« Je me souviens de mon enfance juste avant de commencer l’école en première année. J’étais à la maison et ma mère prenait soin de moi. Je dis que j’ai été chanceux comme enfant, surtout que déjà, ça a été difficile de quitter la maison pour l’école en première année… Un monsieur m’avait dit il y a une quinzaine d’années que le fait qu’il y ait eu à partir des années 1970 une entrée massive des femmes sur le marché du travail avait ôté de l’ouvrage à certains pères de famille. »
Michel Bélisle, L’embrigadement des femmes dans le système, Tribune libre de Vigile, 26 juillet 2013
Je ne sais pas si vous ressentez la même chose que moi en lisant ce passage du billet de Michel Bélisle mais, en ce qui me concerne, j’ai l’impression de retourner au temps de la grande noirceur des années de Duplessis et de l’omniprésence de la religion alors que la place de la femme devait se cantonner entre les quatre murs du foyer familial et que l’homme incarnait le bon pourvoyeur.
Et M. Bélisle de poursuivre : « Si les femmes ont été embrigadées dans le Système pour pouvoir faire ce que le Système demande, c’est à dire "répondre aux besoins du marché" c’est que pour l’élite Système dirigeante, il y avait des avantages à cette situation…À partir de là, se peut-il que le Système cherche aussi à effacer la différence entre homme et femme en niant la dimension féminine qui fait la richesse de l’identité de la femme ? »
Sans vouloir montrer le « Système » actuel comme la panacée à tous les problèmes engendrés par une démocratie où les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus en plus pauvres, il ne faudrait pas non plus demeurer aveugle sur ses avantages, entre autres, dans le cas présent, la « libéralisation » des femmes en leur permettant de s’épanouir sur le marché du travail au même titre que les hommes.
Enfin, en ce qui a trait au fait que le « Système » chercherait
« aussi à effacer la différence entre homme et femme en niant la dimension féminine qui fait la richesse de l’identité de la femme », nous nageons en plein drame des années ’40 au moment où la
« richesse de l’identité féminine » se réduisait à son rôle de bonne épouse et de bonne mère de famille.
Si M. Bélisle désire à tout prix s’attaquer aux méfaits du
« Système » actuel, il devrait plutôt se tourner vers les scandales ignobles dans lesquels ont baigné et baignent sûrement encore les politiciens et hommes d’affaires [pour la plupart des hommes] dans le dossier de corruption et de collusion révélé par la Commission Charbonneau plutôt que de tenter de faire rejaillir des vestiges du passé!
En conclusion, je soulève ces deux questions à Michel Bélisle : se pourrait-il que la femme d’aujourd’hui puisse conserver son identité tout en occupant un poste sur le marché du travail au même titre que les hommes? Et croyez-vous sincèrement que le « Système » parviendra à « effacer la différence entre homme et femme »?
Réplique à Michel Bélisle
La libéralisation des femmes depuis la révolution tranquille
Tribune libre
Henri Marineau2095 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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11 commentaires
Martin Perron Répondre
1 août 2013Féminisme et marxisme, même combat. Excusez-moi, mais Lagatta, vraiment, si vous êtes bien une femme, je dois vous dire que je trouve ça idiot ce que vous avez écrit et Maronani , vous pouvez garder votre mépris de la nation inspiré d'un autre siècle pour vous-même.
Alain Maronani Répondre
30 juillet 2013'la « libéralisation » des femmes en leur permettant de s’épanouir sur le marché du travail au même titre que les hommes'
Pas mal celle la...
Et si TOUT le monde travaillait MOINS pour profiter des gains de productivité...non...au lieu d'opposer les femmes aux hommes...20 heures par semaine pour commencer...
Il faut travailler fort (un anglicisme en passant), rester les doigts de pieds en éventail, a flemmarder, est peu recommandable.
L'idéologie du travail, pernicieuse, la carrière...
Comme le disait Guy Debord, situationiste, en 1956
'Ne travaillez jamais...'
