La fausse crise? La vraie situation !

Je ne témoignerai pas devant cette Commission, ni ne lui enverrai de « Mémoire »

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor

(Texte publié dans Le Devoir du jeudi 13 septembre 2007 sous le titre "Le coeur du problème") - J’ignore à qui précisément se référait Blaise Pascal en écrivant : « Toujours impuissants à fortifier la justice, ils s’emploient à justifier la force », mais je sais que c’est la conduite ordinaire des dominateurs.
Elle prend aujourd’hui, au Québec, le chemin de la Commission Bouchard-Taylor, instituée pour nier les effets soudainement criants de vérité que nous sommes une nation assiégée; instituée pour démontrer la désuétude de l’attachement du peuple québécois, issu de la nation canadienne-française, à son droit et à son devoir de persister dans son existence; instituée pour aboutir à la supposée évidence des impératifs de la mondialisation uniformisante que toutes les peaux, toutes les langues, toutes les cultures, toutes les histoires sont interchangeables, dans l’espoir d’enlever ainsi à la nation fondatrice de ce peuple, le droit et le pouvoir, pour en jouir pleinement, de posséder sa peau, sa langue, sa culture, son histoire.
Je ne témoignerai pas devant cette Commission, ni ne lui enverrai de « Mémoire », n’ayant aucune aptitude à faire mine que je viens de nulle part pour me faire croire que j’irai ainsi plus allègrement vers cette autre nulle part, ce pays qu’on voudrait de plus en plus incertain, qu’on voudrait sans nation pour le fonder, sans culture pour l’identifier, sans lutte subversive pour l’affirmer.
Je ne témoignerai pas devant cette Commission, ni ne lui enverrai de « Mémoire » n’ayant aucun désir d’afficher orgueilleusement ma tolérance face à l’intolérance des dominateurs qui croient avoir trouvé ce nouveau moyen d’exploiter ma peur de paraître xénophobe. Version moderne de toutes leurs politiques visant à me faire disparaître et qui égalent en détermination celles imaginées et appliquées, depuis les recommandations de Lord Durham, pour me noyer sous le nombre.
Je ne témoignerai pas devant cette Commission, ni ne lui enverrai de « Mémoire », n’ayant pas la rancune suffisante pour jouir de l’échec du baroud d’honneur qu’elle offre aux puissants, impuissants depuis 247 ans, de m’écraser; n’ayant pas le besoin suffisant de revanche pour jouir de la fulgurante démonstration qu’elle me donne, par son institution même, de mon aptitude à vaincre, par la seule affirmation irrépressible de mon existence.

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Andrée Ferretti124 articles

  • 121 200

"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2007

    Je suis d'accord avec vous monsieur Ouhgo. Je pense qu'il serait intéressant de demander à madame Ferretti de reprendre du service. Je crois moi-aussi que nous avons besoin de son expérience, de sa grande sagesse ainsi que de son amour indéfectible pour son pays le Québec.
    J'espère que madame Feretti est encore à l'écoute de son coeur et qu'elle comprendra l'appel que plusieurs québécois lui lancent dont vous monsieur Ouhgo.
    Je lui demande aujourd'hui, de se joindre à nous tous et toutes pour compléter le travail commencé en 1960, afin de faire du Québec,notre vraie patrie française en Amérique.
    Denis Julien Lotbinière

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2007

    Votre propos en peu de mots dit tout. Moi, le peu que ce moi puisse être, vit ces dernières années avec la rage au coeur jusque dans le bout de mes doigts...Même Maisonneuve hier à sa tribune de la SRC a senti le besoin de se reprendre rapidement pour dire "le Canada" après avoir dit Québec alors que c'est vraiment Québec, dans le contexte.
    Saint-Irénée

