Depuis des semaines, des députés du Parti québécois (PQ) rêvent au « grand coup » – le geste éclatant qui permettrait au parti de se donner un nouvel élan, alors qu'il semble coincé dans une infernale spirale descendante. Le nouveau sondage Léger, qui n'accorde plus qu'un famélique 20 % d'appui au PQ, ne rendra que plus vive l'urgence de porter ce grand coup.
Une analyse d'Hugo Lavallée, correspondant parlementaire à Québec
Si seulement les choses étaient simples. Le problème du Parti québécois vient précisément du fait qu’il ne semble pas y avoir de remède évident au mal qui le hante depuis voilà des mois. Le congrès national, qui devait servir de catalyseur, n’a semblé avoir aucun effet sur l'opinion publique – même si tout s'est passé comme prévu.
Certains ont bien tenté des hypothèses : le PQ souffrirait du report du référendum, ses messages – imprécis – iraient dans toutes les directions, son chef ne serait pas à la hauteur des attentes. Aucune ne semble toutefois entièrement convaincante.
À l’Assemblée nationale, les députés péquistes ne font ni mieux ni pire que ceux des autres partis. Jean-François Lisée n’a pas commis de grosse bourde, et personne ne semble s’ennuyer des éternels débats sur la question référendaire.
La visibilité médiatique du parti n’est certes plus la même qu’à l’époque des courses au leadership, mais elle se compare à ce que peut espérer un parti dans l’opposition.
À l’évidence, le mal dont souffre le Parti québécois est plus profond. Face à la montée de la CAQ, à droite, et à celle de Québec solidaire, à gauche, le PQ paraît de plus en plus à l’étroit. Bref, le problème est structurel.
La recomposition du paysage politique, incarnée par la consolidation des quatre formations politiques existantes et par l’effacement progressif de la question nationale, est naturellement plus dommageable pour les partis de centre et paraît, en l’espèce, se faire essentiellement au détriment du PQ.
Les changements de position successifs du parti, qui ont pour corollaire les incessantes successions de chefs survenues ces dernières années, semblent aussi avoir entamé la crédibilité du PQ sur des questions comme l’environnement ou la social-démocratie.
Pour se sortir de sa fâcheuse posture, le PQ a bien tenté le printemps dernier de se rapprocher de Québec solidaire, avec les résultats que l’on sait.
En coulisse, à l’époque, certains députés du PQ semblaient toutefois plus tentés par un rapprochement avec la CAQ. Même si François Legault a toujours catégoriquement rejeté pareil scénario, l’affaire aurait sans doute pu être envisagée au moment où la CAQ faisait du surplace dans les intentions de vote derrière le PLQ et le PQ. Maintenant que la CAQ occupe la position de tête dans les intentions de vote, cette avenue semble définitivement condamnée.
Bref, définir le grand coup dont le PQ aurait besoin pour se sortir du marasme actuel relève de l’exploit. Pour le moment, même le chef Jean-François Lisée – qu’on dit pourtant grand stratège – en semble incapable.
Le sondage cité dans cet article a été réalisé du 23 au 25 octobre 2017 par Léger pour le compte du Devoir auprès de 1008 répondants recrutés sur Internet.