Temps dur pour les détracteurs du modèle québécois
Il est des démonstrations qui sont tellement contraires aux idées reçues que leur simple formulation vous donne des airs d’illuminé. Comme s’il déclarait avoir rencontré des petits hommes verts, le fiscaliste Luc Godbout, de l’Université de Sherbrooke, récidive pourtant.
En 2008, il avait affirmé que le fardeau fiscal des Québécois était comparable à celui du G7. est, pour l’immense majorité des Québécois, inférieur à tous ceux du G7, donc inférieur à celui du Canada et — cramponnez-vous — à celui des États-Unis, pourtant la Mecque de l’État qui taxe peu !
Voici ce que donnent ses calculs de la charge fiscale réelle, en pourcentage du revenu, pour une famille de revenu moyen, en 2008 :
salaire moyen
C’est donc dire que la famille moyenne reçoit plus qu’elle ne donne. Voici le résultat du calcul pour une famille plus riche, qui gagne 167 % du revenu moyen :
Je vous entends rétorquer : oui, ce n’est pas juste, le Québec est le paradis des familles ! Mais qu’en est-il de ces pauvres célibataires ? Godbout (qui fut, soit-dit en passant, un des quatre économistes-conseils du budget Bachand) ne les a pas oubliés. Ceux à revenu faible sont mieux traités au Québec que partout au G7, États-Unis compris. Ceux à revenu moyen ont une charge fiscale de 26 %, alors que les États-Unis sont à 25 % et le Canada à 23 %. Ceux à revenu supérieur sont à 31 %, soit un maigre 0,7 % de plus que les Américains et 4 % de plus que le Canada, mais toujours sous la moyenne du G7.
Comment Godbout et ses collègues Suzie St-Cerny et Chantal Amiot arrivent-t-il à ces résultats abracadabrants ? Évidemment, il sait que les impôts sur le revenu payés par les Québécois sont plus élevés. Mais, appliquant la méthode de l’OCDE, il calcule aussi l’argent retourné aux contribuables en prestations directes. Si l’État vous prend deux dollars et vous en remet un, votre charge fiscale est de 1, pas de 2.
Godbout ne calcule cependant pas les services rendus gratuitement ou à faible coût aux citoyens grâce à ces impôts. Ce serait trop. On le prendrait vraiment, alors, pour un fou furieux !
* * *
Note en petits caractères :
Les billets du vendredi « Temps durs pour les détracteurs du modèle québécois » ne prétendent pas que tout est parfait au Québec, loin s’en faut. L’auteur a d’ailleurs proposé, dans ses ouvrages et sur ce blogue, des réformes nombreuses et importantes visant à surmonter plusieurs des importants défis auxquels le Québec est confronté. Cependant, la série permet de percer quelques trous dans le discours ambiant qui tend à noircir la situation globale du Québec qui, pourtant, affiche d’assez bons résultats comparativement aux autres sociétés semblables.
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