La bombe à retardement

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C'est la CAQ qui doit le plus craindre le retour de PKP

Quand Jean-François Lisée a qualifié Pierre Karl Péladeau de «bombe à retardement» pour le Parti québécois (PQ), en janvier 2015, il ne se doutait pas que cette bombe lui éclaterait en plein visage en 2018, à la veille d’un sondage défavorable et à quelques jours du Conseil national de son parti.


Les ingrédients étaient sur le fil Twitter depuis quelques semaines, mais c’est à l’émission Médium large, de Catherine Perrin, que ça s’est passé. Sans crier gare, PKP a ouvert la porte à un retour en politique.


Évidemment, il n’a pas demandé la démission de Jean-François Lisée. «Nous avons un chef au PQ, c’est Jean-François Lisée. Moi, j’ai toujours été attentif à la collégialité» et blablabla… Ce qui a fait rigoler l’animatrice tellement ça faisait bon militant loyal. Mais tous les propos qui avaient précédé annonçaient un retour possible du grand patron de Québecor. Il s’est dit «en réserve de la république», il a rappelé que ce n’était pas son choix de quitter la direction du PQ en mai 2016, il a dit que la garde partagée de ses enfants se passe bien, qu’il est possible de concilier la politique avec la famille, et il a révélé que sa fille de neuf ans lui a dit la semaine dernière qu’il devrait se présenter.


Comprenons-nous bien, ça ne veut pas dire que Péladeau va revenir en politique. Mais le message que ça envoie aux péquistes, c’est qu’il est encore là et qu’ils peuvent compter sur lui au besoin.


L’ancien ministre péquiste Yves-François Blanchet, devenu commentateur au Club des Ex, n’en revenait pas en matinée de constater que Péladeau ait fait de telles déclarations sans révéler que ses journaux étaient sur le point de publier un sondage à l’approche du Conseil national du PQ. Et sans prévenir Jean-François Lisée… Par contre, Blanchet a déclaré que le PQ avait besoin d’un «électrochoc» et que Péladeau était un «turbo survolté».


Question : où ça nous mène tout ça si ça va quelque part? Personne, pas même les députés proches de PKP, ne semble le savoir. Yves-François Blanchet a toutefois fait remarquer que le patron de Québecor ne peut pas revenir en politique tant qu’il n’aura pas remboursé au PQ, à coups de contributions maximales de 500 $ par militant, la dette de 122 000 $ qu’il a contractée pour devenir chef en 2015. À moins qu’il la rembourse de sa poche, ce qui le mettrait en contravention avec la loi électorale et lui vaudrait une amende, toujours selon Blanchet.


Du côté libéral, c’est l’euphorie à l’idée d’un tel retour qui signifierait peut-être une remontée du PQ dans les intentions de vote, au détriment de la Coalition avenir Québec. «J’en rêve la nuit», a confié un apparatchik.


Toutefois, ce que les libéraux et les caquistes ont négligé de faire en prévision d’un tel scénario, c’est de proposer des réformes au code d’éthique des élus comme l’avait recommandé le commissaire à l’éthique Jacques Saint-Laurent. Interrogé en commission parlementaire sur la présence de barons de presse en politique, M. Saint-Laurent avait été incapable de statuer puisque le code d’éthique n’avait pas prévu de tels cas. Il avait donc invité les partis politiques à se pencher sur cette question.


Évidemment, les élus ont oublié tout ça après la démission-surprise de M. Péladeau.


Nous revoici donc revenus à la case départ. Peut-on diriger simultanément un parti politique ou un gouvernement tout en étant propriétaire du plus gros empire de presse du Québec? La question demeure la même et la réponse du principal intéressé est prévisible. 


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