Où en serions-nous ? Où en seraient-ils?

Et si les Anglais n'étaient pas partis?

Ils ont eu peur d’avoir peur

Tribune libre

C’est en lisant l’article As Quebec decays, Toronto seizes greatness (Alors que le Québec se détériore, Toronto s’imprègne de grandeur) de lord Black dans le National Post que le sujet de ce billet m’est venu.
Conrad Black est né au Québec. Diplômé, dans les années ’70, en droit à l’Université Laval de Québec et en histoire à McGill, il achète le journal Sherbrooke Record qui dessert la minorité anglophone des Cantons-de-l’est. Ce sera le début d’une épopée extraordinaire durant laquelle il deviendra propriétaire d’innombrables et importants journaux canadiens, américains et britanniques, un baron de la presse. Il quitte le Québec pour Toronto et plus tard renonce à sa citoyenneté canadienne pour devenir citoyen du Royaume-Uni où il devient membre de la chambre des lords britanniques. Mais certaines de ses transactions d’affaires attirent l’attention de la SEC, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers. En 2007, il se retrouve au milieu d’un scandale financier en rapport avec les entreprises de son holding et est traduit en cour pour fraude. En 2007, il écope de six ans et six mois de prison. On le libère sous caution en juillet 2010 et il attend le résultat de son appel à la condamnation, puisqu’il se considère innocent des charges portées contre lui. Black est aussi biographe et a écrit l’histoire de Maurice Duplessis, premier ministre du Québec et des présidents américains F. D. Roosevelt et Richard Nixon.
En tôle, Black écrit sur l’actualité politique et le National Post, qu’il a créé, reproduit ses textes. Depuis sa libération, il continue. Son plus récent, mentionné précédemment, a choqué un grand nombre de Québécois. Blogueurs et chroniqueurs francophones l’ont décrié. Black y explique les raisons de l’exode hors-Québec de 500 000 Québécois anglophones durant les années ’60 à ’90. Il blâme les pressions nationalistes, les hauts taux de taxes non-compétitives, la redéfinition sans fin de l’utilisation de la langue anglaise comme si c’était un privilège et que l’on peut amender sans cesse par des lois comme la loi 101, etc.
Plus de cent sièges sociaux de compagnies importantes et un grand nombre de leurs sous-traitants ont quitté le Québec. Le « brain drain » a coûté plus de 100 000 diplômés de nos universités qui nous ont quittés pour s’installer hors-Québec. Des hommes et des femmes d’affaires d’envergure, des professionnels expérimentés, des créateurs reconnus et autres de bon calibre nous ont laissé pour aller travailler ailleurs. Et je pourrais continuer… Mais mon propos n’est pas de ressasser tout ça, mais de poser la question : Et si les Anglais n’étaient pas partis?
Mais avant d’attaquer directement cette question, on peut se demander si nos concitoyens anglais ont eu raison de nous quitter. Selon eux, leurs droits étaient bafoués, leur identité sociale diminuée, leur langue et leurs traditions attaquées malicieusement. À tort ou à raison, ils ne sentaient plus bien dans leur peau. Ils ont cru que l’air frais d’ailleurs leur permettrait de reprendre goût à la vie. Pour eux, le bonheur s’y trouvait, là était la liberté de faire ce qu’ils voulaient dans leur langue, là ils seraient respectés. Ils quittèrent la terre de leurs ancêtres pour mieux vivre sans contrainte. Pour aller vers ce rêve, ils ont laissé leurs parents, leurs amis, leur maison, leur milieu, leurs habitudes… Ce fut pour chacun une décision difficile à prendre. Je le sais car plusieurs étaient mes amis. Je m’imagine me retrouver dans une telle situation et comment ce serait douloureux de tout quitter. Il faut être vraiment découragé par ce qui se passe autour de soi pour en arriver à ce point. Ils l’ont fait.
Par contre, les a-t-on vraiment brimés dans leurs droits? L’avocat québécois Christian Néron nous éclaire sur cette question. Diplômé en histoire et en psychopédagogie, il a réagit à l’article de Lord Black sur l’Aut’journal (http://lautjournal.info/) dans un article intitulé « Lord Black is wrong ».
Me Néron souligne qu’il n’y a pas de droit sans loi. Sa « genèse des droits linguistiques au Canada » nous ramène à la case de départ et à Louis XIV qui en 1663 fait adopter un « Édit de création » pour objet de mettre en vigueur dans la colonie, l’universalité des lois et coutumes qui ont cours dans le parlement de Paris. En matière de langue, le français devient la langue officielle de l’État et le roi l’impose comme langue des relations internationales, aux dépens du latin ».
En 1763, le Canada change de roi pour celui de l’Angleterre et de régime. Le statut de la langue française changera-t-il? Non, car le gouvernement anglais applique une règle à l’effet que toute colonie acquise par conquête se doit de maintenir en place ses propres lois et coutumes à l’exception de celles contraires à la religion. Ils sont brillants, ces Anglais!
En 1774, le parlement de Westminster adopte l’Acte de Québec. Le français demeure la seule langue officielle du pays. La langue anglaise fait sa place dans les « usages », mais ce ne sont ni des lois ni des droits. Le français… était même favorisé par la « common law » applicable aux colonies de peuplement. Par contre, sur le plan judiciaire, l’Acte garanti pour la première fois des droits linguistiques aux anglophones de la province de Québec… et leur reconnaît le droit de conserver et de diriger leurs écoles sur une base confessionnelle.
En 1986, la loi sur la santé et les services sociaux permet aux anglophones de réclamer des services et des soins de santé dans leur langue
.
Je crois que l’on peut conclure, comme Me Néron que les « humiliations » ressenties par les anglophones suite à certaines politiques linguistiques du gouvernement du Québec découlent d’une méconnaissance du droit et d’attentes irréalistes fondées uniquement sur des droits supposés ou imaginés. La loi 101 est légale et a été reconnue comme telle par la cour Suprême du Canada. Les anglophones n’ont pas perdu de droits et la langue anglaise a conservé tous ses attributs.
Lord Black ne tient pas compte de l’histoire des lois linguistiques au Canada et semble croire que les « usages » de la période coloniale anglaise tiennent lieu de lois et de droits.
Quant aux centaines de milliers d’anglophones qui sont restés au Québec, ils se sont adaptés et ont bien gagné leur vie. Ils ont vécu les changements linguistiques. Ils ont envoyé leurs enfants dans les écoles élémentaires et secondaires de langue française. Ils les ont vus plus tard fréquenter et marier un ou une francophone (50 % d’entre eux l’ont fait)). Ils ont constaté que leur communauté devenue à 70 % bilingue. Ils ont respecté le français comme langue d’affichage, le travail en français et les autres conditions de la loi 101. Certes, ce ne fut pas facile et plusieurs ont regimbé, mais généralement tout est tombé en place. Aujourd’hui, ils sont généralement heureux. Cependant, ils s’inquiètent des ondes négatives qu’émet le nouveau gouvernement Marois. Ils sont surpris qu’il ne reconnaisse pas tout le trajet qu’ils ont parcouru en rapport avec leur adaptation à la langue française.
Et si les exilés n’étaient pas partis, où en seraient-ils? Où en serions-nous?

