Déficits et récession

Harper contredit Charest

Le plan Charest: un mauvais scénario hollywoodien !

Chronique de Louis Lapointe

Prenant la parole hier devant les dirigeants du Forum Asie-Pacifique, le premier ministre canadien Stephen Harper a appelé la communauté internationale à tirer les leçons de la crise économique de 1929 causée par de mauvaises politiques gouvernementales. Reconnaissant la gravité de la crise financière qui secoue le monde, il a insisté sur l’importance de stimuler l’économie pour atténuer ses effets, quitte à faire temporairement des déficits pour relancer la croissance.

Pendant ce temps, au Québec, contrairement à de nombreux chefs d’État du monde entier, Jean Charest annonçait une croissance de l’économie québécoise permettant de financer les dépenses supplémentaires de l’ordre de 1.5 milliard de dollars qu’il a promises depuis le début de la présente campagne électorale. Un gouvernement libéral de Jean Charest serait un des rares gouvernements de la planète à ne pas devoir faire de déficit pour financer les sommes investies dans le but de soutenir l’économie.
Alors que Stephen Harper annonce des temps difficiles, le même Stephen Harper qui minimisait les effets de la crise à l’occasion de la dernière campagne électorale fédérale, Jean Charest essaie de faire croire aux Québécois que sous sa gouverne le Québec réussira à éviter les effets d’une crise financière internationale. Le même stratagème qu’utilisait son homologue fédéral il y a deux mois à peine. Les mêmes demi-vérités que nous proposait alors Stephen Harper.

Pourquoi les Québécois devraient-ils croire Jean Charest alors qu’ils n'ont pas cru Stephen Harper ? Tout simplement parce qu’il n’aurait aucune raison d’avoir peur de Jean Charest. C’est du moins la théorie qu'avance Alain Dubuc dans l’édition de la Presse de ce matin. «Le choix entre le PQ et le PLQ se fera moins sur la doctrine que sur la compétence, un terrain qui, selon ce qu'indiquent les sondages, favorise le gouvernement Charest.»

Si l’on en croit les propos du savant chroniqueur, parce que Jean Charest nous annonce que tout va bien au pays du Québec, nous devrions le croire sur parole et estimer qu’il est le plus compétent pour diriger le Québec. Cela me rappelle l’époque glorieuse où les marxistes-léninistes essayaient de nous faire croire que l’Albanie était l’endroit le plus merveilleux du monde où il faisait bon vivre sous la gouverne d’Henver Hodja.
Alain Dubuc était alors un des rares énergumènes au Québec à défendre une semblable vision de l’Albanie. Le même Alain Dubuc qui, il y a deux mois à peine, n’en avait que pour Stephen Harper, alors que ce mois-ci, il n’en a que pour Jean Charest. Pour comprendre son raisonnement tordu, on n'a qu’à découvrir ce qu’ont en commun Hodja, Harper et Charest. Relativement facile, tous les trois ont essayé de faire croire à la population que tout irait bien dans le meilleur des mondes sous leur férule en escamotant de grands bouts de vérité.
Malgré toutes les restrictions mentales que nous propose d'adopter Alain Dubuc, les Québécois devraient avoir de nombreuses raisons de se méfier d’un premier ministre qui ne leur dit pas toute la vérité au sujet de la crise financière qui les menace. Personnellement, jamais je n’oserais entrer à bord d’une voiture dont le conducteur m'annonce qu'il a l'intention de foncer à pleine vitesse sur une route où tout indique qu’elle débouche directement sur un profond précipice, et ce, même s’il essayait par tous les moyens, y compris le mensonge, de me convaincre du contraire. Il y a une limite à prendre les gens pour des idiots!
La présente élection a tout du mauvais scénario hollywoodien. En fait, on se croirait en plein milieu d’une scène de Film de peur où les principaux personnages refusent, malgré tous les signes annonciateurs, de reconnaître le danger imminent de la situation à laquelle ils sont confrontés, alors qu’ils ont l’intention de se jeter, contre tout bon sens, entre les mains avides du principal protagoniste qui aura tôt fait de les zigouiller !
Louis Lapointe

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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