Pour le reste les thèses de Michel Bélisle et de quelques autres fleurent bon 'le ventre pour la patrie'...le 'Système' a le dos large...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lebensborn
d'autres intervenants ont déja proposé dans le passé, ici sur Vigile, de 'favoriser' l'adoption, le controle du ventre des femmes, de leur destin, un fantasme répétitif...
Archives de Vigile Répondre
30 juillet 2013M. Marineau,
Comme complément de réponse à votre seconde question qui se lit comme suit:
"Et croyez-vous sincèrement que le « Système » parviendra à « effacer la différence entre homme et femme » ?"
je citerai un témoignage d'un monsieur Irlandais d'un certain âge de l'Ontario qui m'avait dit que lorsqu'il était plus jeune, dans la jeune vingtaine, il aimait bien aller à Montréal parce qu'il trouvait que les Canadiennes-Françaises (comme il les appelle) avaient tellement une belle façon et de beaux sourires.
Et ce monsieur m'avouant qu'étant récemment allé au Québec, il avait remarqué que la jeune génération de Québécoises n'avaient plus cette belle façon qu'il avait remarqué chez les générations de Québécoises maintenant plus âgées.
Cela ne dénote-t-il pas une perte de féminité à quelque part, une perte de ce charme que possédait pourtant les Québécoises d'autrefois?
Autrement dit, le Système est peut-être à quelque part en train de changer la nature de la femme.
Et si les Québécoises d'avant la révolution tranquille avaient une si belle façon, c'est qu'elle ne devait pas se sentir si mal pris que ça.
Archives de Vigile Répondre
30 juillet 2013@ M. Marineau,
Une femme au milieu de ses enfants doit se sentir libre et adorée.
Les femmes les plus malheureuses en ce 21e siècle sont probablement celles qui ont oublié d'avoir des enfants parce qu'elles ont tout sacrifié pour leur carrière dans le Système.
Henri Marineau Répondre
30 juillet 2013@ Michel Bélisle
« Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées. » Antoine de Saint-Just
Comme par hasard, je viens de capter au vol cette pensée en haut de page de la tribune libre de Vigile...Et vous. M. Bélisle, croyez-vous que la femme cantonnée entre les quatre murs du foyer familial est "libre et adorée"?
Archives de Vigile Répondre
30 juillet 2013"J’attends toujours "vos" réponses à ces deux questions : se pourrait-il que la femme d’aujourd’hui puisse conserver son identité tout en occupant un poste sur le marché du travail au même titre que les hommes ? Et croyez-vous sincèrement que le « Système » parviendra à « effacer la différence entre homme et femme » ?"
M. Marineau,
Sans faire de dissertation sur le sujet, je vais répondre brièvement à vos deux questions:
1 - Oui, la femme perd son identité. La nature féminine est tournée vers la famille et les enfants et ce, depuis des millénaires. De plus, la femme perd son identité en devenant de la même façon que les hommes modernes absorbés par le Système, une simple ressource humaine destinée à répondre aux besoins du marché et non un être humain à part entière avec de multiples dimensions dont l'ethnie, la nationalité, la culture etc... Le Système dissout toutes les identités ethniques, culturelles et nationales et cherche également à effacer les différences innées entre les hommes et les femmes.
2- À savoir si le Système arrivera à ses fins, je dirais que si nous continuons à lui laisser la voie libre, oui.
Et encore une fois, je ne peux qu'appuyer le commentaire de monsieur GV en réponse à votre article.
Archives de Vigile Répondre
30 juillet 2013Bravo. J'espère qu'il y aura d'autres ripostes au brulôt misogyne de ce nostalgique de la rélégation domestique des femmes. Est-ce qu'il pense que toutes les femmes partagent l'envie d'enfanter? Ou de ne pas participer à des professions et métiers autres que ménagère, y compris chez celles qui désirent être mères?
D'autre part, de nos jours on voit une implication accrue de jeunes pères, fils de "maudites féministes" comme mes amies, pleinement engagés auprès de leurs enfants. Une évolution fort positive.
On ne pourra jamais envisager un Québec libre sans la libération des Québécoises, la moitié du peuple.