  • Jacques Bergeron Répondre

    12 septembre 2007

    Salut Andrée, tu as plus que raison de ne pas vouloir te présenter devant cette commission bidon puisque le gouvernement possède tous les moyens pour intégrer, sinon assimiler, tous les nouveaux Québécois dans notre société «laïque».Lorsqu'on ne veut pas agir, on fait comme le fait Jean Charest, en suivant les suggestions de M. Bernard, en mettant sur pied une commission qui n'a pas sa rasion d'être. Et c'est ainsi que l'on perd du temps et notre argent en consultant les gens lorsqu'il n'est pas nécessaire de le faire.Puis-je indiquer à l'ensemble de nos concitoyennes et de nos concitoyens, qu'il aurait été mille fois plus intelligent de consulter notre peuple sur le genre de pays dans lequel il souhaite vivre,ce qui aurait pu être l'amorce d'un «projet de constitution du Québec» et qui aurait évité à notre gouvernement d'accorder à certaines régions du Québec une autonomie qu'il aurait pu accorder à l'ensemble de ses régions, sans altérer son droit de gestion et de propriété de notre territoire.En oubliant ce fait, il (le Gouvernemnt du PQ et le présent gouvernement)a concédé au Nunavit (peut-être Nunavic?), aux Innus, et au gouvernement d'Ottawa,des droits et des pouvoirs qui viennent enlever des droits à notre gouvernement et à notre assemblée nationale. Pendant ce temps, on met sur pied une commission/bidon qui n'a pas sa raison d'exister, qui en plus est dirigée par le frère de l'autre, Gérard B. qui a soutenu dans une de ses oeuvres «sic», qu'il fallait jeter l'ethnicité Canadienne-française au feu de la Saint-Jean. Beau rapport en perspective de sa part, et de celle de son compère,j'ai failli dire de son comparse, Charles Taylor, l'homme qui a vu la lumière au bout du tunnel du Canada anglais en enseignant à McGill, après avoir pris quelqu'expérience à l'université de Montréal.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 septembre 2007

    Le piège des mauvaises mesures politiques
    Les mauvaises mesures engendrent de mauvaises décisions et les mauvaises décisions politiques donnent de piètres résultats. Lamentablement, les piètres résultats, au lieu de faire place à de bonnes idées, amènent les peuples à se réfugier en des situations qui leur seront de plus en plus néfastes.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    12 septembre 2007

    Comment ai-je pu oublier? J’ai pourtant suivi beaucoup de ses écrits et de sa biographie. J’ai toujours admiré la logique de sa pensée, le débit de son verbe articulé. Mme Ferretti conçoit bien le fond de notre question nationale et les mots pour l’exprimer lui viennent aisément. Malmenée, je crois, par les étapistes, les attentistes, elle nous écrit aujourd’hui qu’elle se tient à l’écart du débat et elle explique clairement pourquoi. Beaucoup de « 2 minutes de gloire » télévisée s’y exhibent en effet. Mais elle nous dit en même temps qu’elle est toujours là, bien vivante et prête à servir, si j’interprète bien. J’ai tenu quelques échanges ces derniers jours sur VIGILE avec un membre dynamique du nouveau parti indépendantiste en devenir. Je lui signalais la nécessité vitale de toucher les générations montantes pour s’assurer d’émerger. Je ne voyais pas les arguments purements émotifs comme moyen de les atteindre. Les jeunes loups travaillent rationnellement, je crois : si X= argent, et qu’il faut A=internationalisme + B=langage universel pour y parvenir, ils font vite l’équation. Fi de l’Histoire et de fiertés nationales.
    Je veux bien, mais cette philosophie ne manque-t-elle pas de culture générale, d’humanisme? Dans mes échanges avec M. Julien, je cherchais un moyen susceptible de les intriguer vers nos évidences québécoises qu’ils dédaignent un peu… Je cherchais une personne capable de communiquer ces réalités autant sensibles que rationnelles. Comment n’ai-je pas pensé à Mme Ferretti? J’ignore tout de ses disponibilités. Mais son esprit vif semble ne vouloir que servir… Le PI ne pourrait-il pas la consulter comme éminence grise, soit dit en tout respect, à l’élaboration du programme?

  • Archives de Vigile Répondre

    12 septembre 2007

    Absolument de cet avis. Je n'irai pas non plus témoigner pour marquer en quelque sorte mon accord tacite à une conclusion qui est déjà écrite par l'essence même de cette commission qui m'apparaît être une mascarade pour détourner les yeux de la réalité socio-politique qui nous heurte de plein fouet.
    Je dénonce ce stratagème dont le but évident est de permettre de dire au gouvernement Charest : « par cette Commission, la population a parlé, et, en bon gouvernement que nous sommes (sic), nous avons entendu son appel. Voilà maintenant ce que nous entendons faire pour terminer ce que Durham a annoncé en 1839... » Exit, les Canadiens français et les Métis comme peuples fondateurs de ce continent. Je vous invite à lire mes papiers à ce sujet, publiés dans mon blogue, Les délires d'Akakia : http://akakia.blogspot.com/
    Russel-A. Bouchard
    Historien(ne)
    Et Métis(se) canadien-français–montagnais