• Ceux qui sont restés nous démontrent qu’ils auraient eu les mêmes opportunités qu’ailleurs.
• La loi 101 serait toujours en vigueur et leurs enfants seraient bilingues et non unilingues comme ils le sont aujourd’hui.
• Leur vie familiale et d’affaires auraient été normales puisque les contraintes d’opportunités qu’ils appréhendaient ne se sont jamais réalisées.
• Montréal serait toujours la métropole canadienne et au lieu d’être au 17e rang mondial comme centre de services financiers, elle occuperait probablement une des premières places (Toronto est 3ième).
• L’importance et l’influence de Montréal au pays et dans le monde seraient demeurées intactes puisqu’elle serait la ville où les deux nations fondatrices du pays vivent ensemble.
• Avec les études, mieux préparés et plus expérimentés, les francophones feraient partie de la direction et du management des compagnies, quelles qu’elles soient. Ils participeraient activement et contribueraient également aux succès des entreprises canadiennes.
• La population de Montréal compterait un million de plus de résidents et la très grande majorité serait bilingue.
• Montréal à cause de ses facettes bilingues et la compétence de ses citoyens et citoyennes serait devenue un aimant capable d’attirer les compagnies étrangères voulant un pied à terre en Amérique.
• Les sièges sociaux des grandes compagnies se seraient multipliés, tout comme ceux des compagnies de sous-traitance qui leur fournissent services et produits.
• es carnets de commandes des fournisseurs et des sous-traitants installés à Montréal augmenteraient considérablement puisqu’ils seraient situés à proximité des départements d’achats des sièges sociaux des compagnies.
• On n’entendrait plus, lorsqu’on veut placer une commande pour un objet particulier « c’est back-order Toronto ».
• L’offre d’emploi serait supérieure dans tous les domaines.
• Le nombre de payeurs de taxes seraient fortement augmenté, particulièrement dans la catégorie des plus hauts salariés.
• Avec plus de citoyens, le Québec aurait beaucoup plus de députés au parlement canadien et son poids y serait proportionnellement plus influent.

