Il y a des événements précurseurs qui ne trompent pas, la vision fantasmée à l'endroit du Québec dans laquelle se vautre avec complaisance une grande partie de la population du Canada Anglais pourrait bien servir l'argument principal lors du prochain référendum.
Les propos délirants se bousculent au portillon ; risques de guerres civiles, un Québec ouvert au terrorisme international, une loi 101 qui cultive les tueurs fous. C'est bel et bien à l'accélération d'une construction idéologique xénophobe que nous assistons. D'ailleurs les bréviaires sont déjà prêts depuis longtemps, à ce titre la déclaration de Parizeau étant devenue pour les diffamateurs l'expression définitive du racisme congénital des Québécois francophones. Les accusations usuelles de nazisme, d'antisémitisme, de fascisme et tuti quanti ne suffisent plus à la tâche. La propagande raciste doit dépasser le stade des idées et se camper dans la réalité.
Ainsi la loi 101 a des répercussions tangibles, des victimes de cette loi deviennent des tueurs fous. L'organisation d'une manifestation pacifiste est en réalité une invitation faite aux terroristes pour qu'ils viennent installer leur quartier général au Québec. Pire, la souveraineté du Québec va provoquer inexorablement une guerre civile dont évidemment les Québécois seront les instigateurs. Il ne faut pas se faire d'illusion, une grande partie de la population anglophone est non seulement ouverte à ce genre de délire mais est en phase avec ce discours.
Les quotidiens complaisants deviennent vecteurs de haine et n'hésiteront pas à ouvrir leur page à d'autres mercenaires qui expliqueront en anglais qu'un immeuble vidé de ses squatteurs par la police montréalaise est en réalité du nettoyage ethnique parce que les résidents appartenaient à une minorité. L'imagination n'aura pas de limite. C'est une spirale d'accusations qui s'accélèrera au fur et à mesure que le référendum approchera, en cela alimenté par un gouvernement fédéral qui n'hésitera pas à son tour d'user de menace, telle la partition.
Il s'agit là d'une évolution cruciale de la rhétorique xénophobe canadienne anglaise; il est enfin possible pour eux de mesurer les conséquences des dérives d'une population baignant dans une sous-culture francophone. À partir du moment où la supériorité congénitale est démontrée, preuve à l'appui, tout est permis. Il s'agit exactement du même processus de mise en place par des idéologies xénophobes et racistes qui ont sévi en Europe le siècle dernier avec les conséquences que l'on sait. À un degré moindre... faute de moyens.
Devant ces faits inquiétants, dire qu'il s'agit d'une erreur du pupitre ou que les délires d'une journaliste sont dus au fait qu'elle s'est exilée en raison de la loi 101 est faire preuve de naïveté. Il s'agit plutôt d'un réflexe collectif rétrograde du ROC qui met la table pour le prochain affrontement référendaire.
Heureusement pour le Québec, le Canada est un pays faible géographiquement et donc constamment au bord de la dislocation; de plus il est acculturé aux Etats-Unis, il est une extension nordique de la culture américaine. Le Canada n'a pas d'identité propre malgré ses efforts de nation building, il s'agit d'une cohésion nationale fabriquée.
Les faiseurs d'idéologie nauséabondes et leurs collaborateurs francophones ne provoqueront que gesticulations, c'est vrai, mais il importe de cesser de jouer au pompier devant la propagande haineuse sous prétexte de liberté d'expression. Les Québécois doivent savoir à quoi ils ont affaire et surtout ne pas craindre les effets de manche qui en bout de compte se révéleront inoffensives sauf pour l'amour propre.