L’inacceptabilité sociale de la culture du secret

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PLQ : paternalisme et mépris






Selon Le Devoir du 13 mai, le ministre Pierre Arcand cherche à définir la notion d’acceptabilité sociale, clé de voûte de tout projet de développement des ressources naturelles. Il a lancé une consultation publique là-dessus même s’il fait maintenant du rétropédalage pour qualifier l’étape actuelle de préconsultation et de rencontres à huis clos.


 

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) peut dès maintenant lui suggérer un élément essentiel à l’acceptabilité sociale de la première étape de son projet de consultation : ne pas se réfugier derrière les portes fermées et ne pas exclure les journalistes des tables de discussion qui viennent de commencer.


 

C’est pourtant ce qu’il a fait lundi dernier, en refusant la présence d’un journaliste du Devoir à la toute première table de discussion du Chantier sur l’acceptabilité sociale des projets miniers et énergétiques.


 

En se cachant du regard médiatique, le ministre Arcand a donné dès le départ un air louche aux tables de discussion. Est-il vrai, par exemple, que « l’idée de dire “non” à certains projets serait pour ainsi dire "évacuée" des discussions »,comme l’a confié au quotidien un participant sous le couvert de l’anonymat ?


 

Doit-on croire le ministre sur parole lorsqu’il nie que ce soit le cas ? Ne vaudrait-il pas mieux, pour rassurer les citoyens, que les journalistes puissent témoigner de ce qu’ils entendent sur place ? Autrement, comment le public peut-il savoir que ces tables ne sont pas biaisées ou que les orientations qui en découleront ne sont pas déjà écrites ?


 

L’entêtement du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles à tenir les journalistes à l’écart repose malheureusement sur une vision méprisante de la démocratie. Un événement public est un « danger », affirme-t-il, sans se rendre compte apparemment de l’énormité de cette assertion générale.


 

Il évoque un exemple anecdotique où des experts choisis par le gouvernement ont mentionné lors d’une table de consultation l’idée de hausser certains tarifs. « Ça s’est retrouvé dans les journaux. Et le danger avec cela, c’est que les citoyens viennent nous voir en disant que le gouvernement a pris la décision », ce qui ne serait pas le cas selon lui. Le ministre laisse ainsi entendre que le public comprend mal l’information quand elle circule.


 

Pour s’éviter de semblables ennuis, le ministre préfère donc empêcher les citoyens d’obtenir une information d’intérêt public sur des enjeux cruciaux au cas où certains en saisiraient mal le sens ou la portée.


 

Comment appelle-t-on cette attitude ? Du paternalisme ? Du mépris ? Chose certaine, c’est de la méfiance à l’égard de la transparence et de la démocratie. Elle se traduit malheureusement et forcément par des entraves à la liberté de presse.


 

Mercredi, le Parti québécois et Québec solidaire ont déposé une motion pour exiger du gouvernement « que les consultations et les travaux du Chantier sur l’acceptabilité sociale soient menés de façon transparente, ouverte et publique, tant aux citoyens qu’aux représentants de la presse ».


 

Il est ironique de voir que cette motion a été adoptée de manière unanime, mais que le ministre Arcand a délibérément choisi de ne pas l’appliquer à la série de tables de discussion qui sera menée jusqu’au 21 mai.


 

En somme, Pierre Arcand convie les citoyens, souhaite nourrir sa réflexion, mais insiste pour garder les journalistes à l’écart. Il est déplorable de constater que le ministre Arcand a choisi une transparence à deux vitesses pour le Québec.







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