Je me souviens

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?



Il y a quelque temps, un journaliste déplorait l’amnésie des Québécois francophones et leur méconnaissance de notre histoire. Il s’agissait, selon lui, d’un triste constat, déplorable à plus d’un point de vue.
Et il concluait: «Évidemment, toutes les sociétés modernes sont amnésiques. La vitesse des changements, l’arrivée des immigrants qui ont leur histoire, l’accent mis sur une éducation "rentable", tout cela efface le passé. Partout en Occident, on ne vit que pour le moment présent. L’évocation du passé passe pour une nostalgie un peu quétaine [...] Mais pourquoi est-ce que cela semble plus fort au Québec?...»
Je ne voudrais pas contredire ce journaliste pour ce qui a trait au Québec, sans doute a-t-il raison et les sociologues devraient pouvoir expliquer ce phénomène, mais pour ce qui est des sociétés modernes et de l’Occident en général, je voudrais signaler l’existence d’un petit village gaulois, l’île de Cuba, où le culte du passé n’est pas contradictoire avec une projection dans l’avenir.
Cuba est résolument une société moderne et ouverte sur le monde. Oui, une île ouverte sur le monde, vous avez bien lu, mais pour cela il faut laisser de côté les stéréotypes et les préjugés habituels, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Il ne se passe pas une semaine à Cuba sans qu’il se déroule un congrès d’envergure internationale dans à peu près tous les domaines, médical, culturel, éducatif, alimentaire, scientifique, économique, touristique, sportif, environnemental, industriel et minier, etc. Salon international du livre de La Havane, Biennale des arts, Congrès Pédagogie, Salon de la caricature, Festival international du nouveau cinéma latino-américain, Semaine du cinéma français, Salon de la dégustation de rhum et de cigares, Salon de la gastronomie, Tournoi international de pêche à l’espadon, Conférence internationale sur la recherche neurologique, Festival international de jazz, Festival international Danzon, Tournoi international d’échecs, Conférence internationale des sciences de la terre, Rencontre internationale des économistes sur la mondialisation et les questions de développement, et j’en passe. Je vous le dis, il n’y a pas suffisamment de semaines dans une année pour accueillir toutes ces rencontres, ces congrès, ces rassemblements, ces compétitions, ces réunions et autres colloques, qui comptent bien souvent sur la présence de personnalités internationales et qui se déroulent dans des lieux idylliques. Et c’est sans parler des rencontres de travail entre universitaires de différents pays, y compris ceux du Québec.
Et pourtant, Cuba est une société où l’on vénère le plus ses héros. Pas une semaine sans qu’on honore la mémoire des martyrs des luttes de libération nationale, qu’il s’agisse de la guerre contre les Espagnols, au XIXe siècle, celle contre le dictateur Batista, ou celles, plus récentes, qui se sont déroulées sur d’autres théâtres, à l’extérieur des frontières nationales.
La devise de Cuba n’est pas «Je me souviens», comme au Québec, et pourtant le Cubain moyen se souvient. Les guerres sanglantes contre les colonisateurs espagnols, contre les sbires de la dictature, contre les voyous qui ont tenté de renverser la Révolution avec l’aide des États-Unis, tout cela ne fait pas partie de la « Grande Noirceur » mais d’un passé glorieux, car son histoire est une vraie épopée dont il n’a pas à avoir honte.
Qu’attendons-nous, au Québec, pour en faire autant?


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