Le contraire du leadership

CAQ - trop fédéraliste pour les uns, trop souverainiste pour les autres; heureusement que la question nationale a été évacuée... et que le paradigme fédéraliste-souverainiste a été effacé par le paradigme gauche-droite!


Il y a de fortes chances que la Coalition pour l'avenir du Québec de MM. Legault et Sirois demeure très populaire, tant et aussi longtemps qu'ils continueront à ne rien proposer de concret, comme en fait foi leur manifeste.
PHOTO: PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

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Ceux qui attendaient le Messie par le biais de la publication du manifeste de François Legault et Charles Sirois seront restés sur leur faim et peuvent continuer de prier. Le résultat est d'autant plus mitigé que l'accouchement a été très long!
Dans la même veine, le manifeste des «lucides» était au moins plus clair et avait le mérite de proposer des actions courageuses et concrètes qui exigeaient précisément de la lucidité et des choix douloureux. C'est d'ailleurs la principale raison pour laquelle l'essai de Lucien Bouchard et compagnie a vite été remisé sur les tablettes de l'histoire du Québec. J'ajouterais hélas!
Par contre, il y a de fortes chances que la Coalition pour l'avenir du Québec de MM. Legault et Sirois demeure très populaire, tant et aussi longtemps qu'ils continueront à ne rien proposer de concret, comme en fait foi leur manifeste. Malheureusement.
Mais tout n'est pas mauvais. Le seul fait que deux personnes disposant d'une grande expérience et qui ont tout de même les moyens de faire autre chose décident de consacrer une bonne partie de leur énergie et de leur temps à se pencher sur l'avenir du Québec est déjà une bonne nouvelle.
Tout en étant déçu par son caractère vague et l'absence de propositions précises, on me permettra de m'arrêter avec circonspection sur les trois principaux messages de ce manifeste.
Le premier n'est nulle part clairement exprimé même s'il saute aux yeux: ceux qui nous dirigent actuellement, au gouvernement ou dans les autres partis, n'ont guère de solutions à apporter à un Québec, qui selon MM. Sirois et Legault, fait du surplace et n'a plus de capacité d'agir. La seule démarche le proclame. Ce jugement ne correspond toutefois pas à la réalité.
Même si rien n'est parfait et qu'il faudrait s'attaquer sérieusement à des problèmes structurels importants comme le déficit et la dette et cesser de voir l'État comme étant responsable de tout, le Québec a, dans bien des domaines, accompli des progrès remarquables. On souhaiterait rapidement connaître ce que la nouvelle coalition avancera comme propositions pour, par exemple, résoudre la question de la taille de l'État, réconcilier le secteur public et le secteur privé, ou mettre un terme à la prolifération de services publics que nous n'avons plus les moyens de nous payer. Pour ce faire, le leadership est aussi nécessaire que la consultation.
Deuxième message discutable véhiculé par le manifeste: la question nationale est un frein majeur à notre épanouissement. Pourtant, cette question fait partie du paysage depuis plus de 40 ans et cela n'a pas empêché François Legault de créer Air Transat, ni Charles Sirois de devenir un des entrepreneurs les plus prospères du Canada. Suggérer une trêve entre fédéralistes et souverainistes est une utopie qui ne résisterait pas à la première querelle fédérale-provinciale sur la couleur du tapis. Je serais étonné de voir fédéralistes et souverainistes remiser leurs convictions au vestiaire de François Legault, le temps que la coalition qu'il propose en arrive à remettre le Québec en marche!
Troisième et principal message de ce manifeste?: on attend vos idées puisqu'on ne s'est pas encore fait une tête sur le manifeste final! Le projet de créer un nouveau créneau politique s'est donc évanoui pour l'instant dans un grand processus de consultation. Cette consultation, trop vaste, amènera sans doute des propositions aussi vastes. Le rejet des unes et l'acceptation des autres rendront l'exercice d'autant plus périlleux qu'il y a fort à parier que la plupart d'entre elles sont déjà dans les cartons des partis politiques existants. On ne ferme pas la porte aux alliances politiques, mais avec le parti qui sera le plus offrant.
On a encore la fâcheuse impression qu'on cherche des solutions qui ne feront mal à personne et qui plairont à tout le monde. Or, c'est le contraire du leadership.
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Richard Vigneault
L'auteur est consultant en communication et membre de l'Idée fédérale.

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Consultant en communication, ex-journaliste et conseiller des premiers ministres Daniel Johnson et Jean Charest





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