L'«entente»? À la poubelle!

Dans une tentative dérisoire de calmer le jeu, le gouvernement a jeté en pâture à la bande de radicaux qui orchestrent la fronde étudiante rien de moins que l'avenir des universités, de même que l'honneur de ceux qui les dirigent.

WOW - c'est le Grand Débrouillage...


La «sortie de crise» échafaudée par le gouvernement Charest a été lamentable en plus d'être incompréhensible - car enfin, compte tenu de l'appui massif de l'opinion publique, quel besoin avait-il d'en rajouter sur les concessions?
Dans une tentative dérisoire de calmer le jeu, le gouvernement a jeté en pâture à la bande de radicaux qui orchestrent la fronde étudiante rien de moins que l'avenir des universités, de même que l'honneur de ceux qui les dirigent.
Après avoir répété pendant des années que les universités étaient tragiquement sous-financées - c'était justement la raison première de la hausse des droits de scolarité -, voici que le gouvernement leur refile la facture, en s'engageant à ce que les surplus dégagés par d'éventuelles économies servent à diminuer la facture des étudiants.
En même temps, il invite les étudiants et leurs généreux alliés syndicaux à aller scruter les budgets des universités, accréditant par le fait même le préjugé selon lequel les recteurs jettent l'argent par les fenêtres.
Comme si une gestion plus serrée était le remède au sous-financement!
Comme si les universités n'étaient pas déjà soumises à de multiples contrôles, de leurs conseils d'administration au ministère de l'Éducation en passant par leurs vérificateurs généraux!
Il y a sûrement du «gaspillage» dans les universités, comme il y en a dans toutes les grandes organisations. Mais s'il y a des économies à faire, ce n'est pas à des intervenants non qualifiés de décider où «couper».
Et s'il y a des surplus, c'est dans les budgets universitaires qu'ils devraient être reversés, pas dans les poches des étudiants dont le gouvernement disait, à l'époque où il n'avait pas encore perdu la boussole, qu'ils devaient faire leur «juste part».
En prenant au mot les leaders étudiants qui prétendaient qu'on pourrait maintenir le gel des droits en réduisant certaines dépenses universitaires, et en les mettant au défi de le prouver, le gouvernement a cru jouer au plus fin, mais ce faisant, il contredit tous ses discours antérieurs.
Ce sont nos universités - les plus pauvres au Canada - qui feront les frais de ces tactiques minables. Au fait, comment les représentants de la Conférence des recteurs ont-ils pu avaliser ce mauvais scénario? Comment ont-ils pu accepter de compromettre l'autonomie de leurs institutions?
Ainsi donc, nos apprentis sorciers deviendront des apprentis gestionnaires. Ce «Conseil des universités» comprendra quatre représentants étudiants, auxquels il faut ajouter les quatre représentants du «milieu syndical», lequel, rappelons-le, a financé la fronde.
En face, six représentants de la Conférence des recteurs, auxquels s'allieront peut-être les deux représentants du «milieu patronal». C'est donc kif-kif. (Les deux autres membres représentent respectivement les cégeps et le Ministère).
On notera que dans ce Conseil portant sur l'université, il ne se trouve aucun représentant des professeurs d'université. Mais sans doute la CSQ et la CSN pallieront-elles ce vide en déléguant au Conseil des enseignants choisis parmi ceux qui ont soutenu les «grévistes», au mépris des intérêts de leurs autres étudiants.
Bonjour la foire d'empoigne autour des notes de frais et de l'utilité des voyages. On peut tenir pour acquis qu'aucune de ces discussions ne restera secrète, et que des fuites dans les médias alimenteront la grogne populiste contre les vilains patrons des universités.
Cette entente a eu le sort qu'elle méritait. Les étudiants n'en veulent pas. Il ne reste plus au gouvernement qu'à la jeter à la poubelle, et le plus tôt sera le mieux.


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