Gilles Vaillancourt : Serge Ménard explique son long silence

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Les arguments juridiques sont de peu de secours dans une tempête politique

(QUÉBEC) Selon l'ancien ministre de la Sécurité publique Serge Ménard, Gilles Vaillancourt n'a jamais fait de tentative de corruption à son endroit, même s'il lui avait offert de l'argent lorsqu'il tentait de se faire élire dans Laval-des-Rapides, en 1993.
« La Presse a compris ce qui s'était passé », a laissé tomber M. Ménard, qui revenait en fin de semaine d'une croisière en Méditerranée. La Presse a relevé la semaine dernière que le maire Vaillancourt avait offert de l'argent à Serge Ménard, à Vincent Auclair et à Thomas Mulcair avant que ces trois candidats ne soient élus une première fois.
La révélation la semaine dernière de M. Mulcair, chef du Nouveau Parti démocratique, selon laquelle il a aussi été contacté avant d'être élu, en septembre 1994, à l'Assemblée nationale, a contribué à circonscrire le modus operandi de l'ancien maire de Laval, observe Me Ménard.
« Le Code criminel est clair. Une tentative de corruption, c'est fait auprès d'un fonctionnaire, d'un député ou d'un ministre », a relevé Me Menard. Si le maire Vaillancourt avait tendu son enveloppe à un élu, il aurait fait un geste criminel, même s'il avait essuyé un refus ; le Code criminel sanctionne aussi la « tentative » de corruption.
Quand on offre de l'argent à un candidat, qui n'a pas encore été élu, on est dans un tout autre univers, du point de vue juridique. « Pour un candidat, c'est la loi provinciale, sur le financement des élections, ce n'est pas criminel et cela relève du Directeur des élections », observe Me Ménard. Et dans cette loi, la « tentative » de don illicite n'est pas prévue, ajoute-t-il.
« J'ai pensé dénoncer ce geste, mais cela aurait été sa parole contre la mienne. Je n'avais pas été ministre de la Sécurité publique, j'étais encore bien jeune, relève celui qui a été Bâtonnier du Québec avant de faire le saut en politique. « Il m'aurait poursuivi pour libelle », relève-t-il.
Un secret bien gardé
Pendant tout son séjour au gouvernement, Serge Ménard n'a soufflé mot de l'enveloppe contentant plusieurs milliers de dollars que lui avait tendue M. Vaillancourt avant l'élection complémentaire de 1993. Il n'en avait pas plus parlé à Jacques Parizeau ou à son bras droit Jean Royer.
Par la suite, il n'est pas davantage intervenu pour réduire l'influence du maire de Laval. La Presse a relevé la semaine dernière que comme ministre de la Sécurité publique, il n'avait pas empêché le gouvernement Bouchard de nommer M. Vaillancourt à la tête d'Infrastructures Québec, doté d'un budget de 175 millions pour le financement de travaux d'infrastructures municipales.
« Il y avait eu beaucoup d'allégations à l'endroit de Gilles Vaillancourt dans les journaux, dans Le Devoir, dans La Presse. Néanmoins, il avait toujours été réélu, après des campagnes souvent difficiles «, rappelle Serge Ménard. Le gouvernement « se doit de faire affaire avec des élus ». « Comme gouvernement, on est forcé de discuter parfois avec des régimes qui ne sont pas parfaits... mais ils sont élus », souligne Me Ménard.
Serge Ménard, le commissaire
Tout juste revenu de voyage, il compte rencontrer rapidement ses deux partenaires pour la commission sur le « printemps érable », annoncée il y a deux semaines par le gouvernement Marois. L'initiative a soulevé de nombreuses critiques. « Je les ai vues, on va se parler de tout ça [avec les deux autres membres, l'ex-juge Bernard Grenier et la syndicaliste à la retraite Claudette Carbonneau]. » Il s'insurge qu'on ait pu formuler des doutes sur sa santé : « je fais encore mes 600 m à la natation. Quand j'arrête, c'est pas que je suis fatigué, mais je suis tanné ! », ironise-t-il.
Le groupe fera sous peu une conférence de presse. Pas nécessairement cette semaine, observe Me Ménard, en dépit des indications du cabinet du ministre responsable de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, parrain de cette commission qui doit remettre son rapport à la fin de l'année.


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