La maladie de Claude Béchard

Tribune libre 2008




Il y a quelque chose de gênant à voir le ministre libéral Claude Béchard, actuellement en traitement de chimiothérapie pour un cancer du pancréas, se représenter dans la circonscription de Kamouraska–Témiscouata. S’il ne peut pas remplir ses fonctions présentement, le pourra-t-il à compter du 9 décembre? John McCain se serait-il lancé dans la course à la présidence états-unienne s’il avait été en traitement de chimio?

Bien que le sujet soit tabou, avant de voter le 8 décembre, les électeurs sont en droit d’en savoir un peu plus sur l’état de santé de M. Béchard. Pourquoi? Parce que le cancer du pancréas est le plus intraitable des cancers[1]. Au Canada, la probabilité à vie d’en être atteint chez un homme est de 1 sur 79,6, et la probabilité d’en mourir est de 1 sur 74,4[2]. Les rapports de survie relative à cinq ans les plus faibles sont relevés à l’égard justement du cancer du pancréas (6 %); viennent ensuite les cancers de l’œsophage (14 %), du poumon (hommes: 13 %; femmes: 18 %) et du foie (hommes: 17 %; femmes: 16 %)[3].

La réélection de M. Béchard est assurée. La grande majorité des électeurs ayant déjà voté pour lui voudra à coup sûr lui renouveler son soutien et lui dire par ce même, indirectement, prompt rétablissement. C’est touchant, certes, mais est-ce ce qu’il y a de mieux à faire pour la circonscription?

Si M. Béchard est incapable de travailler parce qu’il est malade, qu’il prenne le temps de se soigner et de se remettre. Tant que son gouvernement n’aura pas complètement privatisé la Santé, les soins prodigués seront gratuits. En outre, au lendemain de son retrait de la politique, comme il est député depuis 1997, il recevra de la part de l’État une substantielle compensation financière qui lui permettra d’assurer sa subsistance pour un temps. Quant aux électeurs de Kamouraska–Témiscouata, ils choisiront un député qui travaillera fort pour eux, et ce, sans délais.

M. Béchard guérira. Le moment venu, s’il le désire, il pourra se représenter, et les électeurs se feront une joie de le renvoyer à l’Assemblée nationale.


Sylvio Le Blanc

Montréal (Québec)

[1] http://www.cancer.ca/Canada-wide/About%20cancer/Cancer%20statistics/~/media/CCS/Canada%20wide/Files%20List/liste%20de%20fichiers/pdf/Canadian%20Cancer%20Statistics%202008%20PDF_404639205.ashx
[2] Idem.
[3] Idem.

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2 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    20 novembre 2008

    Je trouve qu'il y a, quand même, un certain manque de lucidité, et de combativité, disons, chez ceux qui se refusent à se présenter, dans le comté concerné, contre Claude Béchard, supposément simplement parce que ce dernier en est à se remettre d'un cancer.
    Ce n'est aucunement que ça m'a fasse personnellement plaisir, d'apprendre que Béchard était récemment traité pour cette maladie; pas plus que pour le député libéral Sam Hammad, il n'y a pas si longtemps, en vérité...
    La vraie question, ici, c'est qu'il faut garder en tête que Claude Béchard fait partie d'un gouvernement, celui de John James Charest, qui fait mal au Québec! Qui nous livre pieds et poing liés, à Power Corp. et au "Rest of Canada"!
    Devrait-on, par compassion pour le ministre et député Béchard, le laisser garder son poste? On peut avoir une certaine compassion pour lui, mais être bien déterminé, à voter de manière à sortir son "boss" et son équipe de l'Assemblée nationale, il me semble.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2008

    Vous avez tout à fait raison. Malaise, grand malaise. Mais que voulez-vous, les libéraux n'ont aucun sens moral et n'ont absolument aucune gêne à jouer sur les sentiments des électeurs. C'est bien connu.