L’indépendance du Québec en 6 menteries

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Le retour de Catherine Dorion : Le titre de son article est maladroit (c'est la «job» du journal), mais le texte est bon





J'ai poussé la porte de la Cinémathèque québécoise, à l'épicentre du milieu culturel montréalais. À l'intérieur, plein de beau monde, quelque chose comme « la clique du Plateau ». Tous étaient là pour assister à une table ronde sur la question nationale.


En m'installant sur ma chaise avec un petit sourire gêné, je me suis dit : « Cool. Même ici on ose encore donner à cette idée un peu d’amour. »


Mais j’ai vite trouvé que ça ne levait pas. Allait-on, ou non, parler de la question nationale? En fait, on n’en parlait que pour dire de quelle manière il fallait en parler. Tout tournait autour de « Nous voulons un pays, MAIS nous ne sommes pas frustrés, MAIS nous ne sommes pas racistes, MAIS nous n’avons rien contre la langue anglaise. »


Je soupirais d’impatience. « Merde, les gars, me disais-je, des centaines de personnes sont venues vous écouter en espérant se faire servir autre chose que des histoires de voile et de crucifix! Donnez-leur du jus! Montrez-leur c’est quoi, l’indépendance du Québec vue par la gauche! »


Si la gauche n’arrive plus à parler d’indépendance qu’en disant « Nous sommes indépendantistes, MAIS nous ne sommes pas la droite », c’est donc signe que la droite a réussi à s’emparer complètement de la question nationale québécoise. Et ça, c'est vraiment triste. C’est comme si le projet d’indépendance du Québec avait perdu la moitié de son corps.


C’est peut-être pour ça qu’il est, depuis 1995, incapable de mettre un pas devant l’autre.


Heille! Je me rends compte que je suis en train de faire, dans ce billet, exactement la même chose. Je suis en train de vous dire : « Voici comment il ne faut pas parler d’indépendance du Québec. »


Je me corrige drè-là, et je vous shoote du concret.


Voici donc quelques faussetés à enlever de notre pare-brise collectif pour nous clarifier la vue. Que du positif, mesdames et messieurs, vous allez voir, ça fait du bien. (Les chiffres sont de 2014.)


Menterie # 1 : "On est trop minus pour faire un pays."


Le Québec est plus populeux que la moitié des États du monde. Il possède une économie et un territoire qui surpassent ceux d'environ 90% des pays du monde.


Avec la multiplication des traités de libre-échange, on n’a plus besoin d’appartenir à un gros ensemble fédéral. Le gros ensemble, aujourd'hui, c’est la planète. D'ailleurs, les États de taille moyenne sont ceux qui s'en tirent le mieux : 9 des 10 pays les plus riches au monde sont plus petits ou comparables au Québec en taille économique.


Menterie # 2 : "Le Québec est une province de B.S. Il a besoin de la péréquation pour survivre."


La péréquation représente, pour le Québec, 5 milliards de dollars par année (rien par rapport à la cinquantaine de milliards qu’il envoie annuellement à Ottawa).


Les économies qu’un Québec indépendant ferait en ne finançant plus deux niveaux de gouvernement en même temps (dont les rôles se dédoublent trop souvent dans une concurrence politique malsaine qui gaspille beaucoup d’énergie) s’élèveraient à 7 milliards de dollars par année. Et ça, c’est sans compter l’argent que le Québec ne mettrait plus dans les subventions aux sables bitumineux albertains, à l’industrie automobile ontarienne, à l’achat d’avions de guerre, etc.


Ce qui fait que votre chèque de B.S. de 5 milliards, vous pouvez vous le garder.


Menterie # 3 : « L’ère est à l’union, pas à la séparation! »


Depuis le référendum de 1980, 40 nouveaux pays ont fait leur entrée à l’ONU. Ce n’est pas politiquement que les États s’unissent aujourd'hui, c’est économiquement. Le Québec, qui exporte environ la moitié de ce qu'il produit (contrairement à 35% pour le Canada et 12-13% pour les ÉU) n’a aucun problème du côté de son intégration économique, et ça continuerait comme ça pour un Québec indépendant.


Menterie # 4 : « Le Québec a une voix maintenant dans certaines grandes organisations internationales! »


Le Québec siège seulement dans deux grandes organisations internationales où il n'a le droit de s’exprimer que s’il est d'accord avec le Canada. (À quoi ça sert?) Les Québécois participent donc, avec leurs impôts fédéraux, à financer une armée ($) et des délégations de diplomates canadiens ($) qui se rendent à l’ONU, à l’OMC, à l’OTAN, etc, pour y défendre des valeurs et des intérêts qui ne sont pas les leurs.


Pendant ce temps, le Québec demeure coupé de toute participation active à cette mondialisation qui est en train de lui passer sous le nez. Et si c’était le Canada qui nous refermait sur nous-mêmes?


Menterie # 5 : "Un Québec-pays serait bien trop endetté!"


Le Québec est moins endetté que la moyenne des pays de l’OCDE, qui regroupe les quelque trente pays les plus riches de la planète. Nous n’aurions pas un pays parfait, mais nous aurions un pays normal.


Menterie # 6 : « Nous ne sommes pas différents des autres canadiens. »


Le Québec pense-t-il différemment du Canada? Regardez ces cartes de la Boussole électorale qui ont été réalisées en 2011. (Je vous les mets ici car elles ne sont plus disponibles sur le site de la Boussole électorale.) On pourrait peut-être se faire des lois qui nous ressemblent, au lieu de laisser un autre peuple décider de ce qui est bon pour nous? Je dis ça de même.






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