La loi 62 «ne passera pas le test» des tribunaux, selon Bouchard et Taylor

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Un exercice complètement raté

Le gouvernement libéral fait fausse route avec sa loi sur la neutralité religieuse (projet 62), estiment les ex-commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor. Dix ans après la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, les deux hommes montrent d'ailleurs du doigt l'absence de « volonté politique » touchant l'application de leurs recommandations.


« On a l'impression qu'après dix ans, la volonté politique de donner suite à nos recommandations n'est pas vraiment là », avance M. Bouchard. « Il y a une certaine tendance chez les politiciens à opter pour la tendance électoraliste, et cette tendance est trop forte », renchérit M. Taylor, rencontré avec son ex-collègue en marge d'un colloque sur les dix ans de la Commission, hier.


Une trentaine d'experts se sont penchés, les 19 et 20 octobre à l'Université de Montréal, sur la décennie écoulée depuis la mise en branle de la commission Bouchard-Taylor. « Où en sont nos sociétés en matière de gestion de la diversité culturelle et religieuse ? » Voilà la question que les panélistes du Colloque international et interdisciplinaire tentaient d'éclaircir.


« La société civile est active dans le domaine de la recherche. Même les petites municipalités mettent en place des choses pour intégrer les migrants », se réjouit M. Bouchard. « Mais c'est le politique qui ne suit pas. On revient toujours à la même chose », poursuit-il, souhaitant qu'un gouvernement prenne enfin des « initiatives courageuses » dans le débat.



« COMPLÈTEMENT RATÉ »


Et ce n'est pas avec la loi sur la neutralité religieuse que l'État tranchera la question de la laïcité, disent-ils. « C'est complètement raté », affirme M. Taylor. « Si le gouvernement laisse ça comme ça, c'est un coup d'épée dans l'eau », ajoute M. Bouchard. Selon eux, Québec aurait dû, à tout le moins, définir le concept de laïcité, et pas seulement celui de neutralité.


« On avait proposé [à l'époque] un vrai régime de laïcité avec toutes ses composantes : la neutralité, la séparation [de l'Église et de l'État], la liberté de choix, l'égalité des cultes... On ne comprend pas pourquoi ils n'ont pris qu'un seul morceau alors que les quatre composantes se complétaient. N'en tirer qu'une seule laisse tout un édifice qui n'est pas en place », explique l'historien.


Selon eux, la loi ne « passera pas le test » des tribunaux.



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