Il faut «refonder» le PQ, dit Aussant

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Oui, les convictions assumées peuvent encore faire gagner des élections

Jean-Martin Aussant met-il la table pour un grand retour au Parti québécois? Depuis Londres, l’ex-chef d’Option nationale a en tous les cas décidé mardi de s’immiscer dans la course au leadership du PQ en plaidant pour une véritable « refondation » de ce parti.

Dans une lettre envoyée au Devoir intitulée «Si j’étais militant péquiste», M. Aussant dresse la liste des qualités et engagements qu’il attend du prochain chef. Et les enjeux qu’il aborde se lisent comme un miniprogramme : gratuité scolaire, réforme du mode de scrutin, référendum rapide, déclaration de revenus unique, fusion des forces souverainistes, changement de garde quasi complet chez les ténors péquistes, tout y passe.

« J’observe cette précourse en me demandant si la suite des choses amènera un certain retour aux sources ou la disparition pure et simple de ce qui a déjà été quelque chose comme un grand parti », écrit-il dans ce qui constitue sa première sortie politique depuis sa démission en juin 2013.

D’emblée, Jean-Martin Aussant souhaite que le prochain chef tienne « un congrès de refondation » rassemblant tous les souverainistes. « Non pas un congrès du PQ ouvert à tous, mais bien un congrès de refondation duquel naîtrait un nouveau grand parti souverainiste avec des gens de tous les horizons et toutes les ressources regroupées en son sein. » Cela impliquerait logiquement la disparition d’Option nationale, le parti qu’il a fondé en 2011 après avoir claqué la porte du PQ.

M. Aussant souhaite que le prochain leader tente d’instaurer une déclaration de revenus unique — une mesure qui est dans le programme du PQ, de la Coalition avenir Québec, d’Option nationale et de Québec solidaire — et qu’il utilise les sommes économisées pour introduire la gratuité scolaire « balisée ».

« On peut expliquer aux romantiques que c’est la meilleure façon d’avoir une société plus responsable et équitable, et aux Homo economicus que c’est la meilleure façon d’avoir une société plus riche et productive », dit-il. Tout passe par l’éducation, rappelle Jean-Martin Aussant : la santé, des finances publiques saines, la protection de l’environnement, la paix sociale. « De bons élus aussi », avance-t-il.

Reprenant un autre élément du programme d’ON, Jean-Martin Aussant réitère son attachement à une réforme du mode de scrutin pour y ajouter une « composante de proportionnalité ». « Le système actuel ne respecte pas le vote populaire dans l’allocation des sièges, écrit-il. Il faudra un jour se soucier de faire passer un principe démocratique de base comme la représentativité avant la volonté détestable de bénéficier d’une alternance qui a trop étouffé l’imagination, détourné la recherche de l’intérêt collectif et neutralisé le renouveau politique. »

Costa Concordia

Jean-Martin Aussant n’est pas tendre à l’égard des têtes d’affiche du Parti québécois. Il souhaite « qu’on ne redonne pas le Costa Concordia au même équipage. Les naufrageurs “ entourageux ” seront toujours bienvenus comme passagers, mais pas trop près de la cabine du capitaine ». Il ne nomme personne, mais l’attaque vise visiblement tous ceux qui ont contribué à l’échec de la dernière élection.

Il s’en prend ensuite plus clairement aux prétendants Bernard Drainville et Jean-François Lisée, qui proposent tous deux de ne pas déclencher de référendum avant un deuxième mandat du PQ. Jean-Martin Aussant (qui aurait été courtisé par Pierre Karl Péladeau pour qu’il se joigne à sa future équipe) s’inquiète de cette idée.

« Retarder l’audace, c’est ne pas en avoir. Reporter une urgence, c’est ne pas la reconnaître. Je crois fermement que les convictions assumées peuvent encore faire gagner des élections, dit-il. Il y a certes un niveau de difficulté beaucoup plus élevé à vouloir convaincre qu’à simplement identifier ce que les gens veulent entendre a priori. Dans le premier cas, c’est du leadership. Dans le deuxième, c’est avouer tristement qu’un robot-sondeur pourrait être le plus grand des chefs. »

M. Aussant termine sa lettre en indiquant que lui « voudrait simplement du vrai leadership. Y en aura-t-il ? »

Démission

Âgé de 44 ans, Jean-Martin Aussant a été élu député du PQ en 2008. En désaccord avec la stratégie souverainiste de Pauline Marois, il a choisi de quitter le parti en juin 2011, geste qui a mené à la fondation d’Option nationale l’automne suivant. Battu aux élections de 2012, M. Aussant a abandonné la direction de son parti en juin 2013, trois mois après avoir reçu un appui de 97 % des militants de son parti.

Son départ avait consterné les onistes. En larmes, Jean-Martin Aussant avait indiqué en conférence de presse avoir pris la « difficile décision de [se] retirer de la vie politique, le temps que [sa] situation familiale soit plus propice à un engagement aussi intense et entier que celui de faire de la politique active ». Économiste de formation, il est retourné à cette pratique dans une firme de Londres.


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