« Bonjour à tous. Il y a seize jours, les Canadiens et les Canadiennes sont
allés aux urnes et nous ont confié un mandat renforcé. Ils nous ont confié
la responsabilité de continuer… »
Ce sont les premiers mots prononcés le 30 octobre 2008, lors de
l’assermentation de son nouveau cabinet, par Stephen Harper, premier
ministre imposé du Canada. En effet, au Canada, à l’instar de quelques
autres régimes d’inspiration britannique, on ne vote pas pour un premier
ministre, mais pour des députés. C’est le chef de la formation gagnante,
élu uniquement par les membres de son parti, qui s’impose alors Premier
Ministre.
Et ces quelques premiers mots que ce monsieur nous offre, au début de son
nouveau mandat, constituent déjà un mensonge de taille, prononcé sans
sourciller, et avalisé par à peu près tout ce que notre société compte
d’analystes, commentateurs et journalistes soi-disant sérieux.
Pourtant, ce mensonge est énorme! Jamais "les Canadiens et les
Canadiennes", lors de l’élection du 14 octobre 2008, n’ont confié quelque
mandat que ce soit à ce parti et à son chef. Bien au contraire! Dans les
faits, c’est une toute petite minorité de "Canadiens et Canadiennes", moins
de 2 sur 10 (16,4 %), qui a fait ce choix. L’écrasante majorité, plus de 8
sur 10 (83,6 %), ne confiant rien du tout à ce parti!
Quelques chiffres :
* Population du Canada : 33 000 000
* Électeurs inscrits : 23 401 064 (73,9 % de la population)
* Taux de votation : 59,1 % des inscrits ou 43,7 % de la population
* Électeurs ayant choisi le parti Conservateur : 37,6 % des votants ou
22,2 % des électeurs inscrits ou 16,4 % de la population
Donc M. Harper et son équipe sont élus en vertu d’un mandat que lui ont
donné 37,6 % des gens ayant votés, 22,2% des électeurs inscrits, et 16,4 %
des Canadiens. C’est donc 83,6 % des Canadiens, 77,8 % des électeurs
inscrits et 62,4 % des votants qui n’ont pas donné ce mandat à M. Harper et
à son équipe.
Comment peut-il donc dire un telle énormité? Et surtout comment peut-il la
dire sans que personne ne réagisse? Et dire qu’on hurle d’indignation quand
on nous présente ainsi, de manière aussi tordue, les résultats d'élections
dans quelques républiques de bananes ou dans certaines dictatures balkanes.
Sommes-nous à ce point aveuglés par notre cynisme? Ou tout simplement
atteints d’une forme collective de crétinisme?
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