Langue française: Lisée rencontre de la résistance

La proposition principale ne va pas assez loin, selon certains

16054c232d6ddfceebbcbc7f01541942

Lisée déclare avoir l'appui de Louise Beaudoin ! Pour ce qu'il pèse...






À la veille de participer à son premier Conseil national du Parti québécois en tant que chef, Jean-François Lisée n’a pu éviter la controverse alors qu’une fronde souverainiste a visé sa défense de la langue française, que d’aucuns jugent trop timide.


 

De plus, la Coalition avenir Québec a accusé le PQ d’avoir détourné des fonds de l’Assemblée nationale pour payer les salaires d’un personnel politique qui se consacre à des activités partisanes.


 

C’était pourtant jour de fête pour Jean-François Lisée : il a participé à l’assermentation des deux députés péquistes qui ont remporté la victoire lors des dernières élections partielles, les premiers élus sous sa gouverne : Catherine Fournier, dans Marie-Victorin, et Marc Bourcier, dans Saint-Jérôme.


 

La première salve est venue du président du Bloc québécois, Mario Beaulieu. Le député bloquiste a reproché à Jean-François Lisée de « laisser la langue française reculer encore davantage ».


 

La « proposition principale », c’est-à-dire le nouveau programme que le chef péquiste a rédigé avec la commission politique du parti et qui sera officiellement présenté aux militants samedi, abandonne une résolution qui apparaissait dans la proposition principale de 2011 et qui voulait empêcher les étudiants diplômés des écoles secondaires francophones de fréquenter le cégep anglophone. Dans le même esprit, la nouvelle position péquiste sur la langue rejette des mesures qui étaient contenues dans le projet de loi 14 du gouvernement Marois, notamment celles qui portent sur le retrait du statut bilingue à certaines municipalités et sur l’accès à l’école anglaise pour les enfants de militaires francophones. « Déjà, les mesures annoncées dans le projet de loi 14 étaient insuffisantes pour faire du français la véritable langue officielle et commune », écrit Mario Beaulieu.


 

Dans le point de presse qui a suivi l’assermentation, Jean-François Lisée, non sans ironie, a remercié Mario Beaulieu « d’être sorti de son devoir de réserve de président du Bloc pour montrer le contraste entre une attitude chicanière et une attitude plus ouverte, plus décomplexée ».


 

Jean-François Lisée a affirmé qu’il voulait sortir des ornières des anciennes chicanes péquistes. « J’ai la conviction que l’immense majorité des membres du Parti québécois veulent passer à autre chose », a-t-il dit. « Nous proposons un changement de cap, un changement d’attitude. Tout changement nécessite une transition. Dans tout changement, il y a une résistance. »


 

Le chef péquiste a dit avoir « la certitude » que les militants vont formuler des amendements à la proposition principale, mais que sa vision prévaudra au congrès de l’automne. « J’ai été élu pour faire ce changement. » Il s’est félicité de l’appui que l’ancienne ministre responsable de la Charte de la langue française, Louise Beaudoin, lui a manifesté dans une intervention à la télévision.


 

Le président de l’Association péquiste de Beauharnois, Marc Laviolette, est convaincu qu’un amendement visant l’accès au cégep en anglais se retrouvera au congrès. « Connaissant le PQ, ce n’est pas parce que le chef a dit ça qu’automatiquement, le monde va prendre [son] trou », a-t-il livré au Devoir.


 

Pierre Dubuc, de l’ancien SPQ libre et membre de l’Association péquiste de Montarville, a résumé ainsi son point de vue : « Avec Péladeau, on avait le national sans le social. Là, on va avoir le social sans le national. »


 

À l’ouverture du Conseil national samedi, Jean-François Lisée sera la cible d’un tir groupé. Dans une lettre ouverte publiée ce samedi dans Le Devoir, Maxime Laporte, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Jean-Paul Perreault, d’Impératif français, Éric Bouchard, du Mouvement Québec français, Sophie Stanké, du Mouvement Montréal français et Mario Beaulieu jugent insuffisante la proposition du chef péquiste pour protéger la langue française. « S’il avait fallu, au moment d’adopter la loi 101, qu’on s’empêche d’agir de peur de “diviser”, le Québec français serait aujourd’hui probablement à terre, et la nation québécoise, plus divisée que jamais », écrivent-ils, ajoutant qu’« il faut parachever une bonne fois pour toutes la reconfiguration institutionnelle entamée par Camille Laurin. »


 

Par ailleurs, le président du Parti québécois, Raymond Archambault, a senti le besoin de retirer un de ses commentaires sur Facebook quelques minutes après l’avoir diffusé vendredi. Il manifestait son appréciation de la chronique de Christian Rioux publiée vendredi dans Le Devoir et intitulée « La “diversité” et la tarte à la crème ». Le chroniqueur dénonçait « les discours les plus extrêmes » qui prônaient l’imposition des « quotas ethniques et sexuels » tous azimuts. « Ce qui est intéressant dans cette chronique-là, c’est la dénonciation des dérives. Chaque fois qu’on veut faire le bien, on veut le faire de manière excessive », a livré Raymond Archambault au Devoir. Sur sa page Facebook, il avait écrit : « Il y a quelques années, on appelait ça “discrimination positive”. […] Discrimination quand même. » Après deux commentaires, il a réalisé que sa remarque soulevait des « malentendus », des « cafouillages » ; il l’a donc retirée.


 

Usage des fonds de l’Assemblée nationale


 

Quant à l’accusation de la CAQ, Jean-François Lisée l’a rejetée en soutenant que son parti se conformait aux règles de l’Assemblée nationale et qu’il est pratique courante que les attachés politiques et les agents de liaison soient payés par cette institution, tout comme quand un parti est au pouvoir, ils sont payés par le conseil exécutif et se retrouvent dans les cabinets ministériels. Et cet agent de liaison, dont « le port d’attache » est à l’Assemblée nationale, peut « travailler chez lui, du Tim Hortons ou à la permanence du Parti québécois ». Le chef péquiste a donné l’assurance que le PQ collaborera à une éventuelle enquête sur ces pratiques.


 

« C’est du théâtre. C’est le bal des hypocrites, a-t-il lancé. C’est la règle d’envoyer une tuile dans le camp du parti qui a un conseil national. Ça fait partie de la chorégraphie. »


 
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir



Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->