Le président du transporteur ferroviaire Montreal Maine and Atlantic (MMA), Ed Burkhardt, dont le train a déraillé et explosé à Lac-Mégantic dit lui aussi souffrir des suites de la tragédie.
Faisant le bilan de l'année 2013 alors que celle-ci tire à sa fin, M. Burkhardt affirme être encore troublé par l'accident du 6 juillet qui a coûté la vie à 47 personnes et détruit une partie de la ville et il dit y penser tous les jours.
Lors d'une récente entrevue à La Presse Canadienne, le président de la MMA soutient également avoir subi des pertes financières importantes depuis l'événement.
«Ils avaient tous les droits d'être en colère en raison de ce qui s'est produit», dit-il en parlant de la haine exprimée à son égard par les résidants de Lac-Mégantic.
«Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que j'étais tout aussi fâché, et que j'ai moi aussi été une victime dans toute cette affaire.»
L'homme d'affaires, qui dit être le plus important actionnaire de la MMA - désormais en faillite -, a expliqué avoir perdu l'ensemble de son investissement après que le déraillement eut forcé l'entreprise à se placer sous la protection des tribunaux.
«Il s'agit d'un important montant d'argent, je dois dire, a-t-il confié lors d'un entretien téléphonique à partir de ses bureaux sis en Illinois. Je suis passé de quelqu'un qui était bien en moyens à quelqu'un qui vit correctement. Mais bon, ce sont des choses qui arrivent.»
Il a toutefois ajouté qu'il ne se plaignait pas de ses ennuis financiers, insistant sur le fait qu'il ne voulait pas critiquer les gens de Lac-Mégantic qui, dit-il, «ont vécu l'enfer».
«Les pertes financières ne sont pas dans la même catégorie que les pertes personnelles, la mort et toutes ces choses, que les gens ont subies à Lac-Mégantic», dit-il.
Les remarques souvent acerbes de M. Burkhardt, son absence de compassion et sa mauvaise gestion des relations publiques en ont fait l'ennemi public numéro 1 l'été dernier à Lac-Mégantic.
Son bref passage par la ville dans la foulée de la catastrophe a laissé l'image d'une conférence de presse tumultueuse, durant laquelle il a été invectivé par les citoyens.
M. Burkhardt, qui a également été critiqué pour avoir attendu plus de quatre jours avant de visiter la ville à la suite du déraillement, s'attendait à l'accueil glacial. Il défend toutefois son passage tardif, affirmant qu'il gérait la crise à partir de son bureau.
L'homme croit par ailleurs que la colère des résidants de Lac-Mégantic était dirigée vers lui parce qu'à titre de président, il était la voix de l'entreprise.
«J'ai adopté un rôle un peu trop personnel là-bas, et j'imagine donc que j'ai agi comme un aimant pour la colère des gens, ce qui n'est pas très surprenant», mentionne le magnat du rail.
Il a ensuite répété une allégation tout d'abord prononcée en public lors de sa conférence de presse de juillet: le conducteur du train n'avait pas correctement effectué son travail la nuit de la catastrophe.
«Ils ont une bien piètre estime de moi, mais je ne suis pas celui qui n'a pas engagé les freins sur le train», dit-il.
Tom Harding, le conducteur en question, a été suspendu par la MMA à la suite de l'accident. Son avocat n'a pas répondu à une demande d'entrevue pour commenter cette allégation.
Des pompiers de la ville voisine de Nantes ont dit être intervenus pour éteindre un incendie à bord du train quelques heures avant le déraillement. La MMA a suggéré que la décision des pompiers d'arrêter la locomotive pour éteindre les flammes pourrait avoir désactivé les freins à air.
La police et des responsables fédéraux de la sécurité des transports mènent toujours l'enquête sur la catastrophe.
Dans les mois suivant le désastre, M. Burkhardt dit s'être demandé si ses trains n'avaient jamais dû transporter du pétrole brut. «J'aurais aimé que nous n'en ayons pas transporté. Dans un tel cas, nous n'aurions jamais été plongés dans une telle situation.»
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