ANGLICISATION

La loi 101, quand la fierté devient source de liberté!

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« Quel est le plan du gouvernement pour respecter l’esprit de la Charte de la langue française ? »


Monsieur le Ministre Simon Jolin-Barrette,


Votre texte du 26 août souligne de belle manière le contexte entourant l’adoption de la Charte de la langue française il y a 43 ans (« La loi 101, une source de fierté »). En filigrane de cette histoire de la langue qu’est la nôtre, nul ne peut nier que le français du Québec a traversé des tempêtes au cours des 400 dernières années, que sa place a dû être défendue avec fougue et témérité dans un monde où l’anglais est déifié.


Néanmoins, cette place du français, chèrement acquise, sera toujours menacée si les Québécois de toutes origines ne font pas un seul corps pour porter ce français le plus haut, le plus loin possible. Or, depuis quelques décennies le recul du français au Québec est explicitement documenté dans les rapports de l’Office québécois de la langue française, notamment dans celui de 2012 jusqu’au plus récent, paru en août 2020, et fortement dénoncé par des personnes d’expérience ayant œuvré au sein de l’Office.


Autrement dit, la langue française, que ce soit à Montréal, en Outaouais ou ailleurs au Québec, ne pourra survivre que si la mobilisation citoyenne s’allie à la mobilisation politique, et ce, au-delà de la partisanerie, afin de nous permettre de penser, de décrire et de partager le monde en français en toute liberté.


Une fois reconnu le rôle-clé joué par la Charte de la langue française dans l’implantation « réelle et durable » du français dans tous les secteurs d’activité au Québec, il y a lieu de passer à l’action, comme vous le dites très clairement : « Défendre et promouvoir notre langue est — depuis — une responsabilité historique du Québec. Votre gouvernement agira en ce sens. » Ainsi, tout naturellement, nous en arrivons à la question suivante : mais, quel est votre plan, quel est le plan du gouvernement pour respecter l’esprit de la Charte de la langue française ?


Au fil des ans, eu égard aux enjeux rattachés à la place du français au Québec, dans le monde du travail, de l’éducation, de l’immigration, de la santé et autres, nombre de personnes et d’organismes ont fait part aux gouvernements successifs d’actions novatrices et aidantes pour accroître la vitalité du français partout au Québec.


Chose certaine, la Charte de la langue française, ayant été charcutée une quinzaine de fois par la Cour suprême et la Charte canadienne des droits et libertés depuis 1977, se doit, en 2020, d’être ouverte et renforcée.


Convaincue que vous connaissez la majorité des actions à prendre pour que cette langue française nous permette « de dire qui nous sommes — partout dans le monde — et, surtout, qui nous voulons être… », j’énumérerai ici quelques actions concrètes à insérer dans une actualisation de la Charte de la langue française.


1) En ce qui a trait au rôle d’exemplarité de l’État : étendre la Politique gouvernementale relative à l’emploi et à la qualité de la langue française dans l’Administration aux organismes municipaux et scolaires, aux services de santé et aux services sociaux.


2) Pour ce qui est des entreprises :


— inclure les entreprises de moins de 50 employés dans une démarche de francisation en leur proposant des programmes de francisation adaptés à leur réalité ;


— appliquer la Charte de la langue française aux entreprises de compétence fédérale et permettre ainsi à des milliers de Québécois de travailler en français ;


— Revoir la gestion des ententes particulières, car dans les faits plusieurs entreprises profitent de ces ententes pour se soustraire à la Charte de la langue française et fonctionner en anglais de A à Z.


3) Dans le domaine de l’éducation :


— étendre l’application de la Charte de la langue française au niveau collégial, recommandation récurrente dans de nombreux rapports ;


— promouvoir la recherche scientifique en français.


Enfin, M. le Ministre, toutes les mesures à prendre pour rendre justice à l’esprit de la Charte de la langue française, à notre soif de nommer en français, en toute liberté, l’univers qui nous entoure ne pourront faire l’économie d’un plan de sensibilisation auprès des jeunes et des personnes nouvellement arrivées en terre du Québec.





 



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