Il est important de rappeler et d’analyser ce qu’il s’est passé vendredi 3 janvier avec l’élimination de Qassem Soleimani. Soleimani était une cible potentiellement légitime et intéressante pour l’armée et les renseignements américains, car il est difficilement remplaçable.
Il était en poste depuis plus de 22 ans et était proche du chef du régime.
On craint que l’assassinat de Soleimani ne mette le feu aux poudres
Alors qu’il y a une sorte de commun accord sur la question syrienne, il y a une guerre entre l’Iran et les États-Unis sur l’influence en Irak. Les Américains ne sont pas prêts à lâcher l’Irak après tout ce qu’ils ont investi là-bas depuis 2003, et encore moins si cela se fait au bénéfice de l’Iran. La véritable question à se poser est la suivante: dans quelle stratégie américaine globale cet acte grave s’inscrit-il ?
Il n’est pas certain que Trump ait une stratégie cohérente sur la situation iranienne. Mais si c’est le cas, on a du mal à comprendre pourquoi le sabotage de tankers au début de l’année dans l’Océan Indien vers le détroit d’Ormuz et le drone américain abattu récemment n’aient pas déjà fait réagir les États-Unis. Par ailleurs, quand les Iraniens et leurs alliés yéménites ont attaqué en septembre dernier l’un des champs pétroliers les plus importants au monde, Trump a considéré cela comme un « problème saoudien ».
Pourquoi soudainement, quelques mois après, passe-t-on aujourd’hui à ce qu’il y a de plus fort et de plus dur comme mesure de réaction de la part du Pentagone à des agissements iraniens ? La manière dont la décision a été prise par Trump est inquiétante. Plus que l’acte en lui-même, qui pourrait tout à fait être justifié et légitime, c’est la vision et la stratégie et la vision globale des États-Unis dans la région qui posent aujourd’hui problème.
Va-t-on vers une troisième guerre mondiale ?
À mon avis non. Pour avoir une guerre mondiale il faut au moins deux puissances de premier ordre, soit la Chine soit la Russie face aux États-Unis. Il est peu probable que ces deux puissances se laissent entraîner dans une escalade militaire autour de la question de l’influence en Irak. Cela fait depuis longtemps que la Russie n’a plus vraiment d’alliés, même si elle a des relations et aussi une influence sur des pays satellites. Elle entretient des relations mitigées avec des pays comme la Chine. Ce sont des relations rationnelles et utilitaires et c’est pareil avec l’Iran, mais pas suffisamment pour qu’on puisse les qualifier comme alliés.
Je vois très bien une escalade militaire non seulement dans la région mais partout dans le monde, avec des cibles éloignées, pas toujours militaires. Pour l’Iran il y a un nombre infini de cibles. Les Iraniens peuvent frapper n’importe où pour ensuite revendiquer leur vengeance.
L’Iran ne va pas frapper aussi directement que les Américains l’ont fait avec Soleimani. Je ne suis pas sûr que l’Iran soit capable de commettre un acte de la même catégorie.
L’Iran est-il un État voyou ? Que penser de la position française ? Faut-il s’inquiéter pour Israël ? Retrouvez toute l’analyse de Gil Mihaely en vidéo ici