Et je pourrais continuer cette liste… Mais pour terminer, j’en ajoute un, qui me touche personnellement : l’architecture.
Avant la crise linguistique, Montréal a connu un boom architectural remarquable grâce à la collaboration des plus grands architectes du monde. Parmi ceux-ci, il y a eu la Place Ville Marie de l’architecte Ieoh Ming Pei, la ville souterraine de l’urbaniste américain devenu montréalais Vincent Ponte, l’édifice de la Banque Canadienne Impériale de Commerce de l’architecte britannique Peter Dickinson, la place Westmount de l’architecte américain Mies Van der Rohe, la tour de la Bourse des architectes italiens Luigi Moretti et Pier Luigi Nervi, la biosphère de l’architecte-futuriste américain Buckminster Fuller, le stade olympique du français Roger Tailibert, Habitat 67 de Moshe Safdie, le Château Château Champlain de l’architecte québécois Roger Dastous qui réalisa plus tard les village Olympique et plusieurs autres qui ont changé le visage de Montréal.
Depuis, Toronto donne le pas avec des projets des plus grands architectes du monde. On nous dit qu’à Montréal on ne pourrait se payer un bâtiment comme le musée de Bilbao, construit dans la ville industrielle espagnole et dont l’architecture attire des centaines de milliers de visiteurs. Ce musée est l’œuvre d’un canadien, le célère architecte canadien Frank Gehry. Pourtant à Toronto, il vient d’être engagé à nouveau pour un projet important, qui s’annonce extraordinaire, de trois tours de 80 étages dans le district des théâtres.
À considérer les faits mentionnés précédemment, on peut conclure que le départ des Anglais de Montréal fut injustifié. Les malheurs qu’entrevoyaient leurs craintes ne se sont pas matérialisées. Montréal, eux et nous serions aujourd’hui en meilleure position s’ils étaient restés au Québec. Plusieurs justifient leur décision d’alors par la peur. Je crois que malheureusement, ils ont eu peur d’avoir peur.
Claude Dupras


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13 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 octobre 2012

    Publié le 23 octobre 2012 à 15h39 | Mis à jour à 21h16
    Conrad Black traite un journaliste d'«Anglais idiot et crédule»
    Tant qu'as moi c'est un plaisir de savoir qu'il^soit parti mais même les anglais d'Angleterre se demandent s'il veulle encore de lui.
    http://www.lapresse.ca/international/europe/201210/23/01-4586264-conrad-black-traite-un-journaliste-danglais-idiot-et-credule.php
    Avec de si on vas as Paris.
    Avec des ça on y vas pas.
    Vous semblez être un nostalgique de l'époque Duplessiste monsieur Dupras ..tout comme le baron déchu.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 octobre 2012

    Et si c'était le contraire : que c'était les Franco-québécois qui étaient restés.
    Ce n'est pas d'hier que les Anglo-québécois quittent le Québec pour aller chercher et probablement trouver fortune ailleurs. La ville de Québec a déjà été à moitié anglophone. Aujourd'hui les Anglo-québécois n'y représentent pas plus de 5% de la population. En même temps que la proportion d'anglophones diminue la proportion de bilingues augmente.
    L'exode des Anglo-québécois au cours des années 70 est seulement un épisode dans ce mouvement migratoire.
    Imaginez ce que ce serait si le million d'Irlandais qui est débarqué à Québec y était resté. J'écrirais peut-être en gaélique.
    Avec des si ...

