En février dernier, Emmanuel Macron avait averti Tayyip Reccep Erdogan que la Turquie ne devait pas utiliser ses opérations militaires en Syrie comme excuse pour envahir ce pays. Ce jeudi, Macron recevait à l’Élysée une délégation kurde qui représentait les territoires kurdes en Syrie.
Après la rencontre, des représentants kurdes ont déclaré que la France était prête à augmenter sa coopération avec les Kurdes, et même à renforcer sa présence militaire. Pour sa part, Macron a offert sa médiation entre les Kurdes et les Turcs. La réaction du gouvernement turc a été brutale. Non seulement refuse-t-il toute médiation, mais, en plus, il menace de prendre la France pour cible si cette dernière aide les Kurdes militairement.
1. Comment la France a-t-elle réagi aux menaces de la Turquie ?
Le gouvernement Macron a rapidement rectifié le tir. Il a assuré que la France interviendrait militairement uniquement dans le cadre d’une opération conjointe avec les alliés. Pendant ce temps, les diplomates français tenteraient de convaincre les alliés de la France d’intervenir. C’est que les craintes de Macron sont justifiées.
2.Comment se présente la conquête turque ?
Après avoir capturé le territoire de l’Afrine qui était contrôlé par les Kurdes, les Turcs veulent s’emparer des territoires de Manbij, qui sont tenus par les Kurdes. S’ils y parviennent, les Turcs contrôleront un vaste territoire de 200 km qui s’étend de l’Euphrate jusqu’à l’Afrine. Cet ensemble pourrait facilement être annexé à la Turquie ou servir de socle à des opérations militaires turques ailleurs en Syrie.
3. Pourquoi les divisions sont-elles bonnes pour les Turcs ?
Même si la Turquie ne parvient pas à annexer cette partie du territoire syrien, son intervention militaire aura des effets bénéfiques pour elle. D’abord, elle affaiblit les Kurdes, ennemis jurés d’Erdogan. Ensuite, en affaiblissant les Kurdes, elle offre un sursis aux autres groupes islamistes en Syrie. Pour Erdogan, tout ce qui permet de renforcer les groupes islamistes, et donc d’affaiblir la Syrie et l’Irak, est souhaitable.
4. Quel est l’objectif du gouvernement d’Erdogan ?
Le gouvernement Erdogan semble en train de jeter les bases du nouvel Empire ottoman dont il rêve depuis longtemps. Car la Turquie ne quittera probablement pas les territoires syriens qu’elle est en train d’occuper. Les pays occidentaux pourraient être heureux de la « pax ottomana » qui pourrait en résulter. Malheureusement, Erdogan est un islamiste, et son régime dictatorial est très corrompu. Rien de bon ne sortira d’un renforcement de la puissance de cette Turquie-là.
5. L’Europe et les États-Unis peuvent-ils stopper la Turquie ?
En théorie oui, mais le prix à payer paraît de plus en plus élevé. D’abord, la Turquie menace de laisser les immigrants de la région se rendre librement en Europe. Ensuite, il est douteux que Donald Trump et son équipe comprennent bien les enjeux de la région. Trump semble surtout vouloir que les soldats américains sortent le plus rapidement possible de ce guêpier. Or, sans un appui solide des Américains, les troupes européennes ne s’engageront pas dans la région. Enfin, les pays occidentaux ont pour la plupart choisi les mauvais alliés et la mauvaise cause. Ils ont choisi de soutenir les gouvernements islamistes de la région, à commencer par celui de l’Arabie saoudite. Tout cela parce que ces gouvernements achètent pour des milliards de dollars d’équipements militaires. Mais pour ces islamistes, ce prix est faible. Ils peuvent en retour continuer à propager dans le monde leur islam radical.