La dérive fédéraliste est consubstantielle à la «construction européenne»

Par le général Pierre-Marie Gallois

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Retour sur une analyse très éclairante du Général Gallois (2004) qui vaut aussi pour le Québec

Dans cette analyse datant de mai 2004, notre ami le général Gallois exprime son point de vue à propos de la construction européenne. Dans la mouvance républicaine, patriote et progressiste comme ailleurs, les avis sont partagés sur cette question. Certains sont favorables à une Europe confédérale des nations. D’autres comme le général Gallois estiment de manière argumentée que toute « construction européenne » conduit inéluctablement au fédéralisme et à la destruction des Etats-nations. Si, dans ses « Propositions pour une Charte Nationale et Républicaines », le Comité Valmy a pris position, en partie pour des considérations tactiques, en faveur d’ « une autre Europe, indépendante, fondée sur des peuples et des nations souverains et solidaires, suivant une base d’alliances et de coopérations mutuellement profitables, » cette question y reste cependant ouverte et l’argumentation du général Gallois entre, de manière très pertinente, dans nos hypothèses de travail. Pierre-Marie Gallois a signé l’appel fondateur du Comité pour une Europe des Peuples et Nations Souveraines, qui est devenu le Comité Valmy. Il est également l’un des premiers a avoir signé le Manifeste Républicain.
Certains, en France se déclarent membres de « l’Alliance pour l’Europe des nations ». C’est le cas de M. Charles Pasqua dont le groupe « Union pour l’Europe des nations » serait un « espace de résistance à la dérive fédéraliste et bureaucratique de l’Union européenne (Le Figaro du 18 mai 2004, p.15 : « Non à la dérive fédéraliste »).
Si l’on veut respecter la France, et que lui soit restituée sa pleine souveraineté et son indépendance ce n’est pas de « l’Europe des Nations » qu’il faut parler mais, tout simplement, des « nations d’Europe » ainsi qu’on le faisait avant d’être atteints par le mortel virus Jean Monnet.
« L’Europe des nations » est une expression dépourvue de signification politique. Ou bien les nations qui composent cette Europe géographique sont des Etats souverains n’obéissant à d’autres lois que celles adoptées par les représentants de leurs populations respectives ou bien ces populations vivent sur des divisions territoriales administratives d’un Etat qui s’appellerait « Europe ». Il n’existe pas, et il n’a jamais existé de système politique intermédiaire qui fut viable.
« L’Europe des nations » conduit à la fédération des « Etats-nations » de M. Jospin, autre expression qui demeure une vue de l’esprit. Pas plus que les précédentes, de telles Institutions n’ont existé. Pas davantage les Institutions confédérales dont on vous rebat les oreilles afin de justifier la « Construction européenne » en faisant mine d’écarter son objectif réel qui est l’Europe fédérale. L’idée confédérale est l’attrape-nigauds usuel des européistes, c’est-à-dire des destructeurs – entre autres nations – de la France souveraine, en spéculant sur l’ignorance institutionnelle de l’opinion et en lui faisant croire que par le confédéral on pourrait à la fois mettre sur pied un Etat européen souverain formé d’Etats nationaux également souverains. Ce qui n’a aucun sens.
Outre-atlantique, en 1783, les « pères fondateurs » avaient tenté de s’en remettre à des Institutions confédérales. Leur flagrante inefficacité, le chaos politique et social qui en est rapidement résulté ont conduit à bref délai à un régime fédéral pur et dur avec la Constitution de 1787. Toujours en vigueur, et ayant évolué avec le passage des ans grâce à de nombreux amendements.
La « Construction européenne » ne peut que nourrir la « dérive fédéraliste ». Une fois entrés dans l’engrenage européen, ce qui semble être le cas, des membres de l’ « Union pour l’Europe des nations », il n’y a d’autre choix que l’inefficacité, le désordre, le chaos, d’une part, ou le fédéralisme intégral d’autre part avec la disparition de toutes les souverainetés et de toutes les indépendances nationales.
Il ne s’agit pas, comme le dit, en conclusion, le signataire de cet article de « défendre les intérêts de la France en Europe », mais de les défendre, ces intérêts, dans le monde, au besoin aux dépens d’un ou de plusieurs de ses voisins géographiques si les circonstances l’exigent et si la France y gagne.
On ne défend pas l’intérêt de la France dans l’Europe si l’on cherche à faire de l’Europe une entité politique. A elle seule l’idée européenne suffit à compromettre ces intérêts.
La preuve en est que les européistes ont déjà réussi à installer le fédéralisme dans la gestion des plus importantes activités des pays membres de cette désastreuse Union. L’économie et la monnaie unique sont fédéralisées, ce n’est pas une dérive mais un fait accompli. Les directives de Bruxelles ayant force de loi, le droit européen l’emportant sur le droit français, les arrêts de la Cour de Justice européenne invalidant ceux de le l’Institution judiciaire de la France, l’anglais langue européenne supplantant le français, à ranger dans les patois régionaux, sont autant de manifestations du fédéralisme. Parler de « dérive » c’est tromper les Français.
La vérité c’est qu’il faut, exercice difficile entre tous, revenir en arrière, redonner aux Français la souveraineté qu’ils exerçaient il y a moins d’un demi-siècle, à leur profit, un peuple de 60 millions étant parfaitement à la mesure de relever souverainement les défis du monde, à commencer, par ceux de l’inéluctable mondialisation.
L’ « idée européenne », avec son inévitable fédéralisme final c’est pour les Français :
- la vassalité,
- la désindustrialisation et la dépendance financière, économique, industrielle
- l’appauvrissement, le chômage, l’évasion des capitaux,
- le pillage de leurs ressources,
- la mainmise par l’étranger sur leurs outils de travail,
- l’évasion des capitaux,
- la transformation de leur territoire en parc de loisirs
- l’invasion par la montée du sud vers le nord et l’insécurité
- la fin d’une Histoire millénaire.
L’ « idée européenne » ce n’est pas une dérive à contrôler, c’est tout simplement la création d’un super-Etat fédéral, et la « provincialisation » des ex-Etats membres de cette fédération. Le salut exige de reléguer l’idée européenne aux côtés des tentatives avortées et maléfiques de l’Histoire et de redonner à la France la maîtrise de son destin. Tant qu’on parlera d’Europe politique et que des centaines de milliers de prébendiers vivent – grassement – de l’idée européenne et en font la propagande, politiciens compris, les Français seront dépouillés de leurs droits. « Contrôler la dérive fédéraliste » n’est qu’un pauvre artifice conciliant politicaillerie et apparent patriotisme.


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