  • Archives de Vigile Répondre

    23 octobre 2012

    A Cristal de P.
    Les biographies écrites par Conrad Black sont des documents sérieux et importants et reconnus comme tels. D’ailleurs celle de Maurice Duplessis est devenue la bible de la période de ce premier ministre important qui marqua profondément la vie contemporaine du Québec.
    Je ne sais pas où vous avez pêché votre affirmation « vous ajoutez que les Américains se priveraient de faire affaire avec un Québec unilingue français ». Je n’ai jamais dit cela et je ne le pense pas. Les Américains comme tous les pays du monde feront toujours affaire avec le Québec quelque soit son statut. Les affaires sont les affaires.
    Le parc olympique est un chef-d’œuvre architectural et un des plus magnifiques et imposants du monde. Les Montréalais ont raison d’en être fiers. Roger Tailibert est un grand architecte français et sa frustration vient du fait que le projet n’a pas été terminé à temps pour l’ouverture des JO de Montréal en 1976. La complexité de la structure du stade et celle du mat était hors de la normale pour Montréal et la difficulté de réalisation de ce projet exigeait une étroite collaboration entre toutes les parties. Malheureusement, cette coopération n’est pas venue des syndicats ouvriers.
    Claude Dupras

  • Chrystian Lauzon Répondre

    22 octobre 2012

    Monsieur Dupras,
    Vous répliquez à mon commentaire tout en évitant de répondre à ma question et d’élaborer sur votre position à vous; ainsi vous dites: « Mon texte était une réponse à lord Black qui blâme les québécois d’avoir chassé par leurs lois les anglophones de Montréal. Au contraire, ils sont partis d’eux-mêmes alors que leurs droits n’étaient pas diminués. »
    Le détournement ou la transgression de droits n’est-il pas une spécialité de Conrad Black? En ce sens il peut s’avérer un piètre historien propagandiste comme son ami fédéralo-britanico-monarchiste Harper, qui a détourné dans une pub la guerre de 1812 à titre de preuve révélatrice et promotionnelle d’unité pancanadienne; alors que la réalité fut pratiquement le contraire, un rassemblement forcé par la baïonnette au fusil, le mépris des Premières Nations et le massacre intimidant des canadiens-français, de ces ethnies (étrangères) locales résistant à participer au combat!
    Au sujet de Black, comment se fait-il qu’un reconnu criminel et emprisonné chez vos amis anglo-américains passe au Canada subito-presto d’un statut « persona non grata » officiel, à un blanchiment progressif, au préalable permuté d’un démon à un ange au purgatoire « en sursis » depuis bientôt 1 an?

