Les deux principaux rivaux de Benjamin Nétanyahou ont noué une alliance, à un mois et demi des législatives, qui doit leur permettre de menacer le long règne du premier ministre, déjà confronté au risque d’inculpations pour corruption présumée.
Les sondages avaient jusqu’à maintenant donné M. Nétanyahou et le Likoud, son parti, vainqueurs des élections anticipées du 9 avril. Mais le pacte conclu par ses opposants centristes pourrait, au moins, secouer la campagne.
M. Nétanyahou, en poste depuis une décennie, a mis le cap un peu plus à droite avant même l’annonce de l’accord passé entre Benny Gantz, ancien chef d’état-major à la tête du nouveau parti Résilience, et Yair Lapid, numéro un du parti centriste Yesh Atid (11 sièges sur 120 dans le Parlement sortant).
Mercredi, le premier ministre a signé un accord poussant plusieurs formations tout à la droite du spectre politique à s’unir en vue des législatives, au risque d’être accusé d’avoir fait entrer une formation d’extrême droite « raciste » à la Knesset.
L’objectif est de ne pas laisser des voix de droite s’éparpiller sur de petites listes qui, au bout du compte, ne recueilleraient pas assez de votes pour être représentées au Parlement.
MM. Gantz et Lapid ont invoqué cette manoeuvre de M. Nétanyahou ainsi que les enquêtes le visant pour justifier leur alliance, ainsi que « leur sens profond des responsabilités nationales ».
Pour une « réconciliation »
Lors d’un discours jeudi soir en compagnie de M. Lapid, M. Gantz a ainsi dénoncé le pouvoir de M. Nétanyahou, l’accusant d’être responsable du « vent mauvais qui souffle dans nos rues ».
« Au lieu des provocations, nous proposons une réconciliation nationale », a-t-il lancé.
M. Lapid s’en est pris pour sa part à l’alliance nouée entre le Likoud et des mouvements d’extrême droite, estimant que le premier ministre souhaitait faire entrer au Parlement « le racisme et la violence ».
Intitulée « Bleu et blanc », comme les couleurs du drapeau d’Israël, l’alliance Lapid-Gantz réunit aussi deux autres anciens chefs d’état-major : Moshe Yaalon, ancien ministre de la Défense de M. Nétanyahou, et Gaby Ashkenazy, nouveau venu en politique.
Selon l’accord avec M. Lapid, en cas de victoire, M. Gantz serait premier ministre pendant deux ans et demi. Yair Lapid, ancien journaliste de télévision ayant formé son parti en 2013, serait aux Affaires étrangères pendant ces années avant de prendre la succession de M. Gantz à la tête du gouvernement.
Le Likoud a réagi en répétant l’argument martelé ces dernières semaines : M. Gantz est un « gauchiste » et un « faible ».
Le point de gravité politique s’est fortement déplacé vers la droite en Israël ces dernières années. Le coût de la vie et la sécurité sont annoncés comme les préoccupations primordiales des électeurs. Une grande partie de la population est lasse des appels à une solution dite à deux États en ce qui a trait au conflit israélo-palestinien.