« Le cadavre du français en Louisiane se lève et demande une bière »

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Le combat titanesque de Zachary Richard






Tandis que les Québécois luttent pour préserver leur langue, la Louisiane vient d'adopter une loi permettant l'affichage bilingue, une grande victoire pour toute une nouvelle génération de francophones, qui combattent l'assimilation et rament à contre-courant.



« Dès qu'on est prêt à fermer le cercueil sur le cadavre de la francophonie louisianaise, ben, le cadavre se lève, pis demande une bière », lance Zachary Richard.



L'auteur-compositeur-interprète milite depuis plus de 40 ans pour empêcher que le français louisianais, l'identité, l'histoire d'un peuple ne disparaissent. Et aujourd'hui, il peut passer le flambeau à la jeune génération.



« J'ai beaucoup d'espoir parce qu'il y a non seulement une volonté culturelle, mais il y a aussi une volonté économique et une volonté politique. Ce qui est vraiment très nouveau dans notre histoire. On a fini par comprendre, comme les Québécois ont toujours compris, que c'était d'abord une question politique, la question linguistique », poursuit Zachary Richard.



L'immersion française dans les écoles, un programme qui a commencé vers la fin des années 80, commence à porter ses premiers fruits. On ne parle pas d'une renaissance du français, mais plutôt d'un réveil.



Le représentant démocrate Stephen Ortego a même réussi à faire adopter deux lois à l'Assemblée de la Louisiane pour préserver le français :




  1. L'affichage bilingue dans les 22 comtés acadiens, des comtés où l'identité française est encore évidente dans les noms de villes, de rues, de commerces. Ces comtés pourront maintenant choisir d'afficher dans les deux langues.

  2. Les écoles d'immersion française, qui seront désormais plus accessibles. Une simple pétition avec les signatures de 25 familles suffit pour forcer une commission scolaire à mettre en place un programme d'immersion.




La Louisiane est le seul État à s'être doté d'une agence gouvernementale dont l'objectif est de préserver et de promouvoir le français. Une sorte de conseil supérieur de la langue française, mais sans les pouvoirs, sans les moyens de son cousin québécois. Mais il faut dire qu'en Louisiane les francophones sont une petite minorité.










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« En Louisiane, on dit toujours qu'il y a à peu près 150 000 francophones. Et moi je dirais qu'il y a un autre 150 000 [qui sont] des francos passifs. Les gens qui disent qu'ils ne parlent pas le français, mais qui le comprennent. »
— Charles Larroque, directeur général du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL)


Sur une population de 4,5 millions de personnes, ce n'est pas énorme. Le nombre de francophones « monolingues », autrefois majoritaires dans les comtés acadiens, a commencé à chuter après 1916, quand l'école - monolingue anglaise - est devenue obligatoire.



Parler le français était interdit dans les écoles de Louisiane. En fait, on battait les enfants cajuns qui osaient parler leur langue maternelle.



« J'ai composé une chanson sur la question qui s'appelle No French No More, mais j'ai jamais pu vraiment imaginer le sentiment de mes grands-parents par rapport à cette assimilation forcée qui a été accomplie avec l'humiliation et la punition corporelle des enfants », dit Zachary Richard.



C'est avec cette génération fustigée que la transmission du français a été interrompue.



La version intégrale de ce reportage sera diffusée ce soir au Téléjournal 22 h sur ICI Radio-Canada Télé.


Sauver l'héritage d'un peuple



« Mon grand-père paternel, lui, était puni, était frappé, était battu à l'école par ses enseignantes parce qu'il ne pouvait pas parler anglais. So à cause qu'il pouvait pas parler anglais, pis qu'il était battu par ses enseignantes, il n'a pas parlé français avec mon père, ni mes tantes, ni mes oncles », raconte Mandy Migues, enseignante de français langue seconde.



Pour protéger l'héritage de ses grands-parents, elle a fondé Francos-Jeunes, un mouvement de Louisianais dans la trentaine, pour faire rayonner le français. Elle organise régulièrement des soirées françaises avec des amis qui, comme elle, ont tous des racines cajuns perdues, et qui parlent aujourd'hui à peine français.



« Il y a des gens qui disent que je suis militante, but, je ne trouve pas. Je trouve que je suis juste une enseignante qui veut avoir une réalité francophone chez elle. [...] Je veux faire vivre le français en Louisiane, chez nous. »
— Mandy Migues, enseignante de français langue seconde


Ces nouveaux combattants du français ont accès aujourd'hui à la francophonie du monde entier, un club qui compte 300 millions de personnes. Leur français évolue, influencé par leurs enseignants importés : Français, Belges, Québécois, Acadiens de l'est du Canada.



Le français que parlent les jeunes Louisianais ne ressemble plus beaucoup à celui de leurs grands-parents. Le français n'est peut-être plus la première langue des nouveaux cajuns, mais c'est la langue qu'ils aiment.










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Et pour voir le portrait de trois personnes militant pour le français en Louisiane sur votre appareil mobile, cliquez ici




Avec la collaboration de Joyce Napier, Marcel Calfat et Sylvain Richard



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