    Étant donné le pouvoir de l’argent sur le gouvernement fédéral et le contrôle de la mémoire exercé sur le peuple canadien, particulièrement québécois, ainsi que sur l’opinion publique via les médias, d’ici peu, ce bandit de la finance* de L’Or Black sera totalement ressuscité en douce et canonisé Grand Canadien Anglais de l’Ordre du citoyen fédéraliste exemplaire pour ce qui est de contourner les lois… très « laxistes » canadiennes (y’a qu’à voir aux frontières de Stanstead où le robinet migratoire fuit depuis un bout, à sens unique vers le Québec sans doute, pas vers les États-Unis! Elle s’affirme partout dans l’Ouest sauf au Québec l’indépendance canadienne et douanière eu égard les Américains, pourquoi?). Et monsieur L’Or black retrouvera, au panthéon du Zoo néolibéral sa médaille-pitou et sa place dans le clan du privilégisme britanico-monarchique.
    Monsieur Dupras, votre sens critique ne fonctionne que d’un côté, arbitrairement… fédéralisant. Lorsque vous ajoutez que les Américains se priveraient de faire affaire avec un Québec unilingue français, c’est un peu mépriser la France même… et l’intelligence (du moins la mercantile) des américains, qui ne se privent pas, ni du vin et du fromage français, ni du sirop d’érable du Québec. Guy Laliberté n’a pas séduit les américains par son « bon » perlé anglais : il parle d’abord cirque (dans une version imaginative, originale ) et $$$$$ et tout le monde le comprend, pas que les américains d’ailleurs, mais les chinois itou!
    Concernant l’architecture, vous me répliquez « Quant à l’architecture, ce n’est pas une question de langue. » C’est bien là que s’exprime la suprématie de l’international globalisant sur la promotion des État-nations : c’est aussi une langue politico-économique qui l’emporte sur la langue architecturale comme telle. Car beaucoup de paramètres priment sur le choix artistico-esthétique dans la réalisation des projets, spécialement en architecture (faire en sorte que les immeubles ne nous tombent pas sur la tête, entre autres critères !).
    Le Stade olympique ne vous semble pas une réussite artistique digne de mention, pourtant il y a beaucoup à dire sur le lien Drapeau-Taillibert, plus déterminant pour le projet retenu que la pertinence de cet éléphant blanc à dette mammouth exponentielle. Roger Taillibert lui-même disait récemment (publiant le premier tome de ses mémoires en 2011), qu’il fut dissocié des ingénieurs et gestionnaires responsables de la réalisation du projet. Il ajoute que la gestion du Stade, confiée à des politiciens et à SNC-Lavalin constitue une erreur. Ces facteurs, contrôlables, démontrent que la grandeur architecturale du projet ou de l’architecte, au-delà de l’imagination, ne constituent pas nécessairement les seuls motifs et les meilleurs dans le choix du projet et celui retenu. L’imagination et l’excellence d’un projet architectural devraient inclure la solidité, la fonctionnalité des mécanismes et la rentabilité du produit, et non devenir une dette infiniment grandissante.
    Ce n’est pas Roger Taillibert qui fut le meilleur choix ou pas, c’est plutôt Jean Drapeau et plusieurs ingénieurs qui furent de très mauvais décideurs et gestionnaires de projet. Non?! Son second tome sur le Parc olympique sera-t-il plus convaincant ? À en juger par l’effondrement, en mars dernier, de la dalle structurale sur le stationnement sous-terrain adjacent au stade olympique, le projet du Parc olympique lui-même ou/et les ingénieurs gestionnaires sont encore fautifs. Mauvais choix de concepteur, de projet ou de relations sélectives ? Si tout part d’en haut, la facture, elle, se retrouve toujours en bas !
    Je pense que votre "nationalisme" propre, qui se rapproche de celui de la CAQ me semble-t-il, associé à votre expérience professionnelle inestimable, pourrait servir l’État-nation à « décorrompre » le milieu par le Haut et privilégier des solutions à cette carence créatrice, typiquement québécoise selon vous, et enfin baliser le concept de « grand architecte » dans des mesures concrètes stimulant l’imagination plutôt que la dissuasion. Montrer la défaite du Québec/Montréal est une critique plus appréciable lorsque des solutions aboutissent à construire plutôt qu’au néant, ne trouvez-vous pas ?

    *Black est, comme le 1% d’en Haut, séduit par le contournement des lois plus que pour défendre l’équité sociale et la répartition des richesses. La dette économique, c’est une création paralégale de ce 1% essentiellement!
    Il a aussi trahi son milieu pour ses propres intérêts financiers : « Conrad Black a bel et bien fraudé sa compagnie et ses actionnaires, il s’est cru autorisé à prendre les fonds de la société, a détruit des documents et selon les ‘‘normes américaines’’ (c’est moi qui souligne), il s’en est relativement bien tiré avec quelques années de prison. » (cf. l’article Conrad Black résident temporaire…, de Yves Boisvert, 2 mai 2012, La Presse.ca)
    Il veut ravoir, et médaille et nationalité canadiennes, mais lorsque « Jean Chrétien avait ressorti une vieille loi pour l’empêcher de devenir “Lord” en tant que citoyen canadien ; Black a renoncé à son statut de citoyen pour assouvir sa vanité et devenir baron de Crossharbour… Le voici donc Anglais. » (cf. idem)
    Que cet individu face de l’histoire sur le dos du DROIT des anglais tient du cynisme pur, de la plus basse que petite Histoire, aucunement de la grande : je l’imagine faire la leçon dans les chaires de droit universitaires, pour défendre, de toge vêtu et médaille garni, à qui veut l’entendre, la valeur plus grande qu’on trouve à contourner qu’à respecter les lois ! Selon quelle « valeurs » sociales, outre que monétaires, vivrions-nous ?!! Qu’en pensez-vous monsieur Dupras ?
    Salutations!

