Impuissance

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Diluer le Québec dans le grand Wal-Mart culturel canadian

Hier soir, 20H00, j’étais rivé devant mon écran d’ordinateur. J’écoutais la webdiffusion, sur le site de l’Assemblée Nationale, des témoignages de Louise Boily et de Annie Trudel à la Commission d’administration publique. Il s’agit probablement d’un des moments les plus épouvantablement incriminants pour le Ministère des Transports du Québec et, par corollaire, pour la gestion prétendument exemplaire et l’honnêteté du Parti Libéral du Québec. Lorsque la commission a suspendu ses travaux, je bouillais de colère. Un ami en a rajouté en me disant que le responsable de la mauvaise gestion au Québec était en fait le mouvement souverainiste.
Il faut d’abord souligner le courage et la probité de mesdames Trudel et Boily. Mention spéciale à Louise Boily qui a témoigné d’événements qui, pour elle, furent émotivement pénibles, avec une droiture et une exactitude dont je me souviendrai longtemps comme l’exemple parfait du professionnalisme et de l’honnêteté intellectuelle. Je dois aussi mentionner le remarquable travail de Martine Ouellet (PQ, Vachon) et d’Éric Caire (CAQ, La Peltrie) qui furent, et de loin, les plus pertinents poseurs de questions de l’événement.
Intimidation des employés et de la vérificatrice, falsification de documents, incitation à se fermer les yeux, à ne pas trop enquêter et climat de travail toxique ne sont que quelques uns des événements qui ont fait dire à Ghislain Bolduc (PLQ, Mégantic) qu’il y avait « place à amélioration » au Ministère des Transports. Avec plus de 540 nominations du Parti Libéral du Québec dans la haute fonction publique depuis 2003, comme le faisait très justement remarquer mon collègue blogueur Steve E. Fortin, peut-être y a-t-il aussi « place à amélioration » au PLQ.
Peut-être aussi y a-t-il place à amélioration dans la nature de l’implication citoyenne des gens qui appuient encore aujourd’hui, même après une suite ininterrompue de scandales, le parti politique qui en porte l’odieux. À ces gens, j’aimerais demander : jusqu’où se rendra votre absence de considération pour la société à laquelle vous appartenez? Qu’est-ce qu’il faudra pour que vous cessiez d’appuyer un parti politique bardé de malhonnêteté? Comment osez-vous considérer qu’il vaille mieux mettre ces gens au pouvoir que d’opter pour n’importe quelle autre des options sur la table? Êtes-vous, électeurs du PLQ, seulement conscients du mépris envers le Québec (pas le Québec des méchants séparatistes, le Québec que vous habitez) qui s’exprime à travers votre vote?
Votre dédain de la perspective la plus lointaine du projet d’indépendance est-elle si forte que vous préférez laisser votre province pourrir que de cesser d’appuyer « les rouges »? Ne savez-vous pas qu’il existe une option politique au Québec qui ne soit pas indépendantiste et qui prône « la bonne gestion des finances publiques » comme votre Parti Libéral chéri (la CAQ)?
Nous avons un grave problème de clivage politique au Québec entre les francophones, qui déterminent leurs comportements politiques selon une multitude de petites causes, et les non-francophones, qui, élections après élections, votent d’une façon complètement unidimensionnelle et purement anti-nationaliste. Bien avant de blâmer « le mouvement souverainiste » pour cet état de fait, nous devrions nous demander comment faire pour mettre fin au fractionnement du vote francophone au Québec, comment mettre fin à l’impuissance politique dans laquelle nous nous plongeons nous-mêmes en remettant le pouvoir à ceux qui n’ont comme projet de société que de diluer le Québec dans le grand Wal-Mart culturel canadian à grand coup de médiocrité politique.


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