Réplique à Paul-Émile Roy

L'extrême tolérance et l'extrême ouverture aux autres...

Chronique de Thérèse-Isabelle Saulnier

[Mais non, Monsieur Roy!->11008] Cette expression: "Nous sommes tous des
immigrants", ne traduit pas un malaise profond sur notre identité (nous
savons très bien qui nous sommes, et les travaux de la Commission B-T nous
ont permis de la FORMULER, cette identité, car se définir soi-même, en tant
qu'individu et/ou en tant que peuple, ce n'est pas chose courante, ni donc
facile. Au contraire, plutôt surprenant, avouez, si on vous pose la
question à brûle-pourpoint: "Qui es-tu? Comment te définis-tu?") - Cela
exige une réflexion minimale, mais nous y sommes parvenus!!! - Et si je
dois en faire la démonstration, je le ferai! Je prendrai le temps qu'il
faut pour cela, si nécessaire!
L'expression en question est tout simplement le signe, le résultat d'une
des caractéristiques du peuple canadien français, et j'ai nommé l'extrême tolérance et l'extrême ouverture aux autres, une tolérance et une ouverture
si grandes qu'elles vont jusqu'à nous faire nous-mêmes nous éclipser et
disparaître sous la table de notre propre salle à dîner pour faire sentir
tout à fait à l'aise, vraiment comme chez eux - que dis-je, tout à fait
chez eux - nos invités! - Et le drame, finalement, notre drame, c'est que
certains d'entre eux le savent très bien! ("Vous n'êtes pas obligés
d'acquiescer à toutes nos demandes", disent-ils. "Mais si vous le faites...
- alors nous allons continuer!")
Ça a commencé avec une refonte en profondeur du traditionnel défilé de la
Saint-Jean-Baptiste où, pour nous montrer ultra-ouverts et ultra-inclusifs,
nous avons éliminé le plus possible tout ce qui concernait notre propre
histoire, nos héros et nos héroines, pour nous concentrer sur "l'apport des
immigrants à notre développement", et ça continue, aujourd'hui, par ce coup
d'envoi "multiculturel" du 400e de la fondation de Québec, première ville
française, et première ville tout court, de l'Amérique du Nord, et première
étape de la fondation de ce pays qui s'appelle aujourd'hui le Canada. - On
est inclusif à-planche-au-boutte, ou on ne l'est pas pantoute, hein?!? -
(Le bouquet: Stéphane Rousseau en Espagnol ou Sud-américain d'origine
espagnole, hyper-stéréotypé en séducteur irrésistible pour toutes ces dames
de la ville de Québec et du Québec tout entier...! - Motus et bouche cousue
là-dessus, politiquement incorrect de relever cela comme pur "préjugé
ethnique"!...)
Je n'oublierai jamais, monsieur Roy et tous mes lecteurs et lectrices, ce
23 ou 24 juin de je ne sais plus quelle année (il n'y a certainement pas
plus de 10 ans, maximum 15), où on demandait à monsieur/madame Toulemonde
ce qu'il pensait du défilé. Un immigré s'est dit déçu parce qu'il n'avait
pratiquement rien vu de l'histoire des Québécois de souche, fondateurs de
ce pays dans lequel il vivait maintenant. - Non mais, cétu assez fort pour
vous, ça?
- Et pensez bien que PERSONNE n'a relevé une telle remarque!!! -
Politiquement incorrecte, même de la bouche d'un Néo-Québécois
pro-Québécois de souche! Vraiment, la rectitude politique nous maintient en
servitude totale, je vous le garantis, au point que nous, peuple fondateur
de ce pays, ne pouvons même plus parler de NOUS sans être automatiquement
et instantanément "exclusifs"! - Faut l'faire, n'est-ce pas? - Mais le
mépris et l'auto-mépris n'auront qu'un temps et, quant à moi, ils ont fait
leur temps, qui a assez duré.
La croqueuse de mots, je vous en passe un papier, même si ce dernier lui
coûte sa semaine entière, ne cessera jamais de dénoncer et de re-dénoncer,
quitte à remettre cent fois son ouvrage sur son métier, ces accusations
d'intolérance, de xénophobie et, cerise sur le sunday, de racisme, dont on
nous accable pour tout et rien, à la moindre petite critique de ce qui
provient d'un ou de membres d'une communauté culturelle quelconque.
(Outremont et les autocars bruyants et polluants Montréal-New-York, sur la
rue Bates, près de Jean-Talon, je les ai vus, entendus et supportés
spartiatement il n'y a pas deux mois encore, pour ne nommer que cela. Et
encore, je vis à Victo, pas à Montréal! - Mais voilà, ce n'est pas parce
que je vis en région que je ne vais jamais dans la métropole,
figurez-vous!)
Hier, j'ai préparé une boîte de biscuits et de gâteaux typiquement
québécois pour mon amie roumaine Ioana. Dessus, j'ai écrit: "Petites
gâteries pour une grande Roumaine!" - Pensez-vous qu'elle se sentira
exclue du Nous québécois pour autant? - PANTOUTE! Flattée que je
reconnaisse son origine et son identité, elle se demandera simplement
pourquoi je pense qu'elle est une GRANDE roumaine!!!
XXX, Ioana! Et une excellente année 2008 à tous les Québécois et
Québécoises de souche, comme à toutes et tous les autres qui nous ont
rejoints dans ce "train en marche" qu'est NOTRE histoire!
Thérèse-Isabelle Saulnier
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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3 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 juillet 2008

