L'éthique libérale? Etre virtuose dans l'art de mentir

Le lapsus contagieux de Norman

Le DGE semble apte à déceler certaines anomalies sans donner suite à d'autres irrégularités qui font surface, comme le mystérieux compte bancaire révélé par l'attachée de presse du ministre.

Tribune libre 2010



On apprenait de Québec en date de mercredi passé qu'une vérification du Directeur général des élections constatait des irrégularités ou des anomalies dans l'association libérale de la circonscription du ministre délégué des Transports, Norman MacMillan.
La vérification du DGE portait sur les années 2008 et 2009 et il en ressort que huit électeurs ayant fait des dons aux libéraux du comté de Papineau étaient domiciliés à l'adresse de leur entreprise.
M. MacMillan a tenté d'expliquer ce procédé de la manière suivante : « Nous, on envoie des lettres aux gens. Les gens reçoivent leur lettre probablement à leur commerce. Et envoient leur chèque personnel. »
Mme Cynthia Gagnon, du DGE, a indiqué que « les [anomalies] révélées dans la circonscription de M. MacMillan ne démontrent pas que des entreprises pourraient avoir illégalement contribué au PLQ. » L'examen est complété. Cependant, la porte-parole du DGE dit qu'il y aura enquête auprès
d'un « contributeur » sélectionné au hasard parmi les deux années vérifiées, qui n'a pas été en mesure de certifier qu'il avait fait un don à partir de ses propres biens et sans contrepartie, tel que le prescrit la loi.
M. MacMillan a soutenu qu'il était « au courant qu'une compagnie ne pouvait pas donner. Je suis au courant que des gens qui travaillent pour des compagnies choisissent de donner au parti libéral. Je pourrais sortir ma liste des 10 dernières années et c'est toujours les mêmes qui donnent chez nous. »
Au niveau de l'allocation de fonction de M. MacMillan, elle a servi à rembourser des frais de 4000 $ sans pièces justificatives. La nature de ces dépenses n'a pas été divulguée aux enquêteurs du DGE. Mme Gagnon ne prévoir pas de sanctions pour ce cas précis et le DGE enjoint tout doucement l'association libérale de Papineau d'assurer un suivi plus rigoureux des remboursements effectués.
En date de jeudi, le ministre MacMillan avoue finalement avoir fourni de « mauvaises explications » en rapport avec des dépenses injustifiées de 4000 $ remboursée par son association de comté. Voyons voir, « fournir des mauvaises explications »… Si on devait dire ça autrement que dans le langage à circonvolutions absurdes des enfoirés du PLQ, il me semble que ça se réduirait à « j'ai menti ».
Mercredi, M. MacMillan disait qu'un employé de son bureau de circonscription était chargé d'acquitter la facture mensuelle de la carte de crédit à même le compte de l'association libérale par lequel transite son allocation de fonction. En l'absence de dépôt correspondant à l'allocation de fonction dans le compte des libéraux de Papineau tel que signalé par le DGE, M. MacMillan a révélé qu'il « procédait de façon inusitée » pour ses frais de fonction en confiant leur gestion à son association de circonscription.
En date de jeudi, l'attaché de presse du ministre MacMillan, Émilie Rouleau, a été forcée d'admettre que les informations données la veille sont erronées, tout en révélant l'existence d'un compte bancaire n'appartenant pas à l'association libérale de Papineau, à partir duquel les dépenses de M. MacMillan sont réglées.
On avait déjà des indications que la machine était très, très bien graissée chez les donateurs importants du PLQ. L'exemple du cheminement politique de Tony Tomassi parle de lui-même et je me dois de bifurquer quelques instants pour féliciter M. Nicolas Girard, député de mon comté, pour son excellent travail à l'Assemblée nationale, ce qui a mené à la démission de ce visqueux personnage.
Au mois de mars 2010, le DGE dévoilait ses chiffres sur les contributions illégales depuis 2005. Sur les 150 600 $ versés illégalement depuis 2005, 130 000 $ ont été recueillis par le parti de Crapet Charest. Le Parti québécois a reçu 20 contributions non conformes, pour un total de 8200 $. Et l'ADQ en a reçu 18, d'une valeur de 12 400 $.
Dans la même veine, une autre étude du DGE démontrait que lorsque le PLQ est au pouvoir, il récolte près de deux fois plus de contributions que lorsqu'il ne se trouve pas au pouvoir ; ce qui est un indice de malversations potentielles assez probant. Le DGE a noté que le PQ au pouvoir ou à l'opposition récoltait, bon an mal an, pas mal le même montant.
Tout ceci m'amène à me questionner sur la capacité du DGE pour mener une enquête rigoureuse à la lumière des enquêtes sur le ministre MacMillan et les deux autres ministres qui ont fait le même genre de lapsus, la très accommodante Michelle Courchesne et la ministre des dosettes gratuites et du Transport le plus privé possible, Julie Boulet.
Le DGE semble apte à déceler certaines anomalies sans donner suite à d'autres irrégularités qui font surface, comme le mystérieux compte bancaire révélé par l'attachée de presse du ministre. Le DGE affirme ne pas trouver de preuves en ce qui a trait aux contributions illégales par prête-noms pour les entreprises tout en détenant des indices comme ces lettres de l'association de comté de Papineau qui sont envoyées directement à des entreprises ou à des commerces lorsqu'elles devraient être acheminées à des résidences privées. Si on ajoute à ça ce cas particulier d'un « contributeur » sélectionné au hazard parmi les deux années vérifiées, qui n'a pas été en mesure de certifier qu'il avait fait un don à partir de ses propres biens et sans contrepartie, on est en droit de se demander pourquoi le DGE ferme ces dossiers d'enquête après une analyse aussi superficielle.
Par ailleurs, Amir Khadir a fait remarquer que la levée du serment de confidentialité décrétée par le conseil des ministres de Crapet en date du 2 juillet ne vise pas le très volumineux ministre MacMillan. Au mois d'avril, les médias nous révélaient que Guy Bisson, organisateur libéral de Papineau, a déclaré qu'il avait parlé avec le ministre MacMillan en 2003 pour que son fils Marc accède à la magistrature, ce qui fut fait.
Dany Hubert, l'attaché de presse de M. MacMillan, a reconnu que le ministre avait « discuté » avec Marc Bellemarre en ces termes : « Il lui en a parlé comme collègue, pour lui dire qu'il y avait quelqu'un dans sa région qui passait les tests ». Selon M. Hubert, ce n'était pas là une forme de pression : « Tu sais comment ça marche, pour devenir juge, il faut passer par un comité de sélection. »
Au mois d'avril, la ministre de la Justice Kathleen Weil avait laissé tomber qu'elle consulte Jean Charest avant de nommer un juge et elle ne savait pas si la liste des candidats circulait ensuite ailleurs dans le parti. Était-ce là un autre lapsus ??? Comme quand M. MacMillan avait énoncé confusément que « Je suis au courant que des gens qui travaillent pour des compagnies choisissent de donner au parti libéral. » Ça en fait des donateurs ça !
Daniel Sénéchal
Montréal


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