De Brockville à Toronto...

G&M - un allié objectif des souverainistes québécois

Il se pourrait que le prochain débat référendaire ne se trouve pas là où on le croit.

Tribune libre

Parce qu'il se produit de profonds changements au Québec depuis l'arrivée de la loi 101, il est d'intérêt public que les lecteurs du Globe & Mail lisent en première page du journal un reportage expliquant que la volonté de pureté ethnique de la population francophone, phénomène unique au Canada, bien sûr, est tellement aliénante qu'elle crée des tueurs fous. C'est ce que nous explique l'éditorial. Le journal de l'élite anglophone revendique le droit à stigmatiser la population francophone du Québec, il n'y a pas d'autre mot.
La porte est maintenant grande ouverte pour les propos diffamatoires, et, pour bien s'assurer que le message est compris, le G & M prend soin d'ajouter que la recherche de vérité n'est plus nécessaire lorsqu'il s'agit de traiter du Québec. Un vague désaccord muet avec les propos suffit, inutile d'exercer davantage l'esprit critique pour publier.
Le Globe & Mail, par sa position privilégiée dans l'univers médiatique canadien anglais, donne une caution intellectuelle et morale aux dérives xénophobes déjà présentes dans les médias Ce n'est pas rien, il pourrait bien s'agir d'un événement porteur dans la mesure où les média qui usent de francophobie se sentiront à leur tour libres d'exploiter ce filon sans contrainte éthique. Sans compter les autres qui voudront strictement vendre plus de papier, défendre la position d'un propriétaire avec des propos de basse-cour parce qu'insatisfait de l'opinion publique québécoise ou quoi encore...
La stigmatisation d'une population et les accusations collectives à grande échelle de racisme qu'a publiées ce journal sont la voie la plus rapide vers une exacerbation des relations entre deux communautés. Nous n'en sommes plus aux conséquences de la déclaration de Parizeau ou à l'échec du Lac Meech. Ce ne sont plus les seuls souverainistes concernés mais la totalité des francophones. C'est un très mauvais signal pour la cause fédéraliste.
La dernière chose souhaitable serait que les passions s'enflamment et que les défenseurs du fédéralisme se voient obligés de prendre position commune avec les souverainistes. La gravité potentielle de la situation est parfaitement comprise par les intéressés, c'est la raison pour laquelle une supplique pathétique en ce sens a été adressée dans les pages mêmes du Globe.
Au rythme où va la diffusion des délires concernant le Québec, il s'agit à l'évidence d'une situation en évolution et rien n'indique un ralentissement à venir compte tenu des événements. Les Québécois vont être de plus en plus confrontés aux excès que les médias du ROC vont s'autoriser, particulièrement lorsque des enjeux nationaux seront mis en cause comme les relations internationales, les négociations constitutionnelles et surtout une campagne référendaire.
Il est impossible de prévoir ce qui peut provoquer les passions, ni le quand ni le comment, mais plusieurs ingrédients sont réunis à partir du moment où les dérives diffamatoires en information sont permises. Ce n'est ni une situation temporaire ni un événement circonstanciel mais l'établissement officieuse d'une éthique de garage dès lors qu'il s'agit du Québec.
Avec presque 50% des voix lors du dernier référendum, susciter les passions avec promesse de durée dans le temps, comme le fait ce journal, est faire preuve de mépris et d'une profonde ignorance du Québec.
Il se pourrait que le prochain débat référendaire ne se trouve pas là où on le croit. À subir les dérives xénophobes, des questionnements sur le partenaire anglo-canadien pourraient aussi être au menu, et cela aura un impact sur les résultats. Prendre à la légère la susceptibilité des Québécois est une erreur de jugement dont les conséquences peuvent être déterminantes.
John Hogan


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