Pour la première fois depuis 1976, une majorité de Québécois ne vote ni pour le Parti québécois ni pour le Parti libéral du Québec.
En effet, si nous combinons les projections actuelles pour la Coalition avenir Québec (CAQ) qui récolte un appui d’environ 35% et celles pour Québec solidaire qui va maintenant chercher 15% des électeurs décidés et enclins, tout en ajoutant les votes des autres petits partis comme le Parti conservateur du Québec, le Parti néo-démocrate du Québec et le Parti vert, on se retrouve avec quelque 54% de l’ensemble des intentions de vote.
Même si nos projections n’étaient pas rigoureusement exactes ou encore, même en tenant compte des marges d’erreur statistiques, on constate qu’il y a bel et bien une redéfinition majeure du paysage politique québécois.
Deux fronts électoraux
Nous assistons en fait à deux batailles électorales distinctes. La première déterminera quel parti formera le prochain gouvernement du Québec. Est-ce que ce sera le PLQ qui est traditionnellement l'option la plus fédéraliste pour les Québécois? Ou est-ce que ce sera la Coalition avenir Québec qui d’un côté renie toute notion de souveraineté ayant conclu qu'il est dans l'intérêt économique du Québec de rester au Canada, mais de l’autre, offre une vision beaucoup plus nationaliste du Québec au sein de la fédération canadienne.
Le CAQ profite d’un changement majeur dans l’humeur politique des Québécois pour tenter de rallier une partie des tenants du fédéralisme et une partie des tenants de la souveraineté pour ainsi prendre le contrôle du centre de l’échiquier politique québécois.
Il semble bien que pour le segment de la population qui vote pour le Parti québécois depuis plus d’une génération, mais qui voit actuellement cette formation comme une force vieillissante et quelque peu épuisée, et qui s’accommode de plus en plus de la présence du Québec au sein de la fédération, la CAQ constitue une vraie option.
Pour les électeurs modérés mais inquiets de l'option sécessionniste, il n’y avait qu'un seul vrai choix lors des élections des 45 dernières années, soit le Parti libéral du Québec. Mais avec le rejet très clair de l’option souverainiste par la CAQ et en raison aussi d’une certaine lassitude à l’égard des libéraux qui forment le gouvernement depuis presque 15 ans, le parti de François Legault devient pour eux aussi une option séduisante.
Face-à-face QS et PQ
La deuxième bataille oppose les deux partis souverainistes, le Parti québécois et Québec solidaire. Dans le passé, le PQ a souvent été une force très progressiste, défendant des valeurs sociales-démocrates dans le cadre de sa vision d'un Québec indépendant. Mais au fil des ans, une grande partie de ses membres et aussi de ses dirigeants ont vieilli et sont devenus plus conservateurs dans leur approche économique. Même si on peut être en désaccord avec cette évaluation, il reste qu'une grande partie de la force organisationnelle qui a toujours caractérisé le parti de René Lévesque, semble aujourd’hui s’être quelque peu atrophiée.
L'évolution des intentions de vote depuis le 17 août, selon Recherche Mainstreet.
SOURCE: RECHERCHE MAINSTREET
Québec solidaire est maintenant une option montante sur la scène politique québécoise, en particulier parmi les plus progressistes et parmi les plus jeunes. Il est à noter que dans nos sondages quotidiens, Québec solidaire se classe toujours autour du premier rang chez les électeurs de 35 ans et moins, tandis que le PQ occupe, lui, le quatrième rang.
Est-ce que la question de la force souverainiste dominante au Québec sera réglée le 1er octobre? Probablement pas. Québec solidaire peut-il gagner cette course ? Le temps nous le dira. Une chose semble cependant évidente. Alors que l’attrait politique de QS augmente, le PQ semble s'affaiblir. Que ce soit sur un seul cycle d’élections ou quelques cycles, il se livre actuellement une lutte déterminante pour la suite de l’histoire politique du Québec.
« Nous vivons une élection qui ne fait pas qu’offrir des choix politiques distincts aux électeurs. Il s’agit bel et bien d’une véritable petite révolution de la politique québécoise. »
— Steve Pinkus, vice-président Recherche Mainstreet
À l'autre extrémité du spectre politique, il faudra voir si la CAQ réussira à former le gouvernement à l’issue de cette campagne. Et si c’est le cas, comment se comportera l’équipe de François Legault entre un Parti libéral du Québec plus passionnément canadien et une force souverainiste consolidée, que ce soit le PQ, QS ou une version évoluée de ce mouvement.
Une chose est certaine. Nous vivons une élection qui ne fait pas qu’offrir des choix politiques distincts aux électeurs. Il s’agit bel et bien d’une véritable petite révolution de la politique québécoise.
À surveiller à compter d’aujourd’hui sur le Baromètre Élections 2018proposé par Recherche Mainstreet et les six journaux de Groupe Capitales Médias le lancement de nos sondages quotidiens dans les circonscriptions, sondages réservés aux abonnés. Aujourd’hui les intentions de vote dans Joliette, Maskinongé, Papineau et Vercheres. Demain Côte du Sud, Marie-Victorin, Richmond et Laviolette/St-Maurice.
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