La semaine des citoyens

Désobéissance civile - Printemps québécois



L'UPAC a fait son voyage de pêche du printemps, ce qui a dû faire du bien au moral de tous ces pauvres hommes qui avaient mis leurs lignes à l'eau il y a un an maintenant et qui rentraient bredouilles à la fin de chaque journée. À quoi ça sert d'avoir un si grand lac si on n'y trouve pas de poissons?
Cette fois, ça y est. Mardi, ils sont rentrés avec ce qu'ils ont annoncé comme une pêche miraculeuse. 15 poissons d'un seul coup. Et pas des ménés. De belles grosses prises, bien dodues, de la vraie belle qualité. Reste à voir si c'est mangeable ou s'il y a tellement d'arêtes qu'on ne pourra rien en tirer.
Le problème, évidemment, c'est que le lac est bien grand et que s'il est facile de deviner que des poissons y vivent en abondance, les ramasser est une autre paire de manches. Malgré tout, la prise de cette semaine ne doit pas donner à penser que le travail est fini. Loin de là. En fait, il ne fait que commencer. Allez, on nettoie la chaloupe, on réapprovisionne en leurres et on repart draguer tout le fond du lac sans égard à l'importance des espèces qu'on va trouver ou même du titre ronflant que certains peuvent encore porter.
Le Titanic est au fond de l'eau depuis 100 ans. On l'a suffisamment dit ces derniers temps. Le Touch, lui, va être sur la paille pour un bout de temps. Il aurait dû s'appeler «LA TOUCHE», ce qui aurait été un nom annonciateur de son destin. Le chemin est donc clair pour la chaloupe de l'UPAC et ses vaillants rameurs qui doivent se souvenir que même quand le poisson est sorti de l'eau, s'il n'est pas bien retenu dans le bateau, il arrivera peut-être à ressauter par-dessus bord et à retourner dans les eaux brouillées du lac. Splish, splash et c'est reparti. Au suivant!
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Si l'UPAC a connu un premier succès cette semaine, succès qui lui a gagné l'appui de la population n'en pouvant plus d'attendre les résultats palpables de toutes ces enquêtes, on ne peut pas en dire autant de ceux et celles qui vivent la crise déclenchée il y a plus de 60 jours dans les cégeps et les universités québécoises et qui sont en train de devenir des adultes sous nos yeux. Rien ne leur a été épargné. On les a accusés tour à tour d'être responsables des dérapages violents qui sont survenus pourtant seulement quand le gouvernement a fermé la porte à toute négociation, et on a ciblé l'un des dirigeants en tentant de l'isoler des deux autres afin de miner la solidarité des trois groupes qui ne s'était pas épuisée depuis dix semaines.
Je suis impressionnée par la dignité des dirigeants des trois groupes principaux et par la résistance qu'ils continuent d'afficher malgré l'extraordinaire appel à la désunion que leur a lancé le gouvernement à plusieurs reprises.
Beaucoup de citoyens ont tenté d'aider le gouvernement à trouver une solution qui permette à tout le monde de sauver la face, qui semble bien être la principale préoccupation de la ministre de l'Éducation et du premier ministre en ce moment. On a fait d'un problème entièrement québécois un véritable problème chinois où l'ego des élus prend le dessus sur toute solution de bon sens et de justice. Toutes les propositions ont été rejetées du revers de la main. «Nous ne reculerons pas», est devenu la devise libérale et elle est à la mesure de leur incapacité d'entendre la voix citoyenne.
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La voix citoyenne, il faudra être complètement sourd pour ne pas l'entendre dimanche, où que vous soyez au Québec. Nous sommes arrivés au 22 avril, une date que nous attendons avec impatience depuis longtemps. Ce dimanche, à partir de 14h, les étudiants ne seront plus seuls dans les rues, ils auront de la compagnie. En ce Jour de la Terre, ceux et celles qui le peuvent marcheront la tête haute pour que leurs voix unies soient portées par la même volonté de faire cesser tous les abus qui détruisent la planète, les abus qui détruisent nos vies citoyennes et les abus qui détruisent notre liberté et notre démocratie. Nous réclamons une bouffée d'air frais depuis des années. Il dépendra de vous qu'elle soit au rendez-vous.
Si le printemps qui s'annonce dans la nature québécoise est porteur d'espoir pour l'avenir, dimanche est un rendez-vous essentiel. Ne serait-ce que pour pouvoir dire «j'y étais» et j'ai fait partie de ce moment où on a senti le vent tourner et l'avenir s'ouvrir devant nous. Prenez une grande respiration. Souriez et dites: ENFIN.


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