  • Archives de Vigile Répondre

    20 octobre 2012

    À Jean
    Il ne s’agit pas d’être bilingue pour accompagner une poignée d’anglais, mais plutôt pour pouvoir prendre le plus de place possible en Amérique du nord qui est en très grande majorité anglophone. De plus, l’anglais est devenu la langue universelle. Je ne peux croire que vous ne voulez pas l’apprendre pour des raisons politiques et vous limiter à langue française. Je suis bilingue depuis ma tendre jeunesse et Dieu sait combien cela m’a aidé dans la vie. Cela ne m’empêche pas d’être un québécois pure laine, même si je ne partage pas votre opinion. Votre argument me rend triste.
    À Dominique
    Vous utilisez le même argument que lord Black, mais dans l’autre sens.
    À Francis Déry.
    Vous dîtes : « Si les Anglais n’étaient pas partis nous serions devenus une classe locale de prolétaires ». Nous n’étions pas très fort économiquement dans les années ’50. Notre élite se résumait à quelques hommes d’affaires et à des professionnels de haute compétence. Les grands entrepreneurs et les grandes firmes professionnelles étaient rares. Les propriétaires de grandes usines aussi. La faute des Anglais… facile à dire. Nous n’avions pas suffisamment de diplômés en sciences et en affaires. En 1955, 105 diplômés sortaient de l’École Polytechnique. Aujourd’hui, ils sont plus de 3 000 dans toutes les sphères de l’engineering et l’École Polytechnique est devenue une des meilleures au monde. Pour les HEC, c’est la même histoire, etc… Duplessis a été premier ministre du Québec durant 17 ans. Saviez-vous qu’il s’est construit en moyenne une école par jour durant son règne ? Qu’y avait-il donc avant ? Il a crée la faculté de sciences à Laval, crée l’université de Sherbrooke, engagé la construction du nouveau Polytechnique sur la montagne, etc… Qu’y avait-il donc avant ? Daniel Johnson a crée le réseau des CEGEPS. Avant c’étaient des collèges comme le Mont Saint Louis, le Ste-Marie, l’école le Plateau, etc… très peu en fait pour la population que nous étions. Nous sommes partis de loin, il n’y a pas très longtemps. Nous avons fait des pas de géants et nous continuons à le faire. Le Québec de demain est prometteur. J’ai aucun doute qu'il sera fort.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 octobre 2012

    À Cristal de Paix
    Mon texte était une réponse à lord Black qui blâme les québécois d’avoir chassé par leurs lois les anglophones de Montréal. Au contraire, ils sont partis d’eux-mêmes alors que leurs droits n’étaient pas diminués.

    Quant à l’architecture, ce n’est pas une question de langue. C’est de l’art et ce sont les projets des meilleurs architectes qui l’expriment le mieux. J’ai toujours pensé et dit que l’École des Beaux Arts de Montréal n’a pas produit de grands architectes reconnus à l’extérieur du Québec. Certes les cours sont bons pour faire de bons bâtiments mais des projets hors de l’ordinaire, je ne le crois pas. Je l’ai observé durant de longues années étant ingénieur-conseil et ayant travaillé avec un très grand nombre d’architectes du Québec à un moment ou l’autre. Roger Dastous, un des grands architectes québécois, est allé étudier avec le fameux Frank Lloyd Wright aux USA avant de rentrer au Québec. Il a fait des églises remarquables et quelques autres grands projets. Malheureusement il n’a pas eu les mandats à la hauteur de son grand talent. Depuis son décès, il y a quelques années, ses plans sont au musée d’architecture de Montréal. A Paris, il y a plein de projets d’architectes étrangers reconnus pour leurs talents et retenus après concours, dont l’opéra de la Bastille, inauguré en 1989, de l’architecte canadien Carlos Ott. Il y a aussi en province, le sensationnel viaduc de Millau de l’architecte anglais Norman Foster dont on retrouve des œuvres dans le monde entier. Pourtant il y a des grands architectes en France comme Jean Nouvelle qui eux aussi travaillent au niveau mondial. Il n’y a pas de frontières pour la bonne architecture. Montréal en souffre, à mon avis.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 octobre 2012

