Au lendemain de l’annonce par le premier ministre Trudeau de donner le feu vert à la construction de l’oléoduc Trans Mountain, on apprend que l’écologiste et fondateur d’Équiterre, Steven Guilbeault, tente sa chance à l'investiture du Parti libéral du Canada (PLC) dans la circonscription montréalaise de Laurier-Sainte-Marie, en vue des élections fédérales d'octobre prochain.
On se souviendra qu’en octobre 2018, Steven Guilbeault avait pris la décision de quitter Équiterre. Comme « par hasard », quelques semaines plus tard, il était nommé, par Ottawa, coprésident du comité consultatif pour la lutte contre les changements climatiques, un organisme chargé de conseiller le gouvernement Trudeau en matière d’environnement.
Conséquemment, est-ce à dire que Steven Guilbeault a participé à la décision de Justin Trudeau de mettre de l’avant le projet Trans Mountain, endossant par le fait même la stratégie selon laquelle tous les profits générés par l’oléoduc seront versés aux énergies vertes?
Si tel est le cas, comment peut-il justifier le fait qu’une entreprise polluante, dont l’impact environnemental équivaut à l’ajout de 3 à 4 millions de voitures sur nos routes, puisse servir de « moteur » pour lutter contre la pollution? Une question qui suscite, à mes yeux, plusieurs interrogations, notamment sur le virage pour le moins inattendu du fondateur d’Équiterre…
Économie et environnement, un mariage chaotique
La montée en flèche des changements climatiques s’impose de plus en plus comme une priorité pour les chefs de gouvernements à travers la planète, le Canada et le Québec n’y échappant pas. Or, un autre facteur essentiel au développement d’un pays réside dans la vitalité de son économie.
Il n’est donc pas surprenant d’assister à un mariage chaotique entre économie et environnement, l’un et l’autre évoluant souvent dans des champs diamétralement opposés. À cet effet, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et celui de l’Alberta, Jason Kenney, incarnent deux exemples patents de cette discordance qui leur demande souvent d’user de tergiversations qui frôlent parfois la contradiction.
De son côté, le premier ministre du Québec se retrouve dans une catégorie à part, ayant réussi, grâce à l’hydroélectricité, à concilier habilement économie et environnement. Toutefois, du côté de l’Alberta, Jason Kenney se retrouve carrément pris en otage dans la quadrature du cercle, sa politique environnementale n’arrivant pas à compenser les effets nocifs de l’exploitation de son pétrole.
À mon avis, nous allons assister de plus en plus à ce genre de défi qui attend les chefs de gouvernements, un défi herculéen qui risque de causer des divorces douloureux entre l’économie et l’environnement!
La question de l’urne
Aux dires de plusieurs observateurs de la scène politique fédérale, la question de l’urne, soit le facteur le plus important dans la tête des électeurs au moment d’inscrire leur vote, sera l’environnement. À cet effet, l’amalgame présenté par Justin Trudeau entre son accord pour le projet Trans Mountain et l’injection des profits provenant de l’exploitation de l’oléoduc dans la transition à l’énergie propre en dit long sur les intentions du premier ministre de mettre le focus sur l’environnement.
De son côté, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, semble pencher dans la même direction, une position délicate qui le placera sur le terrain de prédilection du Parti vert d’Élizabeth May qui a gagné des points précieux dans les derniers sondages. Quant au Nouveau parti démocratique, il prévoit la création de 300 000 emplois en lien avec la transition énergétique, la fin des subventions aux énergies fossiles, des économies de 900 $ par famille sur les coûts énergétiques, de nouvelles mesures d'aide à l'achat d'un véhicule électrique et ouvre la porte à la gratuité des transports collectifs. Enfin, les conservateurs devraient présenter un plan environnemental qui comprendra un équilibre entre de grands projets de pipeline et la lutte à la pollution exigée par une partie grandissante de l'électorat.
En bref, les deux partis susceptibles de prendre le pouvoir en octobre, soit le PLC ou le PPC, jouent sur les deux tableaux, à savoir l’économie et l’environnement, une position qui risque de dégénérer en conflits empêtrés dans la quadrature du cercle!
Henri Marineau, Québec
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé