Jacques Cossette-Trudel - Ex-felquiste... et scénariste - Tout ce verbiage médiatique sur Octobre 70, 40 ans après, me consterne. Et je ne suis pas seul à le penser! Rien de neuf, nulle part, si ce n'est quelques témoignages, parfois poignants, des victimes directes et indirectes, pour qui j'éprouve des regrets.
Les sempiternelles justifications d'après-coup, cyniques et revanchardes dans le cas d'ex-policiers et politiciens, mièvres ou fallacieuses dans le cas d'ex-felquistes, ne passeront sûrement pas à l'Histoire. Elles auront bourré un certain auditoire et rempli la grille-horaire des médias de masse, prêts à tous les sensationnalismes pour obtenir une bonne cote d'écoute.
L'essentiel reste à être dit sur cette Crise à laquelle j'ai participé activement au sein de la cellule Libération, responsable de la séquestration du diplomate britannique.
Le travail bâclé de certains journalistes et recherchistes et la complaisance irresponsable de la plupart des animateurs radio-télé nous ont donné un survol biaisé, parfois complaisant, sur ce qui s'est vraiment passé dans ces années-là. «Le ministre est mort puisqu'on venait d'un quartier pauvre»... Au montage, petite musique langoureuse! «Dans le panier à salade, j'suis tombé dans les bras de Paul Rose.» Fol amour! On se croit au théâtre!
Dans cet univers de mensonges mielleux et de demi-vérités, seule la belle fiction de Louis Hamelin fait preuve de lucidité en remettant en question sans compromis l'histoire officielle qu'on nous concocte à chaque anniversaire d'Octobre 70... Je devine ce qu'on nous servira au 41e, au 42e... Pourtant, avec un peu de rigueur, de persévérance, d'imagination et d'audace, la vérité sur Octobre 70 pourrait émerger tout doucement.
Comme moi, bien des acteurs — de tous bords — d'Octobre 70 choisissent de rester en retrait en attendant la véritable recherche... On ne libère pas un peuple avec des demi-vérités. Les années passent, les mémoires faiblissent, le temps presse... Mais comme disait M. Parizeau le soir du référendum volé, on n'a qu'à «se retrousser les manches et continuer». Historiens, journalistes, à vos plumes! En attendant, je regarde passer les oies sauvages qui, elles, courageusement, majestueusement, accomplissent leur vérité...
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Jacques Cossette-Trudel - Ex-felquiste... et scénariste, Lacolle, le 7 octobre 2010