    Mais "la peur d'avoir peur", c'est également le lot des fédéralistes québécois.
    Écoutez! D'une CONfédération entre 2 peuples, le Québec en est réduit à être un membre d'une fédération où il est l'égal des TNO pis de IPE.TOUTES les tentatives de réformes du fédéralisme ont échoué. TOUTES! Depuis Fulton Favreau ,en passant par Victoria, 1982, Meech no 1, Meech no 2 pis Charlottetown.
    La seule solution à l'impasse constitutionnelle, c'est l'indépendance pcq la constitution de 1982 est IRRÉFORMABLE, BÉTONNÉE!
    Le Canada anglais nous a eus, ces dernières années, en 3 occasions.
    1-Quand, avec Trudeau, il a renié le BICULTURALISME (Laurendeau Dunton) pour le remplacer par le multiculturalisme et le bilinguisme. VOus pensez quoi du multiculturalisme en 2012? Le bilinguismne, hors Québec, vous en pensez quoi?
    2-Évidemment l'infâmie de 1982.
    3-Quand le Canada anglais a renié parole et signature, en 1990, avec l'échec de Meech no 2. Si Meech passait, c'en était fait de l'idée de l'indépendance.
    Seule "la peur d'avoir peur" nous empêche de nous prendre en mains...comme des grands!

  • Marcel Haché Répondre

    20 octobre 2012

    Le problème n'est plus de savoir s'ils vont partir.Ils vont partir.Le territoire Nous appartient.Nous sommes chez-nous.
    Le problème est de savoir si nous allons nous décider à appeler les choses par leurs noms, et nommer Conrad Black comme la merde qu'il est, quand il l'est. Dans aucun pays normal,nulle part, il ne serait toléré comme ici que des individus puissent mépriser autant une majorité qui ne dérange aucune légitimité,et qui reste même polie avec l'illégitimité la plus manifeste.
    Nous sommes patients.Ils partiront.Ceux qui resteront seront capables de dire Nous,même en anglais.

  • Serge Jean Répondre

    19 octobre 2012

    Monsieur Dupras, vous semblez vous préoccuper beaucoup du sort des anglophones de l'île de Montréal.
    Pourquoi quelques anglais sont-ils partis? La réponse est tout à fait très simple, ils ne désiraient manifestement pas vivre en français et je les comprend, j'aurais fait la même chose à leur place.
    Cependant, vous monsieur Dupras vous semblez dire que tout le Québec que vous écrivez parfois Montréal ou inversement, devrait se mettre à l'apprentissage de l'anglais pour accomoder une poignée d'anglais sur l'île de Montréal qui s'obstinent à rester ici malgré leur incapacité à vivre dans notre langue le français, et celà pour quelques dollars de plus dans l'économie de Montréal, avec quelques gratte-ciel en prime et une partie interactive de citadins économiques gonflabes entre Montréal et Toronto?
    Ne croyez-vous pas monsieur Dupras que les citadins anglophones de Montréal, réussiraient bien mieux et beaucoup plus rapidement à Toronto, au lieu d'attendre pendant des siècles que le Québec s'exprime en anglais pour rendre la vie plus agréable à une poignée de ces messieurs dames?
    << Si tu apprends ma langue, c'est toi qui vient vers moi >>
    Transfigurer tout le Québec pour une partie de ping-pong économique gonflable entre Montréal et Toronto?
    J'écrirais à ces messieurs dames anglophones ceci:
    << Je ne comprend pas, que vous ne compreniez pas, ce que nous comprenons, et que vous ne comprenez pas, mais que vous avez compris de vous-mêmes; en d'autres termes, on ne parle pas le français en anglais pour s'exprimer en français et on ne parle pas l'anglais en français pour s'exprimer en anglais, d'où la formule absurde d'intégration: << Parlons deux langues pour en exprimer une seule >>.>>
    En fin de compte, après ce petit exercice absurde de contorsion cervicale, je choisis le beau risque de ne parler que ma langue maternelle le français; on verra bien si les patates cesseront subitement de pousser dans les champs, si les rivières du Québec cesseront de couler, si la couche gazeuse de l'atmosphère au dessus du Québec s'évaporera dans l'espace intersidéral, si les gens cesseront de penser,et cetera.
    Cela vous dérangerait-il que le Canada se sépare du Québec? Non pantoute!
    Jean

