L'État policier de la loi 78 s'affiche sans honte à Montréal occupée

Ce soir le monopole de la violence légale de l’État bourgeois s’étale à la face de ceux qui devraient être effrayés et qui pourtant ne le sont pas.

Grand Prix du Canada à Montréal 2012


RÉPRESSION ET ARRESTATIONS MATINALES
La ville de Montréal somnolait encore alors que les arrestations avaient
débuté tôt en matinée. Des cortèges de voitures noires aux vitres teintées
s’étaient immobilisées devant la résidence de quelques enfants présumés
manifestants; des phalanges de policiers armés, garde-chiourmes de l’État
policier, s’étaient précipitées à l’assaut pour perquisitionner, fouiller,
arraisonner et intimider.
CALLGIRLS, SMOKNGS, VOITURES RUTILLANTES ET MATRAQUES
À dix-huit heures pile, les chefs d’antenne des bulletins télévisés
souriaient benoitement – jaune niais – devant le récit des exploits des
fossoyeurs de la pseudo « démocratie » hypocrite. Quatre rangées de fiers à
bras casqués, blindés, armés et enragés entouraient leurs maîtres de
couronnes de protection. Pourquoi ces chiens de garde de l’État bourgeois
feindraient-ils d’être désolés devant l’arbitraire injustifié des policiers
venus protéger la liberté des riches de festoyer somptueusement à l’Arsenal
de Verdun, au cœur d’un quartier populaire, tout près du quartier
Saint-Henri de la misère ?
Autour de cette cage dorée où sont enfermés ces quelques dizaines d’invités
à mille dollars le couvert, les dames au décolleté ravageur, les gros
bonnets en complet cravate, ceux qui vivent en s’accaparant la plus-value
ouvrière, en spéculant à la bourse et en flouant les gouvernements qui leur
sont assujettis, s’épandent quatre rangées de piétaille armée. D’abord les
fiers à bras de sécurité privée chargée de tenir loin les enfants et leurs
parents trop pauvres pour se payer ces agapes. Quelques mètres plus loin,
engoncés dans leurs armures de robocops, dos aux invités, l’armée de
réserve des policiers masqués de la SQ. Cent mètres plus loin, la troisième
rangée d’estafettes grassement payées, matraque au poing prêtes à cogner
sur les adolescents trop entreprenants; et enfin un quatrième contingent de
policiers mobiles chargés d’effectuer les arrestations « préventives » sur
présomption de dangerosité… Vous savez ces gens portant le carré rouge, le
policier ne sait jamais ce que pense l’homme au carré rouge.
Interdiction de manifester à Montréal et dans les rues du Québec, la
nouvelle vient de tomber. Le plein poids de la loi 78 s’est abattu sur les
quelques centaines d’adolescents rassemblés à une intersection de la ville
ce vendredi 7 juin 2012 à 18 h 00. Les quelque trois cent jeunes regroupés,
prêts à manifester et déjà suspectés et condamnés ont été encerclés par la
meute hurlante des policiers masqués, vitupérant, frappant, arraisonnant,
appréhendant quelques adolescents au hasard de leur apparence, de leur
profil racial ou social, tout cela étant parfaitement illégal selon leurs
lois bourgeoises. Mais la loi bourgeoise n’est pas faite pour la justice et
la liberté, elle a été forgée pour maintenir l’illusion de l’équité et si
elle pêche et empêche d’arraisonner, alors l’État policier la met sous le
boisseau et matraque à vau-l’eau. Ce soir l’hydre fasciste a retiré son
masque et exposé son visage hideux que le commentateur de la télé recouvre
de son approbation flagorneuse.
FESTIVITÉS FRIVOLES ET ARRESTATIONS MUSCLÉES
Les policiers déchaînés, menottent et fouillent sans raison tous ces gens
qui n’ont pas encore commencé à manifester. La souricière bien cadenassée,
la flicaille pourfend les rangs des « pas encore manifestants » pour
appréhender le récalcitrant, celui qui semble plus révolté que les autres
face à l’injustice de la police; celle qui semble avoir plus soif que les
autres de justice. Ce soir le monopole de la violence légale de l’État
bourgeois s’étale à la face de ceux qui devraient être effrayés et qui
pourtant ne le sont pas.
Ils ont eu froid dans le dos, mais, finalement, les riches et leurs affidés
ont festoyé. Le chef d’antenne gardera son emploi et son patron aura sa
réception. Le petit journaliste anxieux s’en informa d’ailleurs auprès de
son cancre de service; son porte-voix sur place confirma que les clameurs
des coups de matraque de l’extérieur ne perturbaient nullement les
millionnaires venus fêter le dictateur de la Formule 1, Eaglestone
savourant sa victoire et réclamant de ses suzerains l’obole qu’il exige
pour revenir parader l’an prochain (23 millions de dollars supplémentaires
aux 75 millions déjà versés) (1).
Les étudiants paieront davantage pour s’instruire et Eaglestone recevra
davantage pour venir s’afficher avec ses poulains et ses catins grimées, en
ce lieu stigmatisé, juste après s’être déshonoré au Bahreïn sous la
protection de l’armée d’occupation d’un roi de la tribu Saoudienne. À
Montréal, le gouverneur de la colonie s’appelle Tremblay et il s’agite à
rassembler la rançon exigée par le poltron Bernie le NAZI tandis que
l’adjudant implore les manifestants de ne pas gâcher le party des
puissants.
Détrompez-vous, ce n’est pas pour la Formule Un, ni pour le droit
d’afficher sa soumission que la flicaille s’encanaille ce soir. Ce qui est
en jeu est bien plus sérieux. C’est pour défendre la dictature des riches
et leur droit de s’amuser – champagne et caviar à volonté – pour le droit
de pavaner en Ferrari et grosses cylindrées, d’afficher leur opulence et
leur arrogance sans être dérangés par la populace appauvrie et enragée que
la police est mobilisée et qu’elle remplit sa charge au service de ses
maîtres (2).
LE DERNIER REMPART
Les troupes policières représentent le dernier rempart entre la nouvelle
aristocratie qui possède, festoie et prospère et les représentants du
peuple qui sont invités à retourner à leur besogne, vendre leur force de
travail, peiner, étudier pour devenir chômeurs non assurés. Les médias à la
solde ont charge de faire accepter la répression des libertés et cette
dichotomie sociale comme normale et inéluctable. Vous les pauvres,
contemplez les riches, vous pouvez les envier mais pas les molester. Allez,
circulez vers vos quartiers de pauvreté, vous avez assez contemplé ceux que
Dieu a désignés pour vous commander.
N’ayez crainte, piétaille et flicaille, entourez bien vos maîtres et
protégez les bien pendant que nous vous assiégeons pour vous afficher notre
dédain d’ouvriers dépouillés, maltraités, taxés, imposés, chassés des
hôpitaux, des centres d’assurance chômage, des universités privatisées et
de tous les centres de services publics… nous reviendrons plus nombreux,
plus déterminés.
(1) https://gaetanpelletier.wordpress.com/2009/11/30/f1-et-on-nous-roule-a-montreal/
(2) http://video.eurosport.fr/formule-1/news-gp-canada_vid235344/video.shtml
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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