    Chère Mme Saulnier,
    Vous nous dites que certains Néo-Québécois "savent très bien", que nous allons parfois nous éclipser, au point de les laisser tenter de reproduire leur toute vie étrangère ici, au Québec...Mais bien sûr! Et je crois même que certains le savent, avant même de descendre de l'avion, Madame.
    Vous comprennez, Mme Saulnier, sans vouloir étaler ce qui pourrait a prime abord ressembler à toutes sortes de préjugés, je vais procéder de façon simple et assez succinte, même un peu caricaturale. Car je ne veux pas faire de très longue démonstration ici ; mais, plaçons-nous du point de vue de quelqu'un venu d'ailleurs, qui quitte son pays pour refaire sa vie sous d'autres cieux (et ça, c'est bien légitime, bien sûr)...
    Maintenant, si la personne en question, est prête à quitter sa terre natale (je suppose que ce n'est pas toujours si facile), mais qu'elle tient à conserver, autant que possible, ses repères antérieurs... Autant d'éléments de son ancien mode vie, que la chose lui sera possible. Vous, placée dans un tel cas, est-ce que vous iriez vous établir au Québec (ou ailleurs au Canada)... ou est-ce que vous iriez en Autriche, où un politicien ouvertement néo-nazi, tel que Jorg Haider, et d'autres comme lui, détiennent l'équivalent de sièges de députés?
    Attention: je ne dis pas que tous les Autrichiens partagent l'idéologie de M. Haider. Pas du tout. Mais il s 'agit quand même du genre de chose qu'on ne retrouve pas chez nous ; le contexte est TRÈS différent. L'idée, ici, c'est que vous iriez là où vous supposeriez que vous rencontreriez relativement peu de résistance, ou dans un contexte légal (la Charte de monsieur Trudeau) qui vous permettrait d'ainsi "importer" vos façons de faire nationales, plutôt que là où vous recontreriez beaucoup de résistance, sinon d'hostilité. Voire, où vous seriez confrontée à des réactions violentes, de groupes d'extrême droite. N'est-ce pas ?
    Ou prenons un exemple moins "criard" : peut-être que les états du plutôt conservateur Bible Belt américain, ne sont pas des endroits si facileses que ça, pour l'intégration d'immigrants, en comparaison avec la Californie, à la limite.
    Vous voyez ce que je veux dire ? À partir du moment où la réputation du Québec, ou du Canada, sont faites...
    Veuillez prendre note que je ne veux D'AUCUNE FAÇON laisser entendre, que l'hostilité ouverte est la meilleure manière de traiter avec des nouveaux arrivants qui rencontrent des difficultés d'intégration!
    Cependant, peut-être qu'il existe un juste milieu entre cela, et le fait de se "cacher sous la table", comme vous dites si bien...

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2008



    BRAVO! BRAVO! ENCORE BRAVO!!!!!
    JE ne peux rien ajouter d'autre.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 janvier 2008

    OUAIS!!!!!
    Je vous embrasse!!!!
    Belle et fière Québécoise!!!!!
    Enfin des mots!!! Des vrais!!!!