J'arriverai à l'Aéroport P.E.T. chez les batraciens

Crise linguistique au Québec 2012

La semaine dernière, j'écrivais au Service des délégués commerciaux du Canada à l'ambassade du Canada en Suède. J'ai écrit en français à un monsieur Pilon. Quelques jours plus tard, j'ai reçu une réponse en anglais d'une madame Laroche.
J'ai été doublement insulté, de un parce que j'ai reçu une réponse en anglais, de deux parce que quand j'ai écrit mon message, j'étais content, puisque "Pilon" c'est un nom français. Mais bon, j'ai dû mal lire, c'était peut-être "Pillow". Et la madame qui m'a répondu, ça devait être "TheRock".
Sur le coup, j'ai eu envie de me plaindre, comme je le fais d'habitude, mais pourquoi, encore me plaindre, alors que la majorité des Québécois s'en crissent royalement. Je n'en ai plus la force. J'arrive à la conclusion que le peuple du Québec est un peuple de batraciens, comme le dit Gilles Proulx.
Puis, je fais un retour arrière. J'étudiais en soins infirmiers en 2001. Lors de mon premier stage à l'Hôpital de Verdun, ma professeure m'a jumelé à un patient unilingue anglophone. À ce moment là, je ne parlais pas anglais, ou presque pas. Imaginez, c'était mon premier stage. J'ai rechigné, j'ai demandé à être jumelé à un patient qui parlait français, j'ai dit à la prof que ce n'était pas une bonne idée puisque c'était déjà assez stressant d'être à mon premier stage en soins infirmiers et que l'anglais était loin d'être ma matière forte.
Pas grave, on m'a fait comprendre assez vite que si je ne voulais pas avoir de problème avec mes études, j'étais mieux de fermer ma gueule et que plus tard j'aurais à soigner des anglophones sur une base quotidienne à Montréal, de toute façon.
J'ai terminé ma session, mais c'est tout. J'ai travaillé comme préposé aux bénéficiaires à Montréal, où à plusieurs reprises je me suis fait dire par les patients unilingues anglophones que je devrais parler anglais, "speak english please"
Enfin, je ne vais pas raconter ma vie. Je suis heureux en Suède maintenant, depuis bientôt cinq ans. Je suis toutefois triste de voir que le Québec n'est qu'une province de batraciens. Surtout, ce qui serait la capitale d'un Québec pays, eh bien .
Libre à vous de me publier. Toutefois, si vous décidiez de ne pas me publier, merci de retirer mes textes. Je tente de faire le deuil du Québec, et ce texte aujourd'hui fait parti du processus, qui vient conclure la boucle de mon premier texte, soit celui-ci. À vous de choisir. J'ai simplement l'impression de m'être accroché à un cadavre depuis 5 ans. C'est triste, mais je le pense vraiment.
Cordialement,
Sylvain Racine


Laissez un commentaire



9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mars 2012

    @ Sylvain Racine:
    «C’est triste, mais je le pense vraiment.»
    Oui, c'est triste. Mais n'est-il pas triste tout autant, de devoir constater qu'alors que vous occupez une position priviligiée, pour par exemple, nous informer de ce que fait la Suède, pour contrer la vague de mercantile mondialisation et d'anglicisation internationale (la France de Sarkozy saute dedans à pieds joints) qui sévit aujourd'hui, votre récente contribution à Vigile semblerait consister en bonne partie à nous insulter à distance...?

  • Stefan Allinger Répondre

    11 mars 2012


    Votre histoire avec l'ambassade canadian m'a rappelé une histoire similaire qu j'ai vécu en 1998 alors que j'étais en Australie.
    Mon passeport expirait et je devais prendre un vol de l'Australie à l'Indonésie. J'ai contacté l'ambassade canadian à Sydney et je n'ai jamais été capable de recevoir un service en français. Devant l'urgence de ma demande j'ai compris que ce n'étais pas le temps de me nuire alors j'ai communiqué en anglais.
    Je me suis senti humilié et un étranger au Canada. Comment réagirait un anglophone s'il vivait la situation inverse? Comment réagirait un italien, un grecque, un américain, alouette s'il n'était pas servi dans sa langue par son ambassade? Posez la question c'est y répondre. Se sentir étranger dans son propre pays n'est pas tolérable.
    Stefan Allinger

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mars 2012

    Je n'abandonnerai jamais totalement. Comme ici, je fais ma juste part http://depeches.ameriquebec.net/2012/03/10-defense-du-francais-les-jeunes-patriotes-du-quebec-vont-au-depanneur-aujourdhui.qc
    Mais bon, un jour il y aura peut-être un éveil. Peut-être que cet évènement du commis de dépanneur sera le début de cet éveil collectif.
    Vraiment, ma conjointe est mi suédoise mi canadienne anglaise, et elle est plus souverainiste que beaucoup de Québécois. Quand je lui ai fait entendre l'extrait du commis de dépanneur, vous auriez dû voir son visage. De la tristesse. Elle le sait, pour avoir vécu 2 ans au Québec, que sans indépendance, le Québec est foutu. Moi aussi je le sais.

