La main de fer de Pauline

L'affaire St-André



(Québec) Une main de fer dans un gant de velours? Pauline Marois a joué le tout pour le tout en refusant l'investiture péquiste à l'ancien député Jean-Claude St-André, un pur et dur lié à Jacques Parizeau. Ce n'est pas le cas de Saint-André en soi qui cause problème : l'ancien député s'était retrouvé totalement isolé au conseil national du printemps, qui a retiré du programme l'obligation de tenir un référendum dans un prochain mandat. C'est le précédent créé et l'interprétation que les membres feront de cette affaire qui feront peut-être sourciller. Contrairement aux libéraux, qui ont toujours reconnu au chef le privilège de réserver certaines circonscriptions à des candidats de prestige, les péquistes ont toujours laissé la décision finale aux associations de circonscription. Pauline Marois vient de casser le moule.
André Boisclair serait probablement le premier à lui donner raison. L'ancien chef du Parti québécois était furieux, en 2007, lorsque deux associations locales ont bloqué sa tentative de présenter ses candidats Jean-François Bertrand et Françoise Mercure dans Vanier et Montmorency à Québec. Bernard Landry et Lucien Bouchard seraient peut-être également d'accord après en avoir décousu à plusieurs reprises avec les orthodoxes. Cette frange de l'aile militante a torpillé plusieurs congrès du Parti avec des sorties dans les médias et des remises en cause continuelles de la foi souverainiste des chefs. Après le départ de M. Landry, ils étaient nombreux, chez les péquistes, à déplorer ces éternelles querelles internes qui sapent le travail du Parti et l'autorité du leader. Pour bien des militants modérés, Jean-Claude St-André était la personnification même de ces «caribous» déterminés à plonger le Québec en campagne référendaire, peu importe les chances de succès.
À certains égards, Pauline Marois est bien placée pour faire le ménage qui s'impose dans ce parti indiscipliné, sur lequel les présidents d'associations locales se réclament parfois d'un droit de propriété. Après les départs successifs de MM. Bouchard, Landry et Boisclair, Mme Marois était perçue comme le dernier espoir lorsqu'elle a remplacé Boisclair. Indépendante de fortune, elle n'a pas besoin de cette fonction ingrate pour gagner sa vie. C'était donc à prendre ou à laisser, ce qui lui a permis de soulager le Parti de l'obligation de tenir un référendum.
Il reste qu'après autant d'efforts répétés pour prendre la direction du PQ, Mme Marois aimerait bien passer à l'histoire comme la première femme à occuper le poste de premier ministre du Québec. Le risque associé à sa décision de bloquer St-André repose dans la motivation des militants.
Le Parti québécois est lourdement endetté et aura besoin d'un effort surhumain pour faire sortir son vote le 8 décembre. Si les souverainistes voient dans la décision de leur chef une confirmation supplémentaire de son peu d'appétit pour la souveraineté, ils seront peut-être moins nombreux à aller voter. D'autant plus que le nom de Gilles Duceppe comme successeur éventuel commence à faire son petit bonhomme de chemin...


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