La Gazette refuse le dessin infâme d’Aislin, pourquoi donc?

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Les Anglais comprennent peu à peu à quel point le nationalisme de Legault s'oppose au multiculturalisme canadien


La publication en ligne par le caricaturiste Aislin (Terry Mosher) d’un dessin infâme refusé par The Montreal Gazette a ravivé de vieilles passions et les tentions qui en découlent. Il a transformé le «A» de la CAQ en cagoule du Ku Klux Klan.   


Moi ce qui m’étonne, c’est que The Gazette ne l’ait pas publié ! Cette caricature reflète parfaitement la perspective et l’attitude du journal et de ses lecteurs. Ce vil gribouillis est conforme à la ligne éditoriale violemment anti-francophone qui a toujours été celle du journal depuis le début du 19e siècle.  


L’élection de la CAQ a désarçonné les Anglos qui croyaient réglée la «question du Québec» avec le PLQ solidement au pouvoir et l’opposition « nationale» fractionnée. Diviser pour régner. La démocratie en a décidé autrement.  


Les Anglos ont un attachement sans faille aux institutions démocratiques pourvu qu’elles agissent dans leurs intérêts. C’est pour défendre leurs intérêts qu’ils appuient inconditionnellement le Parti Libéral du Québec avec qui, d’ailleurs, ils vivent en osmose. Avilir la CAQ allait de soi pour The Gazette.   


Ce journal est le catalyseur des Anglos de Montréal dans leur antagonisme séculaire avec la majorité francophone du Québec comme l’illustre ce terrible épisode de l’histoire de Montréal et du Canada.   


Dans la soirée du 25 avril 1849, les Anglais à l’exhortation de la Gazette ont mis le feu au Parlement du Canada qui siégeait alors à Montréal. L’Union du Haut et du Bas-Canada avait été réalisée pour assimiler la majorité francophone, selon les recommandations du rapport Durham. L’objectif de l’Union était de mettre en minorité les francophones encore majoritaires dans un parlement dominé par les Anglo-saxons qui y étaient surreprésentés par une carte électorale inique.  


La première loi votée par le nouveau gouvernement Lafontaine-Baldwin­, vise à dédommager les francophones victimes des représailles brutales de la soldatesque britannique assistée par les milices racistes anglo-montréalaises lors de la rébellion de 1837-38. Une loi semblable venait d’être adoptée pour indemniser les victimes de saccages au Haut-Canada sans que cela provoque la moindre controverse. Faire la même chose pour les «despicable frenchies»? Never!   


La loi est avalisée par le gouverneur Lord Elgin qui a indisposé les Anglais de Montréal en rétablissant l’usage du français au Parlement. Son geste courageux va mettre le feu aux poudres. C’est le cas de le dire.   


La Montreal Gazette, toujours à l’avant-garde quand il s’agit de propager la haine anti-française, lance un appel au « soulèvement racial » pour reprendre l’expression de l’historien américain Mason Wade. Je cite l’appel aux armes du journal: «Anglo-saxons, vous devez vivre pour l’avenir ; votre sang et votre race seront désormais votre loi suprême si vous êtes vrais à vous-mêmes! (...) La foule doit s’assembler sur la Place d’Armes, ce soir à huit heures. Au combat c’est le moment!»    


Les vociférations bellicistes du journal amènent entre 1 200 et 5 000 Anglos, dépendant des comptes-rendus à la Place d’Armes. La foule d’Anglais en colère s’enivre en écoutant des orateurs odieux qui crachent des injures contre les Canadiens français. Soudain, un pompier anglo du nom d’Alfred Perry proclame que le temps du verbiage est terminé et entraîne la meute de soudards anglais vers le Parlement qui est en pleine session!   


La canaille vociférante avec à sa tête le pompier pyromane arrive rapidement devant le Parlement situé où se trouve maintenant la Place d’Youville. Perry pénètre dans l’enceinte et allume l’incendie. Il connaît son affaire! Le feu se répand rapidement ( l’éclairage est au gaz) et le gigantesque brasier illumine la nuit montréalaise. Aux acclamations d’Anglais saouls d’alcool et d’autosatisfaction, le Parlement et sa précieuse bibliothèque brûlent. Avec 25 000 volumes, elle constituait alors la plus riche collection de livres du Canada. Bravo The Gazette!  


En ces temps où la rectitude politique contraint tout le monde à s’excuser pour des fautes passées, il me semble que ça serait le moment d’exiger que la Gazette demande pardon aux Québécois francophones et, aussi, aux Canadiens pour avoir provoqué l’émeute raciale qui a détruit le Parlement du Canada.