  • Stefan Allinger Répondre

    10 mars 2012


    M. Racine,
    Votre moral est a plat en ce moment alors refaites vos forces comme un animal blessé en espérant vous revoir plus fort plus tard. Prenez votre temps, la lutte de notre nation va continuer pendant que vous vous reposez.
    C'est comme le vol des canards pour un long voyage. Celui à la tête du peloton prend tout le vent et se fatigue plus vite mais il y a toujours un suivant qui prend le relai lorsque qu'il va se reposer à l'arrière. En tout cas, vous comprenez le message.
    Il y a un certain réveille qui s'opère en ce moment au Québec concernant la langue française, les frais de scolarités, les gaz de schistes, l'environnement, la finance et la politique. Occupons Montréal et Québec a laissé des traces importantes l'an passé et les semences risquent de bourgeonner dans un futur proche. Les jeunes transportent plusieurs idées rafraîchissantes et on voit apparaître des nouveaux visages québécois dans les médias.
    J'ai aussi déjà éprouvé un découragement et une déprime face à l'avenir et je compatis avec vous. Aujourd'hui je trouve des façons de promouvoir l'indépendance à ma façon et toujours en gardant l'objectif d'avoir du plaisir à le faire. Petit à petit, c'est devenu agréable. Si manifester et combattre vous épuise alors ne le faites pas. Si les partis politique vous ennuient alors ne les joignez pas. Bref, faites ce qui vous tente quand ça vous tente. Regardez Guy Bertrand, il avait décidé qu'il combattrait l'indépendantisme avant de revenir en faire la promotion. C'est un projet de longue haleine et parsemé d'embûches.
    L'automne passé j'ai fait imprimer une bannière pour promouvoir la création d'équipes nationales du Québec. En marchant dans la rue, j'ai croisé quelqu'un qui a fini par me proposer de mettre mon affiche sur sa bâtisse. Aujourd'hui elle est là au coin de la rue Notre-Dame et Lebrun. Des milliers de passants la voie chaque jour. Je travaille maintenant à trouver d'autres endroits.
    Bonne réflexion!
    Stefan Allinger

  • Laurent Desbois Répondre

    10 mars 2012

    Et les résultats, anglicisation du Québec et le Génocide culturel des francophones au Canada.
    C’est quoi l’assimilation ? Les conséquences du mensonge à Trudeau-Durham !
    Il y a quarante ans, c’est pour cela que je suis venu vivre au Québec ! J’étais tanné de vivre en chialant tout les jours dans ce beau Canada et de voir ma belle famille s’assimiler et se faire bafouiller ! Je voulais juste être normal!
    Je dois malheureusement vous dire que le Québec ressemble de plus en plus à ce que j’ai quitté et cela m’attriste et me fait peur.
    L’assimilation c’est insidieux. C’est comme le cancer. Des fois quand on finit par le faire diagnostiquer, C’est déjà trop tard et même, la médecine de cheval ne suffit pas toujours !
    Voila la solution Canadian! Elle est très efficace !
    D’ailleurs , c’est la même chose au Canada !!!!
    Pour vous renseigner sur la disparition du français au Canada ainsi que toutes les lois qui ont été faites dans le ROC contre le français, par province, voir la référence ci-dessous:
    Le Génocide culturel des francophones au Canada
    Synthèse du déclin du français au Canada
    Par Pierre-Luc Bégin
    Résumé statistique : http://genocideculturel.lequebecois.info/apercu.html
    PDF : www.vigile.net/IMG/pdf/24-Genocide.pdf
    ISBN 978-2-923365-34-3
    Le système fédéral canadien est le tombeau du fait français au pays.
    Seule l'indépendance du Québec pourra assurer l'avenir du français en Amérique, et nous permettre de soutenir nos compatriotes du reste du Canada. L'ingérence continuelle du fédéral dans la politique linguistique québécoise, et son indifférence face à l'assimilation des francophones ailleurs le prouvent.
    Pour le reste, j’étais relativement bien au Canada !!!
    J’ai toujours des amis et de la famille au Canada. J’y retourne régulièrement, mais c’est comme aller en Chine, en Italie et je dirais surtout, aux USA.
    Laurent Desbois
    ex-franco-hors-Québec, d’origines acadiennes et métisses;
    fier Québécois depuis quarante ans;
    et canadian… par la force des choses et temporairement …. sur papiers seulement!

