant que la crise ne sera pas passée. Ils n'en feront évidemment rien. Cela étant, pourquoi M. Charest se priverait-il de profiter d'un momentum qui lui paraît favorable?
La campagne fédérale étant à peine terminée, on comprend que les Québécois soient las de la politique. Toutefois, la tenue de scrutins fréquents résulte d'un choix qu'ils ont eux-mêmes fait, soit l'élection d'un gouvernement minoritaire. Si les électeurs tiennent à ce point à des gouvernements plus stables, il n'en tient qu'à eux de faire le nécessaire.
Des élections à ce moment-ci seraient-elles inutiles? Au contraire. Alors qu'un grave ralentissement économique pointe à l'horizon, les Québécois auraient l'occasion de choisir l'équipe et le plan qui leur semblent les meilleurs pour faire face à la crise. Les libéraux sont convaincus que ce terrain les avantage; Stephen Harper avait la même conviction tranquille... et cela a failli le mener à l'échec.
La mise à jour économique et financière que présentera au cours des prochains jours la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, permettra de voir si le gouvernement est aussi bien préparé qu'il le dit pour faire face au ralentissement économique ou s'il espère plutôt que les Québécois lui feront confiance les yeux fermés.
Péquistes et adéquistes soutiennent qu'ils seraient mieux à même que le gouvernement actuel de nous protéger des contrecoups de la crise financière mondiale. S'ils en sont vraiment certains, pourquoi s'offusquent-ils qu'on leur donne l'occasion d'en convaincre les Québécois?
M. Charest n'a pas pris de décision finale, dit-on. Si les sondages montrent dans les prochains jours que les chances de victoire sont moins grandes qu'espéré - ce qui est le cas du CROP que La Presse publie ce matin - le premier ministre y pensera à deux fois. Chez lui comme chez ses adversaires, les considérations partisanes priment.
Cela dit, si les libéraux décident d'aller de l'avant, souhaitons que la campagne électorale donne lieu à un débat de fond sur la situation économique plutôt que de dévier sur des questions accessoires, comme cela arrive malheureusement trop souvent.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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