La CAQ : bas les masques !

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La CAQ avance-t-elle dans les sondages en raison du passage à droite de l'électorat ?

L’illusionniste Luc Langevin a publié début mars La science de l’illusion. Il y révèle quelques-uns de ces trucs qui nous échappent, mais qui finissent par engourdir notre cerveau reptilien. J’entendais justement ce grand magicien raconter qu’une grande partie du succès d’un illusionniste consiste à attirer l’attention du spectateur sur un geste posé par la main droite alors que c’est la gauche qui s’active à tout autre chose.


Depuis plusieurs mois, je me posais des questions au sujet de la Coalition avenir Québec. Je crois avoir finalement trouvé une explication, qui est celle-ci : je soupçonne fortement Luc Langevin d’avoir livré, en primeur, plusieurs chapitres de son livre à la CAQ et à ses conseillers en communications.


Il faut en effet se rendre à l’évidence. La CAQ réussira-t-elle à faire encore longtemps illusion en flashant à gauche pour tourner à droite ? Car force est de constater que ce parti est en passe de réaliser l’une des plus formidables mystifications politiques des dernières décennies. Grâce à une communication publique contrôlée de brillante façon par des experts en la matière, la CAQ a réussi à se présenter comme la principale alternative à un parti libéral empêtré dans la corruption et vassalisé par les grandes fédérations médicales.


C’est bel et bien la vraie nature de la CAQ qui semble échapper aux électrices et électeurs québécois. Jusqu’à maintenant, le Bon cop a réussi à cacher le Bad Cop ! Il y a du Langevin, pour ne pas dire du Messmer là-dedans ! En passant, avez-vous vu récemment le député Éric Caire – que j’appelais dans le temps Urti Caire ?  On le cache, celui dont Le Devoir du 22 avril 2009 titrait: Le Québec doit virer à droite, selon Caire ? Jusqu’au moment où on pourra le sortir au grand jour, lui et ses semblables.


Peu importe qu’elle dise une chose et son contraire, qu’elle soit en quelque sorte le club ferme du Parti libéral en lui fournissant des ministres vedettes comme Anglade, Sébastien Proulx ou Barrette, ou encore qu’elle soit le refuge de libéraux déçus, par exemple dans l’élection partielle de Jean-Talon où a été élue Geneviève Guilbeault, encore récemment active dans les cabinets libéraux, celle-là même qui disait récemment « encourager beaucoup le modèle d'affaire que sont les garderies privées non subventionnées », la CAQ réussit ce tour de force d’en arriver à faire croire qu’elle se situe aux antipodes du Parti libéral et qu’elle représente ce changement auquel disent aspirer nos concitoyens.


Ce parti a depuis longtemps trouvé son inspiration chez les thuriféraires du démantèlement du modèle québécois qui officient à l’Institut économique de Montréal. L’alliance est maintenant consommée avec l’arrivée de Youri Chassin, économiste de la droite la plus engagée et directeur de la recherche de cet Institut, comme candidat de ce parti. On l’a vu sur toutes les tribunes pourfendre les libéraux qui, à ses yeux, avaient augmenté de façon scandaleuse le salaire minimum à 11,25 $. L’IÉDM soutenait aussi que ce sont des entrepreneurs qui vont sauver notre système de santé en le privatisant…


La CAQ n’est pas seulement illusionniste. Elle est aussi contorsionniste : dans un même élan, elle baisse les impôts et améliore les services publics !



Le modèle social-démocrate québécois


L’élection d’octobre représente donc un tournant majeur pour l’avenir du Québec. Les Québécoises et les Québécois sont, à raison, fiers du modèle mis en place depuis près de 60 ans maintenant. Ce modèle est bien sûr perfectible, surtout quand on constate l’état dans lequel il se retrouve après les assauts d’austérité auxquels les libéraux l’ont soumis. Mais l’urgence de l’heure consiste à bloquer la route à cette Coalition dont l’objectif inavoué est d’achever la déconstruction entreprise par le PLQ de Charest et Couillard.


On connaît cette histoire d’un loup affamé rôdant autour d’un troupeau d’agneaux. Or, le berger montait si bien la garde que le loup ne pouvait s’en approcher. Un jour, le loup trouva une peau d’agneau abandonnée. Ravi de l’aubaine, il l’enfila et se mêla au troupeau. Tout le monde crut que c’était un mouton.


La nuit venue, le berger décida de sacrifier un animal pour son souper. Il vit un mouton qui s’approchait lentement de sa cabane. Comme le déguisement était parfait, le berger le prit pour un de ses moutons et l’assomma d’un coup de bâton. C’est ainsi que l’ingénieuse idée du loup lui fut fatale.


C’est faire oeuvre civique que de démasquer ce parti qui fait de la fausse représentation. Un vieil adage populaire dit que toutte finit par se savoir. Espérons, pour le bien du Québec, que cela se sache où loge véritablement la CAQ.