    .

  • Chrystian Lauzon Répondre

    19 octobre 2012

    Monsieur Dupras,
    Avec tout ce que vous regrettez du départ de ces Anglais du Québec et le constat de la détérioration que vous y associez, vous m’amenez à vous demander ce qui vous a retenu de quitter le Québec à l’époque, selon le visionnaire historien-ingénieur que vous êtes, et ce qui vous retient encore ici? La peur de ne plus avoir peur?
    Ce qui surprend aussi dans votre énumération finale, c’est que le visage architectural de Montréal soit si dessiné par des non-québécois d’origine, nous qu’on dit peuple xénophobe et ethnocentré? N’avons-nous pas su former plus d’architectes locaux « imaginatifs »? au point que vous n’arriviez à en nommer qu’un seul?

  • Francis Déry Répondre

    19 octobre 2012

    Si les Anglais étaient restés, ce seraient les Canadiens Français qui partiraient plutôt que d'être cantonnés dans une classe locale de prolétaires. Sans doute pour augmenter le prolétariat américain ou celui du Nord de l'Ontario ou de l'Ouest canadien.
    Montréal serait un gros foyer de Jamaïcains, d'Indiens/Pakistanais/Sikhs, et sa population chinoise serait beaucoup plus forte. Le plus gros foyer juif d'Amérique du Nord après New York. Bref, rien pour s'identifier au Québec.
    Les Torontois seraient toujours jaloux de Montréal et les autres Canadiens nous dénigreraient comme ils dénigrent Toronto présentement.
    On étoufferait dans la circulation. Le smog est terrible à Toronto. Imaginer maintenant avec les infrastructures à refaire. Y aurait-il des lieux encore verts sur l'île ?
    Les maisons ne seraient plus achetables.
    Déjà pour résoudre les problèmes de la nouvelle génération il faudrait un autre référendum à fin de voir surgir les pancartes et créer des pressions à la baisse des prix.
    Une stratégie d'avenir : un référendum à chaque génération.

  • Dominique Beaulieu Répondre

    19 octobre 2012

    Si plus d'anglophones étaient partis, nous aurions gagné notre référendum et nous serions indépendants. S'ils étaient tous partis, il n'y aurait plus de justification à un double-système d'éducation et de santé.
    Je préfère analyser cette question sous l'angle de "Et si les Anglais étaient tous partis?"

  • Archives de Vigile Répondre

    19 octobre 2012

    L'enfant choyé de la fédération canadienne a toujours été l'Ontario, mais aujourd'hui, malgré cela, l'Ontario est dans la merde jusqu'au cou et cela risque de durer encore pendant la prochaine décennie alors que le Québec s'en tire assez bien, malgré 9 ans de pouvoir libéral.
    C'est tout dire comment nous sommes résistants. Et ce n'est pas fini. Le plus gros obstacle de notre vie collective c'est notre appartenance forcée au Canada.
    Qu'une ordure comme ce Conrad Black vienne nous dire que tout va bien en Ontario pendant que nous dépérissons au Québec est une insulte à notre peuple et à notre nation.
    Qu'il aille se faire foutre. Quant à nous, il nous reste une chose à faire : sortir du Canada au plus vite. Il en va autant de notre survie culturelle et identitaire que de notre prospérité économique.
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat à la retraite