François Legault veut-il vraiment être celui qui n’aura rien fait pour sauver son peuple de la noyade ?

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« La péréquation est une bouffée d’oxygène artificielle fournie par Ottawa pour nous faire oublier qu’il nous condamne à la sous-oxygénation financière permanente dans la fédération »

François Legault doit commencer à avoir des maux de tête, tellement le Parti Québécois, recentré sur sa mission historique, le place devant ses contradictions.  


Nous le savons, officiellement, François Legault est nationaliste. Il croit au Québec d’abord. Son rapport au Canada est strictement instrumental, et pas du tout identitaire. Officiellement, il croit aussi que le Québec peut s’affirmer dans le Canada, qu’il peut y conquérir l’autonomie nécessaire pour faire ses propres choix. 


Certes, il accumule les échecs, mais il les dissimule en prétendant accumuler les chèques d’Ottawa.


Legault


Quand Paul St-Pierre Plamondon lui rappelle ses reculades en matière de langue et d’immigration, des questions jugées vitales par le premier ministre lui-même, il rappelle qu’il a été capable d’aller récolter quelques milliards ici et là – en oubliant, par ailleurs, que le Québec récupère à Ottawa l’argent qu’il lui a préalablement envoyé. En oubliant aussi que la péréquation est une bouffée d’oxygène artificielle fournie par Ottawa pour nous faire oublier qu’il nous condamne à la sous-oxygénation financière permanente dans la fédération. 


Surtout, François Legault s’est converti à une position assez gênante, dont au fond de lui-même, il ne doit pas être fier.


Comme un fédéraliste des années 1990 à la Robert Bourassa, il nous explique que le Québec n’a pas les moyens, selon lui, de l’indépendance. Ce n’est pas que l’indépendance n’est pas désirable en soi, c’est que nous n’en aurions pas les moyens. Le peuple québécois n’est pas né pour avoir son pays souverain, mais est né pour avoir une province dans une fédération qui l’entretient tout en l’asservissant. C’est la nouvelle version de né pour un petit pain.


Et comme un Jean Chrétien de jadis, il nous explique que le monde ordinaire ne veut pas entendre parler de constitution et de référendum. Que la question nationale nous diviserait. 


Pour François Legault, ce n’est pas le régime canadien qui divise les Québécois contre eux-mêmes, en achetant une partie de leurs élites selon le principe de la petite loterie, autrefois identifié par Stéphane Kelly, et en cherchant à les convaincre qu’ils ne sont pas assez développés pour être indépendants, en plus de leur faire croire qu’ils ont besoin du Canada pour brider leur supposée intolérance congénitale. Non. C’est la possibilité de poser la question de leur avenir politique qu’il faut condamner. 


Le nationalisme caquiste est-il autre chose qu’une rhétorique médiatique ?


François Legault relativise-t-il vraiment ses échecs à répétition devant le Canada ? Ou est-il travaillé par sa conscience ?


Veut-il vraiment, à l’échelle de l’histoire, être celui qui n’aura rien fait alors qu’il était encore possible de sauver son peuple de la noyade démographique, de la neutralisation identitaire, de l’effacement politique ? Car la dissolution du Québec dans la fédération ira jusqu’au bout.


L’indépendance n’est plus seulement la meilleure option pour le peuple québécois. L’indépendance est désormais, et d’évidente manière, la seule manière d’assurer la survivance de notre peuple. Sans elle, notre aventure collective sera terminée d’ici quelques décennies. Et il se pourrait même que nous nous effondrions avant. 


Nous aurons alors le triste privilège d’être les contemporains de la disparition de notre peuple, de sa régression ethnique, de sa transformation en minorité folklorique. Nous le verrons devenir étranger à lui-même, se vider de lui-même, nous verrons sa jeune génération vouloir s’y arracher et le renier. Nous verrons aussi certains admirables personnages vouloir le ranimer à tout prix. Ce seront les patriotes du désespoir. Ou les patriotes d’un nationalisme désespéré. Chacun choisira sa formule.


Désespoir


Mais il sera trop tard.


Ou alors, ou alors, devant la question nationale qui se recompose, nous aurons le courage de la liberté, pour reprendre la belle formule de Fernand Dumont. Et devant le choc qui vient entre un Canada et un Québec qui n’ont jamais vu le monde de manière aussi contradictoire, nous ferons sécession, et nous ferons l’indépendance du Québec.


Aurons-nous le courage de la liberté ?


Je suis de ceux qui croient que nous l’aurons.