Oui, notre lutte s'est déroulée et se déroule encore sur le terrain d'une société capitaliste, où le travail est aliéné et exploité. Dans ce contexte, les femmes québécoises ont participé à plusieurs luttes syndicales et populaires pour l'émancipation populaire; outre Madeleine Gagnon et Léa Roback, on pensera notamment aux grévistes de Dupuis et ensuite à toutes les femmes qui ont pris parti aux luttes du Front commun.
De nos jours, de jeunes Québécoises ont joué un rôle de premier plan à la lutte étudiante dite des carrés rouges ou du printemps québécois. Et leurs aînées (comme moi, une boomeuse toujours deboutte) ont participé aux manifestations des casseroles dans plusieurs quartiers et villes. On n'oubliera pas non plus la Marche du pain et des roses contre la pauvreté et la violence, et le rôle clé qu'ont joué les Québécoises dans la Marche mondiale des femmes.
Québécoises deboutte!
Martin Perron Répondre
29 juillet 2013Je me souviens qu'il y a eu un temps où on était tous des Québécois, jeunes hommes et jeunes filles, et qu'on caressait tous ensemble le rêve de l'indépendance de notre pays. Puis, soudainement, est apparu la déferlante du féminisme acide et virulent, on s'est retrouvé divisés, ennemis. Les garçons et les hommes québécois ont été déclarés "l'homme" à abattre par une idéologie agressive et antichrétienne. Je dis antichrétienne parce que le féminisme a fait du compagnon et de la compagne pour la vie des adversaires alors que le christianisme appelle à l'union. Je suis même persuadé qu'aujourd'hui on pourrait qualifier beaucoup de ces propos des débuts du féminisme comme haineux.
Quand Option Nationale est apparue, j'ai cru pendant un instant revivre cette belle union qu'on avait hommes et femmes pour l'indépendance de notre pays en regardant et en écoutant des personnes comme Catherine Doiron et Jean-Martin Aussant. Malheureusement, je ne sais pas mais il semble que cela n'était qu'éphémère en ce qui concerne ON et que le discours féministe "je t'aime pas parce que si je t'aimais je te le dirais" à la Québec solidaire est malheureusement encore là pour longtemps.
Archives de Vigile Répondre
29 juillet 2013Il faut voir la transition radicale que nous avons vécue. La famille comme unité de production économique échappait encore en partie au système de l'argent, elle ne lui était pas entièrement asservie. La financiarisation de l'économie conduit à mettre tout individu en rapport direct avec la banque. Il fallait une justification idéologique, non pas pour réformer le mode traditionnel, mais pour le détruire. Elle fut fournie par certaines femmes issues de la bourgeoisie.
Résultat : Le travail de la femme dans le cadre de l'économie familiale est de nos jours méprisé, considéré comme aliénant ou dégradant et n'a plus sa place, même aux yeux de l'État. Tout ça, cette «libération», pour rendre impossible à la femme de faire autre chose que de vendre son travail au profit des multinationales mondialisées, en tout cas de la forcer à devenir partie prenante de l'économie financiarisée. L'objectif de réduire à néant l'économie familiale (petite ou élargie), qui échappait encore au fisc et à la finance est largement atteint. La plupart des gens, pour être «modernes», ont appris à voir cela comme un bienfait indiscutable. Or, si progrès il y a, il y a ample matière à discussion.
GV
Henri Marineau Répondre
29 juillet 2013@ M. Bélisle,
Trop facile de s'en remettre entre les "mots" des autres pour répondre aux questions!...
J'attends toujours "vos" réponses à ces deux questions: se pourrait-il que la femme d’aujourd’hui puisse conserver son identité tout en occupant un poste sur le marché du travail au même titre que les hommes ? Et croyez-vous sincèrement que le « Système » parviendra à « effacer la différence entre homme et femme » ?
Archives de Vigile Répondre
29 juillet 2013Monsieur Marineau,
J'ai exprimé mon opinion dans le texte auquel vous répondez par votre présent article.
Je crois que les commentaires de messieurs Gilles Verrier et Pierre Bourassa en réponse au texte que j'ai écrit peuvent répondre à vos interrogations.
Merci de votre intérêt
Michel Bélisle