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mars 2012

    Monsieur Racine, c’est avec beaucoup d’empathie et de compréhension que j’ai lu votre texte. Comme vous j’ai quitté le Québec pour faire mon deuil de cette patrie qui est plus intéressé par le hockey que par son patrimoine.
    J’ai faite cette décision après avoir montré mon poing au patron anglais et après avoir demandé les mêmes droits, respect et mêmes opportunités que les anglophones alors que mes confrères francophones disparaissaient dans l’ombre.
    Malgré ceci, j’ai dit que j’allais avoir justice contre ce patron anglais et j’ai fait une plainte à la Commission des droits de la personne en soumettant un dossier incroyablement étoffé. Le dossier était trop gênant pour le patron anglais et la Commission l’a faite disparaître. Imaginez un CEO d’une grande compagnie anglophone qui aurait dû s’expliquer sur ces pratiques commerciales discriminatoires contre les francophones au Québec…. Ça ne peut se faire car il faut plaire au patron anglais…
    Il semble donc que pour pouvoir gagner sa vie au Québec dans le futur, il faut le faire en anglais. Alors moi j’ai dit si je dois vivre en anglais aussi bien le faire dans une province anglaise. Cela ne résout rien mais ça m’enlève cette envie de vomir…
    Je me demande maintenant combien existe-t-il d’exilés Québécois qui ont faites une croix sur le Québec. Il semble qu’on revient en arrière avec le départ de tous les patriotes du Québec après l’implémentation du rapport Durham. Combien de fois les Québécois vont-ils commettre la même faute ? Commettre les mêmes fautes, décennies après décennies, c’est vraiment un manque de courage national incroyable et nous méritons bien le titre de batracien, Ti-Coune…

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mars 2012

    Monsieur Racine
    Je comprends très bien votre grande déception envers le peuple québécois qui ne se soulève pas vite malgré toutes les écoeuranteries du gouvernement Charest et de celui de nos colonisateurs d'Ottawa qui sont plus ou moins que des dinosaures à être recyclés en pétrole, en Alberta. Pourquoi le peuple québécois ne profite-t-il pas de la grève des étudiants pour les supporter, en descendant dans la rue avec eux et pour exiger de Charest qu'il débarrasse la place publique au plus sacrant? Il y a une limite à faire rire de nous de la sorte par ces collabos, par ces carriéristes et par ces têteux de fonds publics. Je le redis: les Québécois ont été abandonnés et vendus par sa classe (?) politique afin de maintenir ses privilèges provenant du système fédéraliste "canadian" et de l'establishment de Bay Street. Québécois, dans la rue!
    André Gignac 9/3/12

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mars 2012

    Il ne faut pas abandonner la lutte, même si vous vivez en Suède. Je sais que ce n'est pas facile surtout quand on prend un peu de recul comme vous et qu'on réalise ce que pourrait être un Québec-pays au lieu d'être une province colonisée à la moëlle avec des radios-poubelles comme on en rencontre dans la supposée capitale dite "nationale" mais qui n'est rien d'autre qu'une petite ville de province frileuse et repliée sur soi habitée en grande partie par des collabos et dont le maire est un vendeurs de Gatetorade.
    Cela prend tout un moral pour endurer cela et forge le caractère.
    Mais on en a et on ne lâchera pas facilement le morceau.
    Pierre Cloutier

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    9 mars 2012

    @ S. Racine:
    En passant, concernant la Honte nationale dont vous parlez (où moi et d'autres contributeurs à Vigile habitons), disons que pendant bien, bien des années, les Montréalais aimaient bien angliciser leur ville, pour qu'elle fasse plus «branchée»... On disait au début de la décennie 1980, entre autres, que la métrrropôôôle Montréal était une ville «internationale» (?!?); que fallait que tu vives là pour comprendre ça (le concept en question était bien sûr, hors de la portée des rednecks de Québec, en «région»)...
    J'en aurais long à écrire là-dessus, mais pour faire d'une longue histoire une courte: je ne suis pas vraiment fier de la tournure qu'ont prise les choses à Québec, depuis le référendum de 1995, non. Mais que les Montréalais ne tentent pas de passer sous silence leurs propres années de bête anglicisation volontaire, au nom supposément de la modernité!