Le discours a changé. Au début de la pandémie on parlait d’un mauvais moment à passer, maintenant on parle d’une vie à vivre, à deux mètres. Tout allait bien aller, il fallait juste aplanir la courbe. Après avoir réussi on allait déconfiner, revenir à la vie normale, mais rester prêt pour une possible deuxième vague à l’automne. Récemment on rapporte dans les médias qui y aura certainement une deuxième vague et que nous ne sommes pas prêts à y faire face. Moins qu’en mars? C’est peut-être du sensationnaliste journalistique, mais les autorités ne tiennent pas à donner l’heure juste. Maintenant il semble que ce soit politiquement intéressant de faire durer l’état de crise. Certes on déconfine, la pression est forte de la part des gens d’affaires, mais la distanciation sociale, on n’en voit pas la fin. Se laver bien les mains, tousser correctement, on comprend que c’est toujours nécessaire et le masque restera une bonne habitude quand on se sent malade. Par contre, vivre à deux mètres, ça ne peut pas durer. Les pédiatres, médecins spécialistes, ont même demandé d’abandonner cette règle pour les enfants.
Le gouvernement déconfine à peu près toutes les activités en insistant sur les deux mètres, mais en sachant très bien que la règle sera de moins en moins respectée aussi longtemps qu’il n’y aura pas de nouvelle explosion du nombre de contaminations. On voit que le gouvernement ne panique plus, il veut voir ce qui va se passer. Le gouvernement laisse aller, sauf dans le secteur de l’éducation où le ministère peut très bien contrôler la situation en imposant des pupitres espacés de deux mètres. Il est vrai que les enseignants n’ont pas vraiment fait de pression pour revenir en classe et que les parents ont été plutôt silencieux.
Cependant, la folie va trop loin. Le premier ministre a annoncé comme une bonne nouvelle que les enfants pourront revenir en classe à temps partiel en septembre. Une bonne nouvelle parce qu’on avait préparé l’opinion à un enseignement totalement à distance. Un sondage nous apprend maintenant que les parents préfèreront une présence à l’école un jour sur deux. C’est un jour sur deux plutôt que seulement des demi-journées ou une semaine sur deux. On sait que les parents voudraient l’école à temps plein mais il ne faut plus en parler, tout ça à cause du deux mètres.
Le Legault du printemps dirait : On voudrait que les écoles fonctionnent normalement à l’automne, elles se préparent à fonctionner normalement mais si la situation se détériorait gravement d’ici là on sera prêt pour l’enseignement à distance. La différence radicale d’approche entre l’éducation et les autres secteurs d’activités est suspecte.
Depuis plusieurs années il y a des pressions sur le gouvernement pour développer l’enseignement à distance. Les progrès technologiques permettent de réduire les coûts dans tous les secteurs d’activité, pourquoi pas en éducation? Les enseignants ont défendu et continueront à défendre la nécessité d’un contact étroit avec l’enfant pour réussir les apprentissages. Les ratios d’enfants par enseignant sont déjà très élevés. On dira qu’ils sont en conflit d’intérêt, qu’ils défendent leurs jobs. L’enseignement à distance ne passerait pas avec les parents s’il s’agissait de garder les enfants à la maison. Cependant, il serait facile de demander à un professeur d’enseigner à des élèves dispersés dans deux, trois ou quatre classes.
Une introduction progressive de cette innovation permettrait de répondre facilement à la pénurie actuelle d’enseignants, liée à l’immigration. Elle permettrait par la suite de ne pas remplacer les professeurs partant à la retraite.
Est-ce que les syndicats d’enseignants seront les seuls à résister? On fera miroiter à la population des baisses d’impôt, c’est-à-dire plus de voyages, plus de gadgets pour s’amuser. Après tout nos enfants sont des éponges et nos ainés ne s’ennuient jamais. La vie est belle au pays des Tabarnacos.
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