Le gène de la souveraineté

Sans-gêne fédéraliste ou comment faire semblant de raisonner (ad hominem) et prétendre justifier "l'Idée fédérale"...



Dans un texte publié dans les pages de La Presse d'hier en réaction [à un éditorial d'André Pratte->20909] (La Presse, 24 juillet), l'ancien [premier ministre Bernard Landry->21009] nous explique ni plus ni moins le contraire [?] de ce qu'il soutenait autrefois, à savoir que les électeurs aînés optaient davantage pour le fédéralisme, mais que le temps et l'âge auraient raison d'eux. Selon lui, les souverainistes de la première heure rejoignent aujourd'hui une couche d'âge dont ils étaient naguère totalement absents. Autrement dit, le vieillissement de ceux qui furent un jour souverainistes, disons dans les années 70-80, favoriserait l'option indépendantiste dans le cas d'un éventuel référendum.
Ce raisonnement de M. Landry suppose deux choses. Soit les fédéralistes sont tous morts ou soit les souverainistes sont indépendantistes un jour, indépendantistes toujours. Les premiers dégénèrent, les seconds se régénèrent. L'adhésion à la souveraineté serait une forme de sagesse qui mûrit avec l'âge.

Mais on peut aller plus loin dans l'analyse alambiquée, un rendez-vous que M. Landry ne rate jamais. C'est ainsi qu'il écrit: «Aujourd'hui, une bonne proportion des souverainistes sont grands-parents et ils n'ont généralement pas à convaincre de leur idéal les deux générations de leur descendance, c'est presque toujours déjà fait naturellement.» On a peine à croire ce qu'on lit! La souveraineté ne serait, selon M. Landry, rien de moins qu'héréditaire!
On comprend mieux pourquoi M. Landry ne sent pas le besoin d'élaborer sur la puissante argumentation rationnelle en faveur de l'indépendance à laquelle il fait référence dans son texte pour prétendre qu'il est inexorable que le Québec devienne le 196e membre de l'ONU. Nous n'aurons donc pas besoin d'expliquer à nos petits-enfants qu'ils sont déjà plus libres et plus développés que dans la très grande proportion de ces 195 autres pays dits indépendants puisqu'ils auront, selon M. Landry, le gène de la souveraineté.
M. Landry ne s'arrête pas là. Il s'insurge: «Comment se pourrait-il qu'un souverainiste qui quitte le fabuleux royaume du Saguenay-Lac-St-Jean puisse changer d'idée en rejoignant les francophones de Montréal qui sont encore plus indépendantistes que dans sa région d'origine»? Voilà une phrase qui est assenée comme un dogme. Sous la plume de M. Landry, ce genre de raccourci exclut toute possibilité qu'un francophone puisse choisir une autre option que la sienne sans être ostracisé. La souveraineté serait selon lui la seule forme d'amour de la patrie et du pays! Là, l'ancien premier ministre ferme la porte de sa chapelle à double tour. Il rejoint l'Église catholique d'il y a 50 ans qui n'imaginait pas qu'un francophone, né au Québec, puisse suivre une autre voie que celle du catholicisme étroit qui était imposé. Résultat: les églises sont vides... et les chapelles aussi.
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Richard Vigneault
Consultant en communication, l'auteur est conseiller ad hoc du premier ministre Jean Charest. Il est également membre de l'Idée fédérale.

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Consultant en communication, ex-journaliste et conseiller des premiers ministres Daniel Johnson et Jean Charest





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