Le maire de la Ville de Granby et son équipe politique font l'objet d'une enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) pour du financement électoral occulte impliquant des entrepreneurs et des firmes de génie-conseil, ont appris La Voix de l'Est et La Presse.
Selon les informations recueillies auprès de sources proches du dossier, l'UPAC a dans sa ligne de mire ce qu'elle croit être un système de prête-noms permettant de soutenir financièrement le maire Richard Goulet ainsi que des conseillers municipaux. Les soupçons remontent entre autres aux élections de novembre 2009.
En contrepartie des sommes obtenues, des firmes de génie-conseil ainsi que des entreprises en construction auraient pu obtenir, sinon des contrats attribués par la Ville de Granby, du moins des informations privilégiées pour soumissionner ces contrats. En cela, le stratagème analysé à Granby ressemble en tous points à ceux exposés lors des audiences publiques de la commission Charbonneau au cours de la dernière année. Rien n'indique pour l'instant qu'il a pu y avoir de l'enrichissement personnel.
Des policiers du service des enquêtes sur la corruption de la Sûreté du Québec (escouade Marteau) se sont rendus à l'hôtel de ville de Granby au moins à deux reprises, d'abord l'automne dernier, puis au cours des dernières semaines. Du côté policier, on affirme avoir rencontré le maire Richard Goulet et d'autres élus. Le maire de Granby avait jeudi une autre version des faits.
«Une rencontre exploratoire»
M. Goulet soutient que les enquêteurs de l'UPAC sont passés une seule fois, soit en septembre dernier. Il s'agissait d'une rencontre avec de hauts fonctionnaires afin de discuter des processus d'octroi de contrats de la Ville. M. Goulet assure ne pas avoir pris part à cette rencontre; le directeur général de la Ville lui a fait un rapport verbal au terme de celle-ci. «Ils sont repartis très satisfaits de la façon dont on procède. On est un exemple à suivre», a dit le maire.
Joint hier après-midi, le directeur général adjoint et directeur des finances de la Ville de Granby, Jean-Pierre Renaud, a confirmé avoir assisté à cette rencontre avec les enquêteurs de l'UPAC. «C'était une rencontre exploratoire. Ils voulaient se familiariser avec les processus d'octroi de contrats dans les villes», a expliqué M. Renaud. Les enquêteurs ont fait de telles visites dans une quinzaine d'autres villes, a-t-il ajouté. «Ils n'avaient aucun dossier spécifique sur la Ville de Granby», a-t-il insisté.
Seulement deux des sept conseillers contactés hier étaient au courant des démarches de l'UPAC.
«Ils sont venus poser des questions sur nos processus pour vérifier comment on fonctionne. Ça n'avait rien à voir avec une enquête», assure Pierre Breton. «On nous a dit qu'ils étaient venus faire des vérifications. On n'a pas eu d'autres détails», a dit Yves Pronovost. Il n'avait pas lieu de s'inquiéter, selon lui. «Pas à cette étape-là», a-t-il ajouté.
Des firmes de génie visées
Des sources policières confirment que des représentants de firmes de génie-conseil actives sur le territoire de Granby ont également eu la visite d'enquêteurs de l'UPAC. Une vérification faite dans les procès-verbaux des assemblées du conseil municipal de 2009 démontre que certaines firmes de génie, dont Teknika HBA et Génivar, ont obtenu plusieurs contrats de Granby.
Teknika HBA ne nous a pas rappelés jeudi. Chez Génivar, on a refusé de commenter l'enquête policière, déclarant en ignorer jusqu'à l'existence.
Rappelons que Génivar a récemment fait une demande auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) afin d'obtenir le certificat de bonne conduite essentiel pour soumissionner des contrats publics tant au gouvernement que dans les municipalités ou les sociétés d'État.
L'enquête de l'UPAC en serait à ses débuts. Aucune perquisition n'a été effectuée à ce jour.
Par ailleurs, des représentants de la commission Charbonneau ont également fait un arrêt à Granby l'été dernier. Parmi la délégation, on retrouvait Renaud Lachance, le commissaire qui seconde la juge France Charbonneau. «La commission voulait se familiariser avec le fonctionnement des villes», a indiqué Jean-Pierre Renaud.
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