ÉDUCATION

L’injustice faite aux enfants pauvres

Les écoles à vocation particulière nuisent aux établissements en milieu défavorisé, dit le Conseil supérieur de l’éducation

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Un système à revoir de fond en comble

Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) juge que le système d’éducation au Québec, en raison de la forte présence des écoles privées et de la concurrence des écoles secondaires publiques à vocation particulière, accentue les inégalités au détriment des élèves issus des milieux défavorisés. En fait, c’est au Québec que le réseau scolaire est plus inéquitable au Canada.

C’est ce qui ressort du rapport intitulé Remettre le cap sur l’équité que le CSE vient de rendre public sur l’état et les besoins de l’éducation 2014-2016. «On parle de la concurrence entre le privé et le public, de la mise en place de projets particuliers sélectifs qui contribue à faire en sorte que nos classes sont de plus en plus homogènes et à concentrer dans la classe ordinaire de l’école publique les élèves les plus vulnérables», a résumé la présidente par intérim du CSE, Lucie Bouchard.

« La concurrence en éducation est indissociable de la perception que toutes les écoles ne sont pas équivalentes : elle alimente donc la crise de confiance qui fragilise le système public », peut-on lire dans le rapport de 100 pages.

« Cette crise de confiance accentue la tendance à regrouper les élèves selon leur profil scolaire et socioéconomique. Il en résulte une forme de ségrégation qui conduit à un système d’écoles à plusieurs vitesses. L’écart se creuse entre les milieux : certains établissements ou certaines classes sont considérées comme moins propices à l’apprentissage (les familles qui le peuvent les fuient) et les conditions de travail y sont plus difficiles (les enseignants qui le peuvent les fuient également) », poursuit le CSE.

Il y a donc une école à trois vitesses : le réseau privé, les programmes particuliers ou enrichis de l’école publique, qui s’appuie sur la sélection des élèves, et le programme ordinaire de l’école publique.

Le pourcentage d’élèves des écoles secondaires publiques inscrits dans des programmes particuliers est passé de 14,4 % en 2002-2003 à 17,2 % en 2012-2013. Mais cela ne tient pas compte de programmes particuliers ou enrichis qui sont offerts par les écoles sans que le ministère n’en soit informé. «Il est donc impossible d’obtenir ou de dresser un portait complet de la situation», note le CSE.

En outre, c’est au Québec que la proportion d’élèves qui fréquentent l’école privée est la plus importante au Canada, soit 21,5 %, contre 7,8 % pour l’ensemble du Canada, l’école privée étant subventionnée au Québec alors qu’elle ne l’est pas ou peu dans les autres provinces. Au secondaire, cette proportion atteint 39 % à Montréal et 42 % à Québec.

Une étude citée par le CSE montre que 72 % des élèves dans les écoles privées viennent de milieux favorisés (revenu familial de plus de 100 000 $), 21 % de la classe moyenne (revenus familial entre 50 000 $ et 99 999 $) et 7 % des milieux modestes (revenus familial de moins de 50 000 $).

« Les écoles privées et les écoles publiques qui offrent des projets particuliers sont concentrées dans les zones urbaines et dans les milieux de classe moyenne et les milieux favorisés» , souligne-t-on.

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