Girls on crack ou la compromission des québécois pour un stade

L'instinct présent

Tribune libre

Il y a quelques années je discutais avec un ami sur les raisons pour lesquelles je doutais qu’un jour le Québec parvienne à sa souveraineté. Pour supporter ma thèse, je soutenais l’argument que les Québécois manquaient de fierté pour leurs origines.
À ma déception cet argument tient fortement le coup. Certes, les Québécois pensent vivre dans une démocratie, mais ils ont tort. En fait, le système politique qui les gouverne ressemble davantage à un régime féodal où le seigneur règne selon son bon plaisir.
Pis encore, celui-ci exploite savamment les instincts de la masse afin de l’asservir. Alors qu’on s’attendrait que le premier ministre défende contre vents et marées les intérêts de son peuple, celui-ci gouverne continuellement celui-ci à coups de bâillon.
Dans sa bassesse, le peuple en redemande, l’exploitation de son appétit pour le divertissement amène celui-ci à se compromettre volontiers. Effectivement, comme une prostituée en manque de crack (par lâcheté ou par intérêt), de nombreux de sujets du royaume québécois sont prêts à se déshonorer pour satisfaire l’ « instinct présent ».
Je trouve dommage qu’on soit prêts à piétiner notre système légal et qu’on fasse encore appel à des décisions autocratiques pour nous gouverner. Pis encore, au cœur même de ce qui devrait constituer le siège même de notre pseudo-démocratie.
Certes, je ne suis pas contre le divertissement, mais je suis certainement contre la dictature.


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2 commentaires

  • Yves Rancourt Répondre

    7 septembre 2011

    Je suis globalement d'accord avec votre analyse mais vous me permettrez d'ajouter quelques mots. Je suis personnellement renversé de voir des gens ayant une bonne instruction, et se disant bien informés, ramasser dans le premier journal venu un certain argumentaire sur un dossier d'actualité et en faire sien, sans se poser les plus élémentaires questions sur ledit dossier ou tenter de voir un plus loin. Et ces propos ne s'adressent pas à vous, croyez-moi, puisque je ne vous connais pas. À titre d'exemple, on va crier au scandale pour le dossier de l'amphithéâtre( où l'État paiera 50% de la facture) alors qu'on n'a pas dit un seul mot sur les 260 millions de $ investis par l'État( 100% de la facture) pour financer la nouvelle salle de concert de l'OSM; et c'est sans oublier les 250 millions que le gouvernement a décidé d'ajouter via Loto-Québec pour financer les opérations de l'orchestre. Tout ça pour faire plaisir à la famille de Paul Desmarais qui préside au destin de l'OSM, et à la petite aristocratie montréalaise qui, comme vous le savez, fréquente assiduement ces hauts lieux pour faire "high class". Reconnaissez avec moi qu'on n'a pas entendu beaucoup de gens soulever de telles questions à ce sujet.
    Mais quand il s'agit d'un équipement pouvant faire répondre aux vils besoins du "p'tit peuple", alors là on est prêt à monter aux barricades. Beaucoup, même parmi les souverainistes les plus convaincus, n'ont pas vu non plus que, parmi les opposants au projet, plusieurs ne voulaient surtout pas que l'on ramène à Québec une équipe aux couleurs du drapeau québécois, un symbole identitaire fort capable d'attiser la flamme souverainiste chez les francophones québécois. D'autres n'ont jamais compris que les arguments contre le projet avaient pour la plupart été suggérés par des concurrents de Québécor( Radio-Canada et autres) pour ne pas perdre leur marché. Et je pourrais ajouter beaucoup d'autres dimensions à ce dossier, dont ce fameux(!) projet de loi 204 qui a viré le Québec à l'envers alors que pendant ce temps on ne disait pas un seul mot du projet de loi 205 qui voulait permettre à la famille Bronfman d'échapper à certaines obligations fiscales.
    Vous avez bien raison de douter que le peuple québécois puisse un jour opter pour la souveraineté. Pour y arriver, il faudra d'abord qu'il réussisse à échapper à cette manipulation facile des médias fédéralistes sous le contrôle de l'oligarchie, ces mêmes médias qui en moins de trois semaines ont réussi à convaincre le peuple québécois de rejeter le politicien le plus populaire du Québec.
    Mes salutations respectueuses à vous.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 septembre 2011

    Évidemment triste car le problème est plus grave que les gens ne le pensent. On endosse n'importe quoi (même des choses qui relèvent du crime) pour satisfaire son ego et maintenir un statut social qui est un peu supérieur au voisin qu'on se plaît à humilier. En effet, lorsqu'on regarde le taux de Québécois vivant en bas du seuil de la pauvreté, se mettre à gueuler pour un amphithéâtre devient de la pure provocation. Et ne me dites pas qu'il ne s'agit pas dans une bonne proportion du but de l'exercice.
    Mon père disait que s'il y avait un au-delà de cette vie sur terre, certains étaient pour payer dans cet au-delà pour ce qu'ils ont fait subir aux autres.