Il serait temps. Il est encore temps…

Tribune libre

Longtemps, la cause indépendantiste a été l’affaire d’un seul parti, le P.Q. La fidélité d’une partie importante de l’électorat québécois a ainsi été capturée par ce parti. Pour son plus grand profit, sinon le seul.
Une précision est nécessaire : cette capture s’opère encore, mais au plus grand profit de l’aile parlementaire du P.Q. avant tout. (Idem pour le Bloc, mais là, semble-t-il, avec une prépondérance du chef).
Cela explique deux choses supposément bien désolantes, (mais qui ne le sont pas autant qu’on le dit) :1) le manque de vigueur politique du P.Q. et du Bloc(ne pas confondre avec la vigueur « parlementaire », indéniable) des deux partis, obnubilés par les sondages, tous deux centrés sur la joute parlementaire, et 2) sa CONSÉQUENCE, dénoncée souvent et abusivement comme une « cause » du supposé recul indépendantiste, le fameux et satané carriérisme.
Eh bien, pour le P.Q., du moins, la meilleure façon d’éloigner les « carriéristes », des frileux, essentiellement, c’est de les obliger à risquer.
Rien de mieux qu’une élection référendaire. (Ou décisionnelle, le cas échéant).* Cela sortirait enfin le Bloc des lignes de côtés, et une redoutable implication pourrait s’effectuer.
Quoi qu’en disent les étapistes les plus sincères, que cela pourrait intéresser, la meilleure façon de faire se braquer les projecteurs et haut-parleurs média sur l’indépendance, c’est d’en faire un enjeu, même lancinant. Et puis, aussi, après—il y a toujours un après, eh oui, suite à une décision radicale, contrairement aux décisions de type jello-- refuser calmement de trembler, quand bien même tous les « carriéristes », rouges et bleus, verts et blancs, ceux de Québec et d’Ottawa, de Montréal et même du Québec entier, bref, tout l’arc-en-ciel de la démission complaisante, menaceraient de s’y mettre. Ce qui ne manquerait pas d’arriver.
Politiquement, cela s’appelle tenir. Une très-très grosse job.
Mais l’indépendance, ou le séparatisme, ou la souveraineté, ou la libération, ou même la simple affirmation nationale, oui, même celle-là, ou quoi encore, ne se mesurera jamais à l’ampleur du membership, non plus qu’à l’action citoyenne, mais à la foi et la détermination de ceux-là qui se seront montrés dignes de la fidélité du peuple, de son plus grand électorat, bien avant celle de la fidélité aux seules « instances ».
Les programmes passent. Les instances passent aussi. Il arrive que les partis trépassent. Pas Nous.
C’est aussi, surtout, mine de rien, la meilleure façon de favoriser l’émergence des leaders des jeunes générations, ce qui ne serait pas banal. (Cela devient de plus en plus urgent, quoi qu’en puissent dire les apparatchiks, élus, surtout les élus, mais aussi les non-élus et les ex-élus, la nomenklatura souverainiste, qui se transmet le micro sans grand succès depuis bientôt 50 ans).
Le Québec est moins une république de bananes qu’il n’est bloqué. Et Montréal, depuis le 01 Novembre 2009, une honte absolue.
Bloqué, Montréal, tout le Québec se grippe. Mais les libéraux n’ont honte de rien.
De simples comptables pourraient remédier à une république de bananes, mais il n’y a plus que les indépendantistes, et eux seuls, qui peuvent remédier au blocage et à la dérive de notre société.
Le temps presse. La responsabilité de Vigile est grande. Celle du P.Q., plus grande encore. Et les indépendantistes, nombreux, fidèles.
Il y a un immense électorat, fidèle, tanné, en attente. Une jeunesse souriante, perplexe mais généreuse.
Il y a surtout un peuple patient et tanné, depuis longtemps en attente d’un signal. Un vrai.
*Il serait temps. Il est encore temps…


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2 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    6 janvier 2010

    M. Bousquet, il y a une différence entre une élection référendaire et une décisionnelle.
    Présentement, le P.Q. n’envisage rien. Son seul plan de match est ce que vous décrivez comme la nécessité de toutes les nécessités : battre les libéraux.
    Il y a déjà eu un parti avec un tel plan de match : l’Union Nationale.
    Mais ce parti était confédéraliste, non pas souverainiste…
    Faut-il insister ? Les indépendantistes n’ont rien à attendre de pareille «stratégie», qui consiste à ne rien dire, et simplement se satisfaire ensuite de la bonne performance dans les sondages.
    Les sondages témoignent de l’humeur et de la fidélité de l’électorat bien davantage que de la bonne ou mauvaise performance de l’opposition.
    C’est Charest le full fédéraliste, comme vous dites, qui provoque l’humeur de l’électorat. Mais c’est le P.Q. qui peut provoquer celui des indépendantistes.

  • Gilles Bousquet Répondre

    5 janvier 2010

    Vous écrivez : «Bloqué, Montréal, tout le Québec se grippe. Mais les libéraux n’ont honte de rien.»
    Vous avez raison mais, pour décoller le très provincial PLQ Charest, faut que le PQ place toutes les chances de son côté en évitant une élection référendaire qui n'aiderait pas du tout en plus d'être une affaire qui ne ferait pas avancer la souveraineté du Québec si le PQ gagnait quand même avec, disons 45 % des votes. Ça prendrait un référendum quand même.
    La probabilité est encore, comme en 1980 et 1995 que si une élection référendaire est avancée par le PQ, ce parti va simplement perdre et aider ainsi le PLQ à gouverner pour un autre 4 à 5 ans, jusque vers 2 017...genre. Trop inutilement dangereux.
    Mme Marois semble vouloir procéder par étapes, méthodiquement, à la vitesse des Québécois, ce qui est la seule recette possible. L’énervement ici ne servirait qu’à retarder ou à noyer LA cause de